Le Forum des cartoucheurs* : Discussions générales sur les jeux et consoles rétros.
*cartoucher : action jouer à des jeux rétros

#58277 par Skate
17 Jan 2012, 22:38
bonjour/bonsoir à tous et à toutes!

Mr Brown avait suggéré dans sa vidéo que j'écrive un bouquin ou que j'anime des débats de minuits. la deuxième idée n'étant pour l'instant pas d'actualité (mais ça viendra), j'ai décidé dans cet espace de temps fort restreint de quelques jours "d'écrire un bouquin"... nan en fait ça fait quatre ans que je suis dessus et ça avance, lentement, mais sûrement =).

voici donc une fan fic sur Silent Hill. fan de la licence, de très nombreux clins d'oeil aux épisodes antérieurs se sont glissés dedans, essayez donc de tous les retrouver ;)


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la réalité se déformait...

    -"où suis-je?"

les ténèbres avançait lentement...

    -"est-ce un rêve?"

le jugement n'allait plus tarder maintenant...

    -"ce pantin..."

que le cauchemar recommence!



SILenT hIll ReDEmPtIOn


chapitre 1

PAM!PAM!PAM!

les trois coups de marteau résonnèrent dans le tribunal, tout le monde se tut.

"Mark Kind, vous êtes accusés d'homicide sur la personne de Lawrence Gans, père de Terry Gans, 14 ans, ici présent.
la cour s'est réunie et le jugement retenu est : la peine de mort"

Richard annonça le jugement d'une voix stoïque, presque sans expression, l'audience ne se manifesta pas, l'accusé non plus.

"vous serez exécutés demain par pendaison au centre pénitentiaire d'Ashfield, un dernier mot à ajouter avant la cloture de la séance?"

Mark garda le silence

"Bien, je déclare la séance levée, que les jurés et les magistrats se lèvent et sortent et que l'accusé soit ramené au centre pénitentiaire pour être préparé à l'exécution.

tout le monde se leva, les policiers qui entouraient Mark s'approchèrent de lui, lui prirent chacun un bras et l'emmenèrent vers la sortie.
c'était une journée presque comme les autres pour Richard, 40 ans, juge en cour d'assise. Il sortit et alla à son bureau. une fois à l'intérieur,il enleva sa robe de magistrat et attrapa son imperméable et ses affaires et se dirigea vers la sortie du tribunal.

le monde était sclérosé, Richard le voyait bien, lui mieux que quiconque, lui qui jugeait les erreurs de cette société...
il était immergé dans ses pensées, longeant la rue d'un pas nonchalant pour rejoindre le métro quand soudain un cri le tira de sa réflexion : c'était Mark qui s'enfuyait. il ne remarqua pas Richard et s'enfonça dans une ruelle sombre
Richard ne savait pas du tout comment il avait pu échapper à la police. cela l'intrigait. il s'arrêta devant la ruelle : elle était sombre, il n'en voyait pas le bout.
le silence se fit tout d'un coup, il semblait à Richard qu'il devenait sourd, il se sentait comme happé par ces ténèbres. un cri de terreur et de douleur s'échappa du fond de la ruelle et pénétra Richard au plus profond de son être.
que se passait-il?

Richard s'avança dans la ruelle, les ténèbres s'épaississait. il continua. il lui semblait que la ruelle était sans fin. le silence se faisait de plus en plus pesant et le malaise le gagnait.
sa respiration devint de plus en plus haletante... il ne savait pas exactement pourquoi, mais quelque chose au fond de lui le dérangeait.
soudain il aperçut une forme. il la distingua mal au début mais ses yeux commençait à s'accommoder à l'obscurité.
il s'approcha encore et cette fois il la distingua clairement : cela lui semblait être un gamin vu de dos, 13-14 ans, pas plus, vêtu d'un manteau sale, taché de sang et coiffé d'une sorte de chapeau d'épouvantail, rapiécé, salit également par le sang. mais au fur et à mesure qu'il le voyait, il se rendit compte que ce n'était pas un enfant : c'était un pantin.Il tenait un long tuyau d'acier ensanglanté.
il n'avait pas encore remarqué la présence de Richard, son regard fixé sur une masse informe au fond de la ruelle : adossée à une poubelle, le cadavre de Mark gisait, le crâne ensanglanté.
finalement le pantin tourna la tête et aperçu Richard par dessus son épaule. son regard était sinistre, dément et à la fois si enfantin... son visage était fendu d'un large sourire qui tenait plus du sourire de psychopathe que du sourire d'un enfant. il eu un rire sinistre.
Richard était transit de peur, il ne comprenait pas ce qui lui arrivait...
la tête du pantin décrivit alors un angle improbable et un craquement sinistre retentit. Richard se sentit alors comme assailli par une force intérieure, il ne savait pas ce que c'était, il ne pouvait lutter, il s'évanouit, le visage du pantin gravé dans son esprit.

Richard se réveilla. combien de temps était il resté évanoui, il ne le savait pas. il avait affreusement mal à la tête et était en sueur. il lui semblait qu'on avait fouillé son esprit en long en large et en travers.
il se rappella soudain ce qui lui était arrivé, le cadavre de Mark, le pantin, son sourire...
la peur le regagna. il se leva et regarda autour de lui. la réalité lui semblait changée, les murs étaient sales, moisis, des traces de sang les parcourant. les poubelles avaient laissé place à des brancards sur lesquels étaient étendus des cadavres recouverts d'un linceuil.
un élément soudain le perturba : où était passé le corps de Mark? son rythme cardiaque commença à s'accélerer : était-il vraiment mort? où était-il?
Richard voulait s'enfuir, mais ses jambes semblait ne pas lui obéir.
un craquement se fit alors entendre, Richard se retourna : rien... un autre craquement retentit, puis encore un autre, et encore un... Richard ne savait plus où donner de la tête, il lui semblait qu'il devenait fou.
soudain un rire sournois retentit dans son dos, il fit volte face et tomba nez à nez avec Mark, ou du moins avec ce qui lui semblait être Mark : il avait en face de lui à nouveau un pantin, avec la chevelure et l'uniforme pénitancier de Mark, mais son visage était celui du pantin d'enfant de tout à l'heure : un grand sourire à vous glacer le sang et des yeux à la fois vides et pleins de toutes ces expressions de haine, de souffrance et de colère.

Richard recula immédiatement. le pantin déambula alors vers lui d'une démarche saccadée, hasardeuse et incontrôlée. sa tête décrivait des angles improbables. Richard ne savait pas quoi faire.
soudain le pantin se jeta sur Richard et ressera ses mains de bois autour de son cou. malgré la faible épaisseur de ses membres, le pantin avait une force conséquente. Richard lutta et finit par donner un grand coup de pied dans son torse : il lacha prise et alla s'étaler à quelques pas de lui.
Richard se releva, repris son souffle tant bien que mal, son coeur battait la chamade.
le pantin se releva alors, doucement, de manière tout aussi saccadée qu'il avait marché.
Richard chercha alors du regard quelque chose pour se défendre et son regard tomba sur le tuyau de l'enfant pantin de tout à l'heure. il le saisit et le tint fermement.
le pantin de Mark se rapprocha à nouveau de lui, mais Richard l'attendait. une fois à portée, il lui décocha un coup d'une rare violence dans la mâchoire. Il y eu un craquement sinistre, le pantin vola et alla s'éccraser contre un des brancards qui grinça. Mark ne se releva pas... Richard s'approcha du cadavre...
il avait tué un pantin... c'était ridicule, il devait cauchemarder.
il lâcha le tuyau, son regard tout d'un coup attiré par un élément aussi étrange qu'effrayant : le pantin saignait. la blessure laissait passer un mince filet de sang, qui s'amplifiait au fur et à mesure.
Richard s'enfuit alors aussi vite que possible, ses jambes lui obéissant à nouveau.
il courut, ne cherchant pas à comprendre ce qu'il venait de lui arriver. il n'avait qu'une idée en tête : fuir ce cauchemar, cet enfer! avait-il rêvé, cela c'était-il vraiment passé?

il arriva finalement à la sortie de la ruelle, il revoyait le jour. il s'appuya contre le mur et tenta de reprendre son souffle...
"ce n'est pas possible, ce n'était qu'un cauchemar... je vais rentrer à la maison et reprendre ma vie, ce n'était qu'un cauchemar, un cauchemar..."

que le cauchemar continue...

à suivre

#58278 par Skate
17 Jan 2012, 22:38
chapitre 2 :

cela faisait 15 ans maintenant que Richard était juge. 10 ans qu'il rendait service à la société en la débarassant de la vermine qui l'infectait... du moins était-ce sa façon de voir les choses, depuis que s'est révélé à lui cette vocation...
Il était marié depuis 8 ans avec Laura, la femme de sa vie. elle était grande, aux cheveux blonds et avait gardé en grande partie son visage d'enfant. elle était douce et calme, mais avec un esprit vif et espiègle, comme quand elle était enfant.
Richard l'avait rencontrée 10 ans auparavant à l'occasion de l'affaire Sunderland qu'il avait réouverte à causes de points non éclaircis et à laquelle Laura avait apporté un précieux témoignage.
le couple avait également un enfant, un fils adoptif, Chris, 14 ans. c'était un garçon maigre, aux longs cheveux noirs. il était muet... malgré son absence d'affiliation directe au couple, le garçon ressemblait étrangement à Richard quand il avait 14 ans.
la famille avait toujours eut une vie tranquille, sauf depuis ces dernières semaines : Richard faisait d'étranges cauchemars : des images floues, des visages qu'il discernait mal, des formes bizarres, comme des corps tordus de douleurs... ces cauchemars lui causaient des malaises profonds.
son fils était également de plus en plus sujet à des crises de somnambulisme. cela inquiétait de plus en plus Richard et Laura...

Richard s'était engouffré dans une bouche de métro. il commença à rechercher la ligne qu'il prenait habituellemen pour rentrer chez lui.
il la trouva et se dirigea vers les quais. ils étaient bondés. la présence d'une telle concentration de population rassurait Richard au plus haut point après ce qu'il venait de vivre.
le train arriva, les portes s'ouvrirent, Richard s'engouffra avec la foule dans la rame de métro, les portes se refermèrent derrière lui, le métro se mit en branle et reprit son chemin.
Richard repensait à ce qu'il venait de lui arriver. il n'arrivait toujours pas à savoir si ce qu'il avait vécu était bien réel ou était juste un terrible cauchemar...
les stations défilèrent les unes après les autres et Richard arriva finalement à sa station. il descendit du train et se dirigea vers la sortie.

une fois à l'extérieur, il se dirigea vers sa maison, juste en face de la bouche de métro.
il entra chez lui :

"-Laura, Chris, je suis de retour!"

Richard mit son imperméable sur le porte manteau, aucune voix ne répondit à son appel.

"-Laura? Chris? vous êtes là?"

Toujours rien...Richard s'avança dans le corridor, l'inquiétude le gagnait à chaque pas. il se dirigea ensuite vers le salon

"-Laura? Chris? où êtes v...???"

une vision d'horreur s'offra alors à lui : le salon entièrement détruit, les meubles fracassés, les fauteuils éventrés, et...

"-NON!"

au détour d'un fauteuil, Richard aperçu le corps sans vie de Laura, face contre terre.

"-LAURA!"

Richard se précipita vers elle et la prit dans ses bras : elle était encore chaude mais son coeur ne semblait plus battre, ses yeux étaient ouverts mais d'un blanc laiteux. elle semblait morte sans l'être...
Richard appela immédiatement le 911 pour les prévenir de l'incident. une fois raccroché, il leva les yeux vers le mur et aperçu ce qu'il n'avait pas encore remarqué jusque là : en lettres de sang inégales et hasardeuses étaient écrit sur le mur le mot "REDEMPTION".
Richard n'y comprenait plus rien... un doute le saisit soudain : où était Chris aussi?
Il se leva aussitôt et monta en trombe à l'étage en direction de sa chambre et y entra avec fracas, mais personne, et même rien du tout en fait... la chambre était totalement vide, tout avait disparu...
Richard avait le souffle coupé...il se laissa glisser contre le mur et ferma les yeux. il attendit jusqu'à l'arrivée des secours 10 minutes plus tard.
ils s'occupèrent de Laura et l'emmenèrent à l'hôpital le plus proche. Richard prit sa voiture et les suivit.
Laura fut immédiatement transférée dans l'aile des cas graves pour entrer en soin intensifs.
Richard attendit devant la salle durant des heures... cela lui semblait être une éternité...
les heures continuèrent à s'écouler... Il était au bord de la crise de nerfs...
Puis le médecin sortit enfin, Richard se leva aussitôt et se dirigea vers lui :

"-comment vas-t'elle docteur?
-eh bien c'est difficile de se prononcer... mentalement elle semble toujours être avec nous, il lui arrive d'avoir quelques spasmes qunad on la stimule, mais c'est assez aléatoire...
physiquement en revanche, je serais incapable de me prononcer, je n'ai encore jamais vu ça :
l'activité cellulaire et cérébrale semble parfaitement fonctionner, mais elle ne respire absolument plus et son coeur ne bat plus... ses membres sont également raides, bien que les articulations soient totalement lâches... en fait elle semble être comme un simple pantin sans vie...
-un...un pantin?
-oui, c'est l'impression qu'elle me donne... mais ne vous inquiétez pas, nous allons la garder en surveillance intensive, afin de repérer un quelconque changement d'état, nous vous préviendrons dès que nous avons des nouvelles.
-... je vois, merci docteur...
-je vous en prie monsieur, au revoir
-au revoir docteur...
-ah au fait, avant de partir, tenez, prenez ceci, votre femme le tenait dans sa main...
-? euh... merci docteur...

le médecin lui donna un bout de papier froissé et partit... Richard déplia le papier et n'y lut que deux mots :

"SiLEnT HiLl"

que le cauchemar continue...

à suivre

#58279 par Skate
17 Jan 2012, 22:39
Chapitre 3

« Silent Hill »

Ces deux mots résonnaient dans la tête de Richard pendant qu’il conduisait sa voiture pour retourner chez lui.

« Une ville fantôme, autrefois belle station balnéaire, réputée pour son lac entre autre, siège de l’affaire Sunderland… de biens maigres indices … » pensa Richard « c’est malheureusement le seul que j’ai… je ne pense pas avoir d’autres choix que d’y aller pour en savoir un peu plus sur les derniers évènements, même si je doute qu’une simple ballade au bord de l’eau m’aidera à comprendre… »
Il arrivait devant chez lui au moment où il se faisait cette réflexion. Il se gara grossièrement le long du trottoir et sortit de sa voiture pour se diriger vers la bâtisse.

Une fois à l’intérieur, il se dirigea vers sa chambre sans même jeter un œil au salon, encore emprunt de la violence et de l’effroi de ce qui c’était passé quelques heures plus tôt.
Une fois dans la pièce, il se dirigea vers l’armoire. Il l’ouvrit et fouilla parmi ses affaires jusqu’à trouver ce qu’il était venu chercher : un long révolver argenté et brossé, calibre 45, 6 balles, avec une paire de boîtes de cartouches.
« Ça fait sans doute un peu cow boy, mais après ce que je viens de vivre, je pense que c’est plus prudent d’aller faire cette escapade en étant un minimum équipé » pensa Richard, qui essayait malgré tout de se détendre intérieurement.
Il prit également un holster dont il s’équipa et dans lequel il rangea l’arme. Il mit les boîtes de cartouches dans une des poches intérieures de son imperméable.

Richard n’aimait pas trop les armes, mais il avait jugé nécessaire de s’en procurer une relativement tôt après avoir embrassé la carrière de magistrat : « on ne sait jamais » s’était-il dit quand il en fit l’acquisition.
Cette allure de sheriff ne lui plaisait guère plus, il avait l’impression de devenir l’un de ces
Héros de films d’action comme « Die Hard » dont il n’était pas vraiment friand.

« Bah, après tout, à moins que des fantômes n’y rôde, ce ne sont pas les habitants de Silent Hill qui vont me reprocher cette dégaine… »

Il se faisait cette réflexion tout à fait logique, mais sans en être vraiment convaincu… il sentait son estomac se nouer à l’idée d’y aller…

« Je n’ai pas le choix… »

Il resta un moment silencieux devant le placard béant et finit par ressortir de la chambre rapidement, la tête baissée. En descendant, il s’arrêta devant le salon, sans lever la tête pour autant. Ses poings se serrèrent, sa gorge aussi. Des larmes commencèrent à monter à ses yeux.
Il se remit en marche et sortit de la maison. Il alla directement à sa voiture, sans daigner jeter un regard au quartier environnant.
Une fois à l’intérieur, il boucla sa ceinture et démarra : direction Silent Hill.
Le voyage risquait de lui prendre plusieurs heures pensa-t’il, aussi mit-il la radio en marche. Il ajusta la fréquence jusqu’à tomber sur une station où passait du jazz New Orleans.
Il adorait cette musique, ça le détendait et le calmait. Il roula donc, sans s’arrêter, le son des trompettes et des saxophones se lançant dans des improvisations aussi grandioses qu’impressionnantes le distrayait.
Cela faisait maintenant deux heures qu’il roulait. Un flash d’info se mit alors à passer. Richard s’apprêta à couper la radio quand une nouvelle l’intrigua, il remonta le son afin de mieux entendre :

« Nous avons appris cette après midi que la police avait découvert au fond d’une impasse le cadavre du fugitif Mark Hind, qui avait échappé hier matin à la vigilance de ses gardiens et s’était enfui après les avoir tué en les étranglant avec la chaîne de ses menottes.
Il semblerait qu’il ait été tué d’un seul et unique grand coup à la tête, sur le flanc. L’arme du crime s’est révélé être un long tuyau d’acier, mais les policiers restent sceptiques :
Aucune empreinte ou trace de l’assassin n’est présente sur le tuyau, et ce dernier présente deux zones tachées du sang de Mark : une sur l’extrémité, et l’autre plus vers le troisième quart. Les experts ont pu déterminer que le coup avait été porté avec le bout du tuyau, mais deux éléments leur échappent.
Le premier est que la trace de sang sur le bout du tuyau semble être plus ancienne que l’autre trace et que surtout, d’après leurs analyses qu’ils qualifient de formelles et complètement justes, la blessure qui aurait dû correspondre à la deuxième trace de sang est totalement absente du cadavre de Mark.
Les enquêteurs nous ont également fait part de leur incompréhension :

- je ne comprends pas, Mark a été tué par un seul coup de tuyau, mais nous avons un coup de trop, dont on ne connaît ni l’origine, ni la conséquence, et pourtant les deux traces de sang sont très largement séparés aussi bien sur le tuyau que dans le temps pour affirmer qu’elles ne viennent pas de la même blessure…

Un fantôme comme assassin ? Nous n’en savons pas plus pour l’instant, mais croyez bien chers auditeurs que vous serez tenu au courant du déroulement de cette affaire pour le moins étrange.

Passons maintenant à un autre tit… » CLICK

Richard coupa la radio, complètement ébranlé par ce qu’il venait d’entendre.
« Est-ce moi ou ce pantin qui a tué Mark … ? Je vais finir par devenir fou…»
Il ralluma la radio, les infos étaient finies et la musique recommença. Mais cette fois-ci, elle ne le réconfortait pas…
Il continua malgré tout à rouler, essayant de penser le moins possible à ce qu’il venait d’entendre.
Le brouillard commençait à tomber et s’épaississait de plus en plus à mesure que Richard roulait.
Il roula encore une heure avant d’arriver finalement devant un grand panneau « Welcome to Silent Hill », planté à l’entrée de la ville et dont la peinture jaunâtre et écaillée témoignait de l’ancienneté de l’objet…
Richard continua sur cette même route pendant encore de longues minutes jusqu’à arriver à l’entrée d’un tunnel, barrée par des grillages… un petit parking avec des toilettes miteuses se trouvait à droite, il s’y gara.
Il descendit de la voiture afin d’inspecter les grilles : impossibles à ouvrir ou même à défoncer. Il devrait continuer à pied. Il alla chercher le plan de la ville dans la voiture et commença à se diriger vers le petit sentier qui s’offrait à lui et qui s’enfonçait dans la forêt. Une camionnette blanche était garée à proximité de l’escalier, elle semblait abandonnée.
Richard continua sur le sentier, le brouillard était froid et épais. Cela lui semblait interminable. De maigres sons étouffés se faisaient entendre de temps à autre. Il finit par rejoindre une route bitumée avec un panneau de direction indiquant « Silent Hill » plantée sur le côté. En sortant du chemin, il remarqua un autre petit écriteau de bois indiquant la direction d’un cimetière. Il regarda dans cette même direction et aperçut vaguement la silhouette d’une chapelle et le haut de quelques tombeaux. Il se détourna et reprit son chemin.
Il marcha encore longtemps avant d’arriver à la ville proprement dite. Une fois arrivé sur l’une des grandes avenues, il regarda autour de lui, assez désemparé : il ne savait pas du tout par où commencer. De longs bruits de tôle et d’acier traînés par terre se faisaient entendre de temps à autre. Ils lui glaçaient le sang.
Soudain Richard aperçu une ombre dans la brume… il n’arrivait pas à la discerner mais elle lui semblait étrangement familière…
« hey ! Vous là bas ! »
Il l’interpella, mais la silhouette ne bougea pas. Il s’approcha d’elle et au fur et à mesure ses contours se dessinaient : il semblait à Richard reconnaître son fils. Il fit encore quelques pas, mais la silhouette se mit alors à fuir en courant. Richard la suivit aussi vite que possible.
La course poursuite dura de longues minutes au travers des rues de Silent Hill. Finalement, l’ombre entra dans un grand bâtiment. Richard s’arrêta devant. Un écriteau était planté à côté de l’entrée, il le lut : « Silent Hill Commercial Center » …
« Ainsi donc, voici le début de mon enquête » pensa Richard. Il contempla un peu le bâtiment, il n’avait rien d’avenant : il était délabré, les vitres en majeures parties cassées, quelques rideaux flottaient au vent, probablement était-ce des bureaux. Les murs extérieurs étaient sales, crasseux, des traces de rouilles et de moisissures les parsemant ci et là.
« J’aurais préféré commencer dans un endroit un peu plus sympathique… un parc d’attractions par exemple… » Pensait Richard, qui essayait là plus de se rassurer que de faire une tentative d’humour.
Les portes étaient grandes ouvertes. Le passage était sombre, quelques vieux néons grésillaient au fond d’un couloir ou sur la façade d’une boutique de la galerie marchande.
Richard prit une grande inspiration et ferma les yeux : il essayait de se calmer autant que possible mais n’y arrivait pas. Finalement il entra, fit un pas dans les ténèbres, puis deux, puis trois, jusqu’à finir par être englouti par le bâtiment. Les portes se refermèrent derrière lui dans un affreux grincement métallique.
« Il semblerait que je n’ai d’autres choix que de continuer maintenant… »

#58280 par Skate
17 Jan 2012, 22:39
Chapitre 4 :

Le noir était total et le silence pesant. Richard se sentait oppressé : Cette solitude et ce silence le mettait mal à l’aise.
Il avança lentement dans la galerie marchande. Ces yeux s’habituaient peu à peu à l’obscurité, et les faibles éclairages des quelques néons qui avaient survécu à l’épreuve du temps lui permettait d’y voir un peu plus clair par endroit. Il aperçu un grand panneau central, il s’en approcha. Dessus était représenté le plan du magasin, il le nota brièvement sur un calepin.
Il ne savait pas par où commencer : le centre commercial était immense, et il ne se voyait pas visiter toutes les boutiques une par une.
A mesure qu’il réfléchissait il sentait venir une présence derrière lui. Il arrêta de penser et resta immobile, plongeant lentement la main dans son imper afin d’attraper la crosse de son révolver.
Il déboutonna la sangle du holster qui coinçait l’arme et agrippa fermement la crosse de bois.
La présence semblait s’approcher, il avait l’impression d’entendre son souffle derrière lui.
« Encore quelques secondes … »
Il attendit deux secondes de plus et fit un rapide volte face et pointa son arme devant lui en la tenant fermement à deux mains, mais… personne…avait-il rêvé ?
« Non… je l’ai senti, j’en suis sûr … »
Il jeta de brefs coups d’œil à droite et à gauche, son arme toujours pointée devant lui. Il attendit encore, en retenant son souffle, mais rien, la présence semblait avoir disparu, il ne la ressentait plus.
« Je vais vraiment finir par croire que je deviens fou… » Pensa-t’il.
Il rangea l’arme dans le holster et se remit en quête de nouveaux indices.
Il erra longtemps dans les galeries marchandes, sans y trouver âme qui vive ni aucun indice. Cependant il lui semblait toujours ressentir de temps à autre cette présence autour de lui. De légers bruissements, comme des pas de velours arrivaient jusqu’à ces oreilles par intermittence.
Soudain son errance s’arrêta, un élément avait capté son attention. Il s’agissait d’une boutique richement éclairée qui, de l’extérieur avait l’air moins délabrée que les autres.
Richard s’y dirigea d’un pas décidé, espérant y trouver quelqu’un. Il entra. C’était un restaurant. Dans d’autres circonstances, il aurait paru acceptable, mais dans le cas présent, il n’avait rien de bien engageant : les murs étaient sales, les papiers décollés, des tables étaient renversées, voire fracassées. Sur l’une de celles encore debout était disposé un gigantesque plateau dans lequel ce qui ressemblait à un chien, ou plutôt un cadavre de chien rôti et éventré reposait.
Sur le bar se trouvait une petite radio portable, elle grésillait légèrement.
Richard perdit son espoir d’y trouver quelqu’un quand son attention fut attirée par une personne assise à une table, immobile, quoiqu’animée de quelques tressautements irréguliers accompagnés de petits gloussements. Elle se tenait de dos, Richard ne pouvait donc pas voir son visage, mais il devina que c’était plutôt un homme. Il portait un pull bleu et un long pantalon noir, coupé droit, il avait des cheveux noirs relativement courts.
Il s’approcha doucement. La radio commença à grésiller plus fort.
« Excusez-moi ! Je suis perdu et … »
Mais l’individu ne répondait pas, toujours animé de spasme et ricanant légèrement à chacun d’entre eux.
« Monsieur, vous allez bien ?… »
Toujours aucune réponse. Il s’approcha encore de lui et lui posa la main sur l’épaule en commençant à le tourner vers lui. La radio se mit alors à grésiller frénétiquement, c’en était presque douloureux.
« Monsieur, je … »
En même temps qu’il posa sa question il découvrit le visage de l’homme et stoppa net.
L’individu était encore une fois un pantin, avec le même visage que les deux précédents.
Richard recula immédiatement
« C’est pas vrai ça ! Encore un pantin ! » Se dit il à lui-même, paniqué.
La radio grésillait toujours autant.
Le pantin se leva et sortit d’on ne sait où une hache à incendie. Il se dirigea d’un pas mal assuré et chancelant vers Richard en traînant son arme par terre dans un grincement assez atroce.
Sa tête, comme le précédent, décrivait par intermittence des angles improbables, chacun accompagné d’un craquement sinistre du bois. Il ricanait doucement derrière son sourire sinistre.
Richard sortit aussitôt son révolver mais le temps qu’il pointe son arme vers le pantin, celui-ci avait disparu.
« Merde ! Où il est passé ? » Il était en sueur, complètement paniqué.
Il entendit soudain un doux ricanement à sa droite, il se tourna aussitôt et tomba nez à nez avec lui. Richard effrayé en tomba à la renverse et laissa échapper son arme qui glissa à quelques mètres de lui. Le pantin s’avança vers lui et commença à brandir sa hache. Richard vit son heure venue.
Mais dans un réflexe, il s’écarta vivement et esquiva la lame qui alla se planter exactement là où il était placé deux secondes auparavant. Il se releva vite et chercha son arme du regard, il la trouva, elle était légèrement à sa droite, mais le pantin était devant.
Il l’attendit de pied ferme, la marionnette avança et re-brandit sa hache. Il la laissa lourdement retomber sur Richard mais celui-ci se jeta sur le côté en faisant une roulade. Il récupéra son révolver et tira, sans attendre que le pantin ne se soit retourné.
Un coup, deux coups, à chaque balle tirée, une partie de son corps de bois et de sang volait en éclat dans une myriade de brindilles et de gouttelettes rouges, trois coups, le pantin tomba à genoux, quatrième et dernier coup, en plein milieu du front, il partit en arrière violemment et s’écrasa contre le mur comme un vulgaire bout de bois.
La radio cessa alors progressivement de grésiller, jusqu’à redevenir totalement silencieuse.
Richard se releva, haletant, constatant ce qui venait de se passer. Il baissa son regard sur son revolver, taché de quelques fines gouttelettes de sang.
« Je…je l’ai tué… ». Il n’en revenait toujours pas. Il était effrayé par ce qu’il avait fait : même si le pantin n’avait rien d’humain, il avait utilisé son arme, il avait tué.
« Je…je devais me défendre… » Pensa-t’il pour se justifier, mais cela ne le convainquait guère.
Sa tête le fit soudain atrocement souffrir, un long et douloureux sifflement résonnait à l’intérieur. La radio se remit en marche et beugla un signal d’alarme, le même que pendant une guerre, quand un bombardement ou une attaque aérienne est imminente.
Richard sentait que sa tête allait exploser, il laissa tomber son arme et tomba lui même à genoux, les mains crispées sur son front. Il regarda autour de lui : les murs semblaient se décomposer, des lambeaux de ce qui semblait être de la chair s’en détachant au fur et à mesure, de bas en haut. Les tables et tous les autres éléments de la salle se transformaient également, dans un halo noir. La réalité se déformait, les ténèbres avançaient, il le sentait.
Il se sentit dès lors comme prisonnier de ce monde. La douleur persista jusqu’à ce que la totalité de la salle ne se soit transformée. Puis elle s’estompa progressivement, la radio baissa de volume en même temps.
Richard était en sueur, haletant, comme s’il venait d’être torturé physiquement et mentalement.
Il ramassa le révolver en tremblant et le rangea. Il se releva à grand peine et regarda autour de lui en se tenant au mur. La salle de restaurant avait laissé place à une sorte de salle de prison. Le sol était de ferraille grillagée, les murs aussi. Les tables et les chaises avaient en majorité disparues, elles avaient laissé place à quelques fauteuils roulants renversés et rouillés et à quelques bacs remplis de choses dont Richard ne voulait absolument pas connaître la nature, l’odeur le renseignant déjà bien assez à ce sujet. La table sur laquelle était posé auparavant le plateau avec le cadavre du chien avait laissé la place à une table blanche sur laquelle reposait un cadavre humain cette fois ci. Il était recouvert d’un linceul sale et seul un bras pendant et ses pieds en dépassaient mais Richard remarqua avec certitude que le corps était calciné.
La pièce était sombre et humide, envahie par la moisissure, la rouille et le sang… le sang !
Il s’étalait en grande traînées irrégulières et sèches sur le sol, sur les murs et sur les objets environnants, témoin d’un ancien massacre des temps jadis…
Une fois ce tour d’horizon opéré, Richard reposa son regard sur la radio, qui grésillait très légèrement. Elle était toujours sur ce qui avait autrefois été le bar mais qui ressemblait plus maintenant à une table d’opération… ou de torture ?
Il s’avança vers la table d’un pas chancelant, encore haletant. Une fois à son niveau, il prit la radio et l’observa : De l’extérieur, elle n’avait rien de bien anormal. C’était une petite radio rouge avec une antenne, un haut parleur et deux molettes, l’une pour le volume et l’autre pour la fréquence et un bouton de marche/arrêt.
Richard tourna la molette des fréquences, mais il ne captait rien.
Elle grésillait toujours, mais il lui sembla tout d’un coup entendre une voix lointaine, très lointaine…
« Ri……………Je………..Juger……………….. »
Il n’entendit que ça. Il crut reconnaître parmi les grésillements et les bribes de paroles la voix de Chris, son fils.
Loin de le rassurer, ce qu’il venait d’entendre avait plutôt tendance à le laisser de marbre.
Il resta silencieux un moment, le regard toujours fixé sur la radio. Finalement il la glissa dans une des poches de son imper.
Ses jambes étaient moins flageolantes maintenant et il avait repris son souffle normal. Il se retourna et se dirigea vers la porte de sortie. Il s’apprêta à ouvrir quand il remarqua qu’une petite lampe de poche avec un post-it collé dessus y était accrochée. Il prit la lampe et décrocha le petit bout de papier jaune. Quelques mots griffonnés dessus à la va vite y figuraient. Richard les lut à haute voix :
« Que la lumière salvatrice mène vers les ténèbres de la vérité … qu’est-ce que ça veux dire… »
Richard resta dubitatif devant ces quelques mots. Il finit par froisser le papier et le jeter par terre. Il inspecta ensuite la lampe. C’était une petite lampe rectangulaire assez fine qui pouvait être accrochée à une poche ou à une ceinture. Elle n’éclairerait qu’à quatre ou cinq mètres devant lui, mais c’était toujours mieux que rien.
Il l’accrocha à l’une des poches extérieures de son imper. Ainsi le halo éclairait devant lui.
Il ouvrit la porte de la salle maudite qui grinça dans un bruit métallique et en sortit sans dire un mot. Une fois la porte refermée derrière lui, le petit papier qu’il avait jeté quelques minutes auparavant brûla…

#58281 par Skate
17 Jan 2012, 22:40
chapitre 5

« Richard ! Quand te décideras-tu à raser ce bouc et à couper ces cheveux ? Ça n’est pas digne d’un magistrat comme toi d’avoir une tenue aussi détendue ! Gronda gentiment Laura.
-enfin mon ange, j’ai envie de les garder moi mon bouc et mes cheveux longs. Ça me rajeunit un peu ! ajouta Richard d’un air innocent
-mouais… enfin on commence à voir quelques cheveux blancs dans ta tonsure. Tu arrives encore à voir au travers avec ces cheveux devant tes yeux ?
-mais ne t’inquiète pas enfin j’y vois très bien, ça fait vingt ans que j’entretiens cette coupe de cheveux mi-long et ce bouc, j’y fais attention »
Et elle se jeta tendrement au cou de Richard qui l’enserra amoureusement dans ses bras.

Ce souvenir lui revint en tête à la sortie du restaurant, qui donnait pile en face d’une boutique de barbier/coiffeur.
Un certain désespoir monta à lui.
« Et maintenant Laura, qu’est-ce que je dois faire pour que tout redeviennes normal ?... » Soupira-t’il.
Il garda un moment le silence et décida de se remettre en quête d’indices. L’ensemble du magasin et de la galerie marchande avait totalement changé d’aspect. Il était encore plus miteux et désaffecté qu’auparavant, encore plus plein de rouille, de moisissures, de saletés, de crasse, de traînées éparses de sang…Encore plus plein de désespoir et de chaos…
Il était également beaucoup plus sombre, pour ne pas dire ténébreux, mais sa lampe lui permettait d’y voir plus clair et il fut heureux de constater qu’elle n’éclairait pas si mal que ça en fin de compte.
Il déambula ainsi pendant de longues minutes, l’oreille aux aguets, la main prête à plonger dans l’imperméable pour y attraper le révolver.
Il ne savait pas où il allait, ni où il devait aller : il errait. Il finit par tomber devant un escalator en panne qui menait à l’étage supérieur.
Se disant que quoiqu’il fasse, il fallait bien qu’il aille quelque part, il monta. L’escalier mécanique grinçait à chacun de ses pas.
Une fois en haut, deux directions s’offrirent à lui. La première à sa droite donnait sur une boutique de télé-hifi. Il remarqua que plusieurs téléviseurs dans la vitrine, ou du moins ce qu’il en restait, étaient en marche, mais n’affichaient que de la neige, tout en grésillant bruyamment. Quelques écrans laissaient voir des traces de sang, semblables à des traces de mains pour certaines.
Cela ne le rassura pas et il opta pour la direction opposée à ladite boutique. Il avança dans le couloir mais tomba dans un cul de sac : le passage était obturé par un grand nombre de brancard rouillés et crasseux plus ou moins empilés les uns sur les autres, il n’osa même pas y toucher. Il rebroussa donc chemin mais un grand bruit retentit derrière lui, comme si des objets métalliques tombaient dans un grand fracas, il sursauta vivement. Il se retourna et s’aperçut que plusieurs brancards étaient tombés et gisaient sur le sol. Il ne comprit pas comment ni pourquoi ils étaient tombés, mais il constata que leur chute avait aménagé un passage vers le reste du couloir.
Richard resta quelques instants sans bouger, le temps que son rythme cardiaque diminue et qu’il réussisse à incorporer ce qui venait de se passer.
Finalement il se remit en marche et s’avança dans le couloir sombre. Quelques bruits de frottements métalliques retentissaient au loin, mais ils ne venaient pas des brancards, Richard en était hélas certain.
Il continua d’avancer ainsi pendant de longues minutes, toujours sur le qui-vive mais finit par s’arrêter devant une autre boutique. C’était cette fois-ci un petit magasin de vêtement. De l’extérieur il paraissait aussi délabré que les autres à ceci prêt que ses vitrines étaient encore intactes, quoique les nombreuses marques de crasse et de sang amenaient plutôt à penser l’inverse.
La porte était entrouverte et une légère lumière jaunâtre brillait à l’intérieur.
Par prudence, Richard sortit son révolver et s’avança vers l’entrée. Une fois à l’intérieur, il fit un rapide tour d’horizon pour s’assurer qu’il était bien seul, l’arme pointée devant lui.
Il n’y avait personne. Richard ne rangea pas son arme pour autant, mais la baissa.
Il se mit alors à inspecter d’un peu plus près la boutique. Elle était relativement petite, carrée, complètement vide de tout vêtement et seul subsistaient quelques portants avec des cintres dessus. Un comptoir se tenait au fond et aménageait un petit couloir dans lequel il aperçut deux portes, manifestement fermée, à en juger par les planches clouées dessus.
Il s’apprêta à repartir quand il aperçu une paire de jambes étalées par terre à sa gauche. Il s’approcha pour voir de quoi il en retournait mais une fois devant le corps à qui appartenaient ces jambes, il s’arrêta, interloqué.
Un cadavre gisait par terre sur le dos, les bras étendus sur les côtés. Il avait le visage déchiré, déchiqueté, laminé, comme si une abomination quelconque l’avait dévoré rageusement. Il portait de nombreuses autres marques de griffure et d’entailles sur le haut du corps. A en juger par le holster qui gisait à ses côtés, l’homme devait être un policier.
Cela rappela immédiatement à Richard une affaire similaire : dans une boutique de vêtement abandonnée d’un grand centre commercial avait été retrouvé un cadavre, mort de la même manière que celui qu’il avait devant lui.
Personne ne comprit jamais pourquoi il fut tué et surtout par qui (ou plutôt par quoi) il fut ainsi dévoré. L’affaire n’avait jamais été résolue, au grand dam de Richard : le cadavre était celui de son meilleur ami, à qui il avait faussé compagnie quelques heures avant sa macabre découverte.
Richard ne s’était jamais totalement remis de cette perte, et de temps à autres dans ses rêves agités revenait l’image de son défunt compagnon, gisant dans une marre de sang séchée.

Il garda le silence devant le cadavre, la tête baissée, les yeux cachés par ses cheveux, comme s’il voulait rendre un dernier hommage à son ami.

« Je…je suis désolé… »

Et sur ses joues coulèrent deux larmes qui tracèrent lentement leur chemin jusqu’à son menton avant de tomber par terre dans un léger « ploc »… quelques gouttes de désespoir dans cet océan de douleur…
Il resta ainsi de longues minutes devant le corps, il ne pouvait empêcher le flot de larmes de venir à ses yeux.
Il finit par relever la tête, les yeux humides, les joues creusées des sillons que les larmes avaient tracées…
Il posa un dernier regard sur le cadavre, puis en détourna la tête et repartit en direction de la sortie de la boutique.
Une fois à l’extérieur, il s’arrêta et sécha ses larmes. En même temps qu’il fit ça il entendit un bruit long et sourd derrière lui, comme une porte qui aurait coulissé. Il se retourna afin de voir de quoi il en retournait et s’arrêta stupéfait : la boutique où il se trouvait encore il y a deux minutes avait disparue. Elle avait laissé la place à un grand pan de mur sale et crasseux, comme les autres. Richard n’en croyait pas ses yeux… il finit par se demander si ce qu’il venait de voir était réel : la boutique, le cadavre… Pourtant il n’avait pas rêvé, les larmes qu’il venait d’essuyer était là pour lui rappeler, alors comment était-ce dieu possible que le magasin ait disparu aussi subitement ?
Il se dirigea vers le mur, y posa la main : il était froid et humide. Il tata le reste du mur avec ses deux mains cette fois ci, se disant qu’il y avait un mécanisme caché derrière ce maudit tour de passe-passe, mais il ne trouva rien. Il cogna contre le mur pour voir s’il était creux, mais un bruit mat et sourd lui revint.
Richard était bouche-bée. De tout ce qu’il avait vécu jusqu’à maintenant, la disparition de cette boutique constituait l’un des éléments les plus incompréhensibles.

« Suis-je en enfer ? » Pensa-t-il

Cela dépassait l’entendement humain. Il avait déjà vu des tours de magie spectaculaires, mais celui-ci les surpassait tous : il n’y avait aucun truc, aucune astuce, la boutique avait tout bonnement et définitivement disparue !

« Que se serait-il passé si j’étais resté à l’intérieur ?... »

Il préféra ne même pas y penser.
Il fut soudain tiré de ses réflexions par un grand cri d’effroi à sa gauche. Ça venait du fond du couloir. Il ne réfléchit pas plus à la question de la boutique, se la réservant pour plus tard et courut en direction du cri. Sa radio se mit alors à grésiller de plus en plus fort à chacun de ses pas. Une fois arrivé au bout du couloir il tourna tout de suite à gauche mais n’eut pas à courir encore bien longtemps : il avait trouvé qui avait poussé le cri.
Accolée à un mur, une jeune fille fixait avec effroi quelque chose sur le sol. Richard ne comprit pas tout de suite ce qui l’effrayait tant mais soudain il l’aperçut…
Une large flaque fumante d’un liquide brunâtre et sentant affreusement mauvais était étalée sur le sol. Elle était animée de mouvements bizarres, comme si de grosses bulles se formaient et retombaient. Mais les bulles commencèrent à prendre forme. Une main se dressa au milieu, bientôt suivi par le reste du bras, puis l’épaule, puis une ébauche de tête difforme. La créature avait un aspect assez humanoïde. Elle continua à se hisser en direction de la jeune fille. Une fois totalement sorti, le monstre avait la forme d’un humain coupé à peu près au niveau du tronc, il était toujours recouvert de cette chose brune. Elle dégoulinait de partout. Il rampa lentement en direction de la fille. Il commençait à tendre une main en direction de sa jambe.
Richard ne resta pas tétanisé longtemps, il sortit son révolver et quelques cartouches et rechargea promptement son arme. Il visa ensuite en direction de ce qu’il pensait être la tête du monstre et tira. La balle traversa le monstre de part en part dans une grande giclée de liquide qui alla s’étaler un peu partout autour de lui. Il se redressa et tourna sa « tête » en direction de Richard, qui fut effrayé en le voyant : c’était bien la tête du monstre qu’il avait touché, mais elle n’avait rien d’une tête humaine. Elle dégoulinait comme le reste du corps et était creusée de deux profondes orbites vides recouvertes de liquide. Ce qui ressemblait à un nez se trouvait entre les deux et une bouche tordue et difforme fendait son visage, elle était elle aussi pleine de liquide.
Il poussa un long cri douloureux et plaintif qui résonna dans tout le couloir, un de ces cri plein de ces expressions de douleur, de peine, de haine et de rage qui vous remue tout l’intérieur de la tête au pied et vous pétrifie. Son visage se tordit douloureusement en même temps qu’il criait.
Dès lors, le monstre changea de direction et se dirigea vers Richard à une vitesse qu’il n’aurait pas soupçonné jusque là.
Richard ne resta pas pétrifié bien longtemps et pointa son arme en direction du monstre.
Il visa avec acuité et tira rapidement. Chaque balle alla se loger dans la tête du monstre en faisant gicler de grandes gerbes de liquide derrière lui. A chaque tir, le monstre était animé d’un violent mouvement de recul. A la cinquième et dernière balle, sa tête explosa littéralement, envoyant du liquide sur tous les murs environnants qui fumèrent et crépitèrent à son contact : la substance était atrocement corrosive…
Le monstre commença alors à s’effondrer sur lui-même pour retourner à l’état de flaque qui commença elle-même ensuite à se rétracter en fumant pour finir par ne plus laisser aucune trace. La radio baissait de volume à mesure que la flaque rétrécissait et se tut une fois qu’elle eut disparu. Richard avait constaté ces changements de volume. Il en déduit que la radio réagissait sans doute à la présence des monstres.
Richard releva la tête calmement. Il commençait à s’habituer au combat et force était de constater qu’il arrivait à contenir de mieux en mieux sa peur face à ces abominations.
Il prit six cartouches dans sa poche et rechargea son arme, qu’il rangea dans son holster après.
Son regard se posa sur la jeune fille, assise contre le mur, mais qui paraissait étrangement calme. Elle avait la tête baissée et regardait ses pieds d’un air coupable.
Richard s’avança vers elle et une fois à son niveau, s’agenouilla et lui posa la main sur l’épaule :

« Ca va petite ?  lui demanda-t-il gentiment
-euh… oui… oui je crois…
-tu n’es pas blessée ? »
Elle avait toujours la tête baissée
« - n-non je ne pense pas, je n’ai mal nulle part, je pense que ça va … »
Elle finit par relever la tête.
C’était une jeune fille aux longs cheveux bruns et au visage de poupée. Elle devait avoir seize ou dix sept ans tout au plus. Ses yeux, et c’était peu commun, étaient d’un bleu limpide avec de fines et élégantes irisations vert émeraude… ils étaient d’une profondeur ensorcelante…
Elle était relativement petite, elle portait un long pull over gris à manche trop longues et un jeans qui la serrait un peu trop.
Elle sourit timidement à Richard en relevant l’une de ses mèches.
Richard lui rendit son sourire. Ca lui faisait drôle, à lui, géant de plus d’un mètre quatre-vingts dix taillé comme une montagne de trouver une aussi petite jeune fille dans un endroit pareil, dans un enfer pareil …
Ils restèrent assez longtemps à se regarder l’un l’autre. Finalement, Richard se releva et lui tendit une main hospitalière pour l’aider à se relever. Elle attrapa avec sa main de fée celle de guerrier de Richard. Elle se releva maladroitement.

« Dis-moi petite, comment t’appelles-tu au juste ? 
-Elisa …et… et vous ? Je peux vous demander votre prénom monsieur ? »
Sa naïveté le touchait beaucoup, il était attendri.
« Richard. Je m’appelle Richard, enchanté de faire ta connaissance Elisa. Mais dis moi, que fais tu dans un endroit pareil, ce n’est pas vraiment un terrain de jeu ici… 
-je ne sais pas… j’ai fait un cauchemar la nuit dernière, un horrible cauchemar, et en me réveillant ce matin je me suis retrouvé sur un banc en ville. Il faisait froid et j’avais faim, je suis venu dans ce centre commercial en essayant trouver quelque chose à manger, mais je n’ai rien trouvé… »
Elle ne semblait pas se rendre compte du cauchemar qui l’entourait. Cela déstabilisa Richard qui ne sut pas trop quoi dire devant de telles paroles…il l’observa : elle se frottait les bras pour se réchauffer un peu, jetant des regards à droite et à gauche d’un regard calme et serein…
Se souvenait-elle qu’elle venait de rencontrer un monstre, qu’elle avait failli mourir ? Se rendait-elle compte du cauchemar dans lequel elle était ? Richard n’aurait su le dire avec certitude.

« Elisa, tu sais ce n’est pas un endroit très sûr ici, le magasin est abandonné et… euh… il… il serait plus prudent que tu rentres chez toi tu ne penses pas ? 
-mais je ne sais pas du tout où je suis…
-tu es à Silent Hill.
-je ne connais pas cette ville monsieur Richard… »

Il ne sut pas quoi lui répondre… après tout, le chemin qu’il avait pris pour venir ici n’était pas très sûr et quand bien même elle réussirait à rejoindre la route, la ville la plus proche est à au moins trois heures de route. C’est là qu’il sentit à quel point la ville, et par extension lui, était isolé…

« Écoute, je…
-laissez tomber monsieur Richard, ne vous inquiétez pas pour moi, je réussirais à m’en sortir toute seule, je ne suis plus une gamine vous savez !
-Mais… les monstres ?...
-les monstres ? Quels monstres ?»

Cela finit de l’abasourdir… soit elle ne se souvenait plus du monstre, soit elle ne l’avait pas vu… pourtant c’est bien elle qui avait poussé ce cri d’effroi, il en était presque certain. Et le monstre, il était bien là lui aussi, Richard n’a pas rêvé, il a bien tiré dessus ! Il revoit encore les gerbes de liquide voler à chaque tir, il sent encore son odeur atroce de cadavre en putréfaction… il n’avait pas eu d’hallucinations, il en était certain !

« Vous allez bien monsieur Richard ? Vous avez l’air bizarre tout d’un coup ? » Lui demanda Elisa d’un air inquiet et innocent.
Il fut tiré de sa rêverie par sa voix douce et calme.
« Euh… oui oui, ne t’inquiètes pas pour moi…
-bon… et bien dans ce cas j’y vais… j’espère à bientôt monsieur, j’ai été très contente de faire votre connaissance, au revoir !
-attends Elisa ! … »
Mais elle était déjà trop loin et ne l’entendait plus (ou ne voulait pas l’entendre ?). Il l’observa s’en aller dans l’ombre et disparaître…
Il se retourna vers le mur où elle était adossé peu de temps auparavant mais il eut un vif sursaut et un cri de peur : adossé au mur, une jambe repliée, les bras croisés et la tête baissée se tenait le pantin de bois qu’il avait vu la première fois. Mais il avait changé : il faisait maintenant presque la taille de Richard, tout en restant bien plus mince que lui, et son manteau, légèrement plus long avait un col beaucoup plus haut que la première fois. Il portait un T-shirt noir sale et un pantalon bouffant et était chaussé de longs souliers dont la pointe remontait au bout en courbe, le faisant ressembler un peu à ces bouffons des temps médiévaux. Il portait à chaque main des gants qui autrefois avaient dû être blancs, il remarqua d’étranges signes sur le dos de ses mains. Sous son chapeau ensanglanté il n’arrivait à distinguer que son sourire, cruel et si enfantin…
Tricky, car tel était le nom de cet être, releva un peu la tête vers lui, l’ombre de son chapeau cachait toujours ses yeux.
Richard dans un réflexe porta la main à son imperméable pour y attraper son révolver, mais le pantin ne bougea point. Ils s’observèrent ainsi pendant de longues minutes, silencieusement.
Richard garda la main dans son imperméable, il n’avait aucune confiance en cette chose, même si la radio ne grésillait pas…
Finalement le pantin se releva complètement, calmement. Richard agrippa encore plus fermement la crosse de son révolver, paré à attaquer, mais il ne s’en prit pas à lui…
Au lieu de ça, Tricky se dirigea d’un pas décidé vers l’entrée d’un vaste magasin et s’arrêta devant l’entrée, comme s’il attendait Richard pour qu’il le suive.
Il était méfiant et ne savait pas trop quoi faire. Finalement il le suivit. Une fois arrivé à mi chemin de l’entrée, le pantin rentra et ne l’attendit pas. Richard qui ne voulait pas le perdre couru vers l’entrée et s’arrêta net devant l’enseigne : « Silent Hill Toy Shop » … un magasin de jouet…

« Qu’attends-t-il de moi ce démon ?... »

Richard sortit son révolver, vérifia que le barillet était plein et entra dans le magasin…

#58282 par Skate
17 Jan 2012, 22:40
Chapitre 6 :

Il faisait atrocement sombre dans le magasin, la hauteur et la multitude des rayons absorbaient en grande partie la lumière de la lampe et formaient des ombres dantesques sur le sol à chaque pas de Richard.
La hauteur du plafond lui donna une idée du gigantisme de l’édifice et il se sentit comme écrasé par le magasin…
Il s’avança dans l’allée centrale, jetant de vifs regards dans les différents rayons, l’arme au poing… il aperçut un escalier de secours rouillé au fond d’une des allées : le magasin avait donc au moins deux étages…
Finalement il aperçu Tricky au milieu de l’allée centrale, face à lui. Il ne bougeait pas, ses sinistres yeux de pantin cachés à moitié par son chapeau et le visage toujours fendu du même sourire sadique.
Richard s’arrêta à quelques mètres de lui. Il resta silencieux.
Le pantin leva alors sa main droite jusqu’au niveau de son visage. Il l’ouvrit comme s’il voulait y recevoir quelque chose.
Puis commencèrent à tournoyer autour d’elle de fins éclairs rouges. Ils se multipliaient, se concentraient pour former petit à petit une sphère flottante d’un rouge flamboyant au creux de sa main.
Richard pointa aussitôt son arme sur Tricky, ne sachant pas du tout ce qu’il complotait.
Tricky s’en aperçut et releva la tête. Il fixa Richard et pencha la tête vers la droite également, comme lors de la première fois où ils s’étaient rencontrés et où Richard s’était évanoui peu après. Il y eu le même craquement sourd, le même déclic. Cette fois ci Richard pu embrasser la totalité du visage du pantin : il était d’une simplicité effarante : deux yeux noirs avec un rond blanc au milieu de chaque et cerclé aussi de noir et un très large sourire qui remontait jusqu’à l’emplacement de ce qu’il cru être les oreilles, réduits à deux petits orifices.
Au moment où il pencha la tête, la sphère flamboyante se dispersa en éclair cramoisi dans l’ensemble du magasin, l’éclairant d’une lueur rouge sang. Chaque éclair alla frapper un rayon qui brilla d’une lueur rouge.
Des éclairs montèrent également à l’étage supérieur et de vives lueurs rougeoyantes brillaient par intermittence dans l’escalier central, derrière le pantin.
Richard resta de marbre devant ce qu’il voyait. Il gardait son sang froid, se disant que si la peur l’envahissait maintenant, il allait sûrement y rester.
Il soutint le regard du pantin avec rage. Tricky ne bougea pas pendant toute la durée de la diffusion de sa sphère qui dura quelques minutes.
Une fois que le dernier éclair toucha le dernier rayon, le magasin sombra de nouveau dans les ténèbres profondes, le halo de la lampe était désormais la seule source lumineuse dans ce chaos…
Tricky ne bougeait toujours pas, mais Richard remarqua qu’il s’enveloppait progressivement d’un halo noir depuis les pieds jusqu’à la tête.
Quand il s’aperçut que le pantin était en train de s’enfuir, il était déjà trop tard, le halo lui arrivant déjà au niveau du cou. Richard se précipita sur lui mais n’eut pas le temps de l’attraper et ne fit que passer au travers du nuage noir.
Une fois qu’il eu disparu, un long grincement d’acier retentit dans tous le magasin…
Richard eut l’impression de s’être fait piéger. Il ne savait pas ce que Tricky avait fait mais il ne s’attendait certainement pas à ce que ce soit quelque chose de bon pour lui.
Il resserra ses doigts autour de la crosse et commença à se diriger vers les rayons, en espérant y trouver quelques indices…
Manifestement, il était à l’étage pour les garçons : il aperçut aux détours des rayons de nombreuses figurines de western, de soldats, de chevaliers, toutes à moitié moisies, brûlées, voire putréfiées pour certaines…
Il continua son inspection des rayons. Les jouets étaient sombres et inertes. Ils sentaient le cadavre et le sang. Richard était tendu, de légères gouttes de sueur perlaient sur son front.
Il arriva ensuite dans un rayon de déguisement divers. Mais les costumes de cow boy et de super héros étaient laminés, souillés, tachés de sang et de crasse… on aurait dit que leurs porteurs avaient été massacrés dedans et que leurs costumes avaient ensuite été remis ici…
A sa droite, il aperçut de nombreuses armes en plastiques : fusils, arc, couteau, toute la panoplie pour jouer aux indiens, aux policiers, aux super héros… autant de rêves de gamins anéantis dans cet enfer… cependant, il aperçut dans le rayon une arme qui lui paraissait plus réelle que les autres. Il s’approcha : c’était un long fusil à pompe avec quelques boîtes de cartouches à côté et quelques unes dedans. Il était bien réel…que pouvait-il bien faire là ? Richard se retourna et s’aperçut que de nombreux trous et impacts de plombs avec des traces de sang éparses étaient présent dans le rayon d’en face : quelqu’un avait tiré… mais sur qui ou sur quoi ?
Richard rangea son arme dans son holster et attrapa le fusil. Le métal était froid et lisse. Il l’inspecta de plus près : il avait l’air de marcher et était en bon état. Il inspecta également les boîtes de cartouches : elles étaient pleines. Il les prit et les mit dans sa poche. Il rechargea le fusil, une cartouche vide s’échappa du flanc de l’arme. Elle tomba sur le sol dans un petit cliquetis sourd.
Richard la ramassa et vit qu’il y avait un petit papier chiffonné à l’intérieur.
Il le déplia et lut ce qu’il y avait écrit dessus :

« Dans tes rêves les cœurs se brisaient
……….. (Il n’arrivait pas à tout lire) Les esprits s’effondraient
Les cieux tournaient, la terre tremblait
Les prieurs brûlaient, brûlaient dans un brasier noir !

Et tout ceci est en toi
C’est mortel, sombre et froid…
Peux-tu sentir l’explosion ?
Maintenant recule et apprécie le spectacle !

Blitzkrieg, blitzkrieg !

L’espoir tombait, la mort brillait
……………. (Les mots étaient effacés)
La terreur cherchait, les murs tombaient
L’addiction les traquait, les traquait tous !

Et tout ceci est en toi
C’est mortel, sombre et froid…
Peux-tu sentir l’explosion ?
Maintenant recule et apprécie le spectacle !

Blitzkrieg, blitzkrieg !

…………….. (Du sang cachait les lettres) les larmes coulaient,
Les démons se nourrissaient, les anges se cachaient,
Les pères hurlaient, les mères pleuraient,
Les enfants criaient, criaient désespérément !

……………….. » Le reste de ce qui était écrit était illisible…

« …je ne préfère pas savoir à quel genre de personne a appartenu cette arme… » Richard froissa le papier et le jeta par terre. Il alla se perdre dans l’obscurité des rayons.
Il continua donc son inspection du magasin, armé maintenant d’un fusil à pompe.
Au détour des rayons, il aperçut de nombreux jouets éparpillés sur le sol, fracassés, en morceaux, déchirés. Les uns étaient crasseux, les autres étaient souillés de sang…
Il aperçut au bout de l’un d’entre eux une sorte de fauteuil roulant rouillé avec ce qui semblait être une petite poupée dessus. Cela l’intrigua et il alla voir de plus près de quoi il en retournait.
En même temps qu’il traversait lentement le rayon, il observait les jouets : sur les étagères étaient alignés maladroitement de nombreuses poupées vaudous faites en tissu grossier et sale, des boutons leur tenant lieu d’yeux et une couture faite à la va vite de bouche. Elles étaient pour la plupart percées de nombreuses épines longues et souillées.
Richard crut entendre des murmures monter des étagères : les poupées se parlaient-elles ? Étaient-elles vivantes ? Il n’aurait su le dire, mais la simple présence de ces choses le mettait profondément mal à l’aise…
Il arriva finalement au bout du rayon : c’était bien un vieux fauteuil roulant rouillé, mais en revanche, ce qui était dessus n’était pas une poupée…
Cela ressemblait à une sorte de petite momie d’une cinquantaine de centimètres de haut… la taille d’un nouveau né…elle était enveloppée de bandelettes grisâtres, sales et en grande partie moisies… la petite chose était assise droite vers le bord du fauteuil, les bras et les jambes désespérément tendues…
Richard était désemparé et profondément mal à l’aise, des gouttes de sueur perlaient sur son front : était-ce le cadavre d’un bébé qui était enveloppé dans ces bandelettes ou une simple poupée altérée par cet enfer ?
Il ne voulut pas y toucher et fit demi-tour aussitôt, le spectacle de cette chose l’effrayant au plus haut point…
Une fois au bout du rayon, il s’arrêta et s’appuya sur le côté pour se remettre de ce qu’il venait de voir, mais il n’y arrivait pas…la vision de cette momie le rendait malade… Il fut animé d’un sursaut et porta sa main à sa bouche. Il se retourna dans le rayon et vomit tout ce qu’il avait dans le ventre.
Il avait les jambes flageolantes et était en nage… combien de temps survivrait-il à cet enfer ? À ces horreurs ? Ces atrocités ? Ces abominations ?
Il se redressa maladroitement toujours en se tenant au rayon. Il respira profondément.
Soudain il sentit quelque chose derrière lui, la même présence que lors de son arrivée dans le magasin, les mêmes pas feutrés et discrets…
Sa radio ne grésillait pas, mais il n’avait nullement confiance en cette absence de bruit. Il tendit l’oreille, la chose était à sa gauche, toujours derrière lui, il la sentait.
Il se retourna alors vivement, le fusil pointé dans cette direction, mais il ne vit rien que les rayons alignés…
Il regarda aux alentours, essayant de trouver la chose qui jouait ainsi à cache-cache avec lui, mais il ne voyait rien.
Puis soudain il l’aperçut, caché derrière un rayon mais… ladite chose était minuscule !
Elle ressemblait, pour ce que Richard en aperçut à un tout petit fantôme noir aux yeux rouges tristes et intimidés, d’une cinquantaine de centimètres de haut et avec une tête assez grosse en comparaison de ses membres.
Richard était sous le choc : c’était donc « ça » qui le suivait depuis le début dans les galeries…
Il s’approcha doucement du petit être, il tremblait et se recroquevilla un peu sur lui-même en s’agrippant plus fermement au rayon : Richard lui faisait atrocement peur à première vue…
Une fois à son niveau, il s’agenouilla près de lui tout aussi doucement. Il posa le fusil à côté de lui pour ne pas l’effrayer.
Il l’observa. Le petit être n’avait en fait rien d’un monstre, au contraire… il ressemblait plus à une âme en peine qu’à une abomination…
Richard était toujours intrigué par ce petit bout de chose à qui il faisait si peur, lui, lui qui voyageait dans cet enfer…
Il tendit doucement la main vers le fantôme. Celui-ci la suivit du regard, toujours agrippé à son rayon. Une fois à son niveau, Richard attendit qu’il réagisse. Le petit être posa ses deux petits yeux rouges sur lui, puis sur la main, et il jongla de l’un à l’autre, essayant de comprendre ce qui se passait.
Finalement il daigna se décrocher de son bout de rayon. Il tendit une main minuscule vers l’index de Richard et l’enserra autant qu’il put. Le contact était froid et lisse, mais bien matériel. Ce petit être n’avait à première vue donc rien d’un spectre. Cependant, Richard remarqua qu’il n’avait pas d’ombre… absorbait-il la lumière ou passait-elle au travers de son corps ?
La petite âme poussa quelques petits cris aigus et ses yeux s’égayèrent, ce qui ressemblait à sa bouche prit la forme d’un petit sourire blanc : le contact de la main de Richard l’amusait.
Il observait ce petit être qui s’amusait ainsi avec sa main, ça l’attendrissait et le désolait à la fois… c’était maintenant et ici, dans cet enfer, que ce qu’il n’avait encore jamais véritablement vécu arrivait : l’amour véritable d’un père pour son fils et d’un fils pour son père…
C’était malheureux à dire, mais le mutisme et le renfermement de Chris n’avait jamais vraiment facilité leur entente et il constatait avec désolation que depuis qu’ils avaient adopté cet enfant Laura et lui, jamais une seule fois Chris ne lui avait manifesté une marque d’affection ou d’amour et plus Richard essayait de lui manifester son amour paternel, plus son fils s’éloignait de lui…
La vue de ce petit être qui s’attachait à lui dans ce pandémonium l’effondrait psychologiquement et des larmes montaient à ses yeux à mesure qu’il l’observait : seule la mort lui manifestait de l’affection…
Il finit par se relever. Le petit fantôme leva vers lui des yeux pleins d’incompréhension et de déception, la mine dépitée…
Richard rebaissa son regard vers lui et aussitôt ses yeux se re-remplirent de joie et son sourire revint. Il sautillait sur place, les bras tendus vers lui, dans l’espoir qu’il le prenne dans ses bras, qu’il le cajole, qu’il l’enserre.
Il ne savait pas quoi faire : devait-il prendre avec lui cette âme en peine ? que fera-t-il de lui après ?
Finalement il se rebaissa et tendit sa main vers ce petit être. Celui-ci grimpa au creux de sa main et s’assit dedans : il était léger comme une plume…
Richard se releva et amena son nouveau petit protégé à son niveau : il était souriant et balançait ses jambes comme un jeune enfant.
Malgré lui, il ne put s’empêcher de sourire lui aussi devant une telle manifestation de bonne humeur dans cette ambiance si chaotique.

« Que vais-je bien pouvoir faire de toi… » Lui murmura Richard

Le fantôme sembla comprendre ce que Richard lui dit et il lui sourit de plus belle, l’air de dire « ne t’inquiètes pas pour moi, je ne te gênerais pas »
Richard lui sourit. Le fantôme était aux anges. Il se releva et se hissa jusqu’à son épaule où il s’assit tranquillement.
Richard l’observa pendant sa grimpée et une fois en haut, il lui adressa un regard amusé que le petit être lui rendit.
« Je t’appellerai Soul, ça te va ? » le petit fantôme acquiesça en souriant.
Richard eut un petit rire amusé. Finalement il se rebaissa pour reprendre son fusil qu’il avait laissé par terre. Soul semblait comme collé à son épaule et n’eut pas besoin de s’agripper ni de se tenir à quoi que ce soit pour ne pas tomber.
Finalement, le duo se remit en marche : direction l’étage supérieur.
Richard se dirigea vers l’escalier central d’un pas décidé, ne voulant pas traîner plus longtemps dans ces rayons infernaux, même si au fond de lui il savait que l’étage supérieur serait pareil, voire pire…
Il grimpa les marches deux à deux, l’escalier métallique grinçant à chaque enjambée. Une fois en haut, il ne put que constater que cet étage était bien plus vaste, ou sinon agencé de manière bien plus complexe que celui d’en dessous : les rayons décrivaient de véritables labyrinthes. Cela ne le rassura pas du tout. Soul sur son épaule ne semblait pas plus rassuré que lui...
Il fit quelques pas en avant quand un énorme et sinistre bruit métallique retentit derrière lui.
Ils sursautèrent tous deux. Richard se retourna pour voir ce qui c’était passé et à son grand étonnement, il aperçut que l’escalier s’était effondré, non…qu’il avait été arraché par il ne savait trop quelle force…il s’avança vers le bord de l’étage : celui d’en dessous était bien à quatre mètres en dessous et de nombreux débris métalliques acérés gisait sur le sol, pointes vers le haut. Il était trop dangereux d’essayer de redescendre par là…
Ils étaient donc piégés à cet étage… piégés dans cet enfer dont ils ne trouvaient pas la sortie et dont ils ne voyaient pas la fin…

Richard vérifia que son fusil était bien chargé et commença à s’avancer dans les allées sombres et malodorantes…
Tout de suite à sa gauche il aperçut une grande vitre sale et jaunâtre derrière laquelle il vit un grand carrousel. Il s’approcha de la vitre et observa le manège : il n’était pas dans le magasin… Richard en était certain…mais alors où était-il ? Cette vitre lui montrait-elle un autre endroit dans Silent Hill ? Il ne le savait pas… ça l’intriguait au plus haut point. Il pointa son fusil sur la vitre, se recula de quelques pas et tira, mais la vitre ne céda pas et pire : aucune trace d’impact n’apparut dessus.
Richard ne s’attarda pas plus longtemps sur cette maudite vitre et continua son chemin dans les allées du magasin.
Il n’avait eu guère d’espoir de trouver moins d’horreur à cet étage qu’au précédent, mais il ne s’attendait pas à ce que au contraire il soit pire : au détour des allées étaient éparpillés des dizaines de corps de peluches éventrées, tailladées, massacrées… la mousse leur sortait du ventre dans des formes peu avenantes. Elle était à chaque fois en grande partie moisie et souillée… les oursons en peluche, les tigres, les dauphins ressemblaient plus à des cadavres qu’à de jolis jouets.
Richard nota également qu’à la place de leurs yeux se trouvaient deux orbite vides et profondes, complètement desséchées et craquelées, de larges traces de sang les entourant, comme si les poupées avaient eu de vrais yeux qu’on aurait sauvagement crevés…
Richard était mal à l’aise et avait le souffle haletant. Il continua son inspection à pas lent. Après les peluches, il tomba sur le rayon des poupées : c’était encore pire…
Là aussi, de nombreux jouets jonchaient le sol. Les corps sans vie étaient répandus par terre comme pour témoigner de leur massacre. Elles gisaient comme des pantins désarticulés dans de larges flaques de sang séché, les yeux crevés de la même façon que les peluches. Les poupées étaient de toute tailles et de toutes formes : cela allait de la petite poupée de vingt centimètre de haut à des poupées qui se rapprochaient plus de la taille de petits enfants… mais ces dernières étaient elles vraiment des poupées ? Étaient-ce vraiment des jouets qui gisaient ici ?
La simple pensée que ce ne soit pas le cas effrayait Richard et plus il y pensait, plus il trouvait ces cadavres réels, plus il lui semblait que ces poupées n’avaient rien de simples jouets…
Soudain il perçut un bruit accompagné de légers rires sadiques. C’était relativement proche de lui. Il continua à s’avancer dans l’allée, lentement, le fusil chargé, prêt à tirer. Sa radio se mit doucement à grésiller, le son augmentant à chacun de ses pas.
Soudain il l’aperçut au détour de l’allée : le monstre était de dos, penché sur il ne savait trop quoi et entouré de dizaine de cadavres de grandes poupées disséminées entre les rayons et dont richard ne put distinguer qu’un bras, une paire de jambes, un corps face contre terre…
Le monstre avait un aspect assez humanoïde. Il avait un grand corps tout noir et une musculature puissante, ses grandes mains étaient prolongées de longues griffes acérées et ensanglantées. Il semblait être en train de dépecer et de taillader un de ces corps de poupées.
La colère monta en Richard : La vue de ce monstre se délectant de cette sauvagerie fit monter en lui une haine qu’il n’avait encore jamais eu. Il pointa son fusil sur lui et avant que le monstre n’ait pu se retourner, il tira une salve dans son dos. Celui-ci fut littéralement projeté contre le mur d’en face où il s’écrasa avec fracas.
Richard rechargea le fusil. Le monstre se releva et Richard vit son visage : deux yeux rouges y brillaient et il était affublé d’une dentition d’ogre, de larges et mortelles dents ensanglantées sortant de la mâchoire inférieure. Il était de grande taille, à peu près celle de Richard et un grand mécontentement se sentait dans son regard : on l’avait dérangé dans son jeu, il n’était pas content.
Il fondit sur Richard, les griffes en avant. Celui-ci l’esquiva de justesse et une fois dans son dos, il retira une salve. Le monstre fut projeté face contre terre. Celle-ci frappa violemment le sol dans une giclée de sang. Il était sonné et avait du mal à se relever, Richard rechargea le fusil et lui tira encore une fois dans le dos. Le monstre poussait d’affreux cri de douleur à chaque salve. Il se releva et asséna un regard haineux à Richard qui s’avança vers lui d’un pas déterminé, le regard tout aussi plein de cette rage de tuer.
Il fondit à nouveau sur Richard et bondit vers lui.
Richard, imperturbable, rechargea le fusil et visa le monstre pendant qu’il était en l’air.
Il vit encore une fois la haine dans son regard de sang.

« Vas en enfer ! »

Et il tira…le monstre fut projeté violemment en arrière et vola une dizaine de mètres plus loin dans un douloureux et affreux cri de haine et de souffrance.
La radio se mit à rebaisser de volume. Soul sur l’épaule de Richard était transi de peur et n’avait pas bougé durant tous le combat. Il était tremblant et avait le regard affolé.
Il se tourna vers Richard qui était haletant, mais le regard toujours haineux et le visage parsemé de petites traînées de sang…
Soudain sa tête lui fit affreusement mal, le même sifflement que lors de la transformation du magasin lui tortura l’esprit. Il lâcha le fusil et se prit la tête dans les mains. Il tomba à genoux et hurla de douleur. Ça tournait, ça tournait, il se sentait comme arraché de là où il se trouvait. Il souffrait, il souffrait, il en pleurait. Il ouvrit les yeux et aperçu Soul, affolé qui tentait de comprendre ce qu’il arrivait à son protecteur.
Finalement Richard s’évanouit et tomba face contre terre sur le sol humide et froid du magasin…ça tournait, ça tournait, il s’envolait…

#58283 par Skate
17 Jan 2012, 22:41
Chapitre 7 :

« Hum… où…où suis-je … »
Richard était allongé sur un plancher ciré.
« Quel est cet endroit… »
Il lui était étrangement familier.
« Que s’est-il passé…le pantin…Soul… où sont ils… »
Il voyait tout en noir et blanc et de manière floue. L’environnement semblait flotter autour de lui, il se serait cru dans un rêve… ou un cauchemar ?
Richard se releva tant bien que mal et observa où il était : c’était une vaste et lumineuse bâtisse.
Il était dans un long couloir qui lui rappelait quelque chose, mais il ne savait plus quoi…
De grandes fenêtres s’ouvraient sur l’extérieur à gauche et trois portes étaient ouvertes sur sa droite, le long du couloir.
Au fond se trouvait une porte ouverte également, mais il distinguait mal ce qu’il y avait dans la pièce…
Il s’avança lentement dans le couloir. Par les fenêtres il vit un cimetière, et au loin de nombreux prieurs marchant dans ce qu’il cru être un champ de bataille. Il n’apercevait que leur silhouette noire, enveloppée dans de longs châles ou portant de lourdes croix de fer, déambulant lentement entre les barbelés et les cratères d’obus…ils avançaient avec peine et il crut percevoir des lamentations, leurs lamentations…
Il eut un flash et aperçut dans ce bref instant un enfant gisant sur le sol, luttant contre la douleur, le corps brûlé et souillé. Il pleurait, il pleurait, il pleurait, il pleurait désespérément…il pleurait de souffrance…il pleurait de douleur…il pleurait de solitude…il pleurait sa rage de vivre dans ses dernières lueurs…un enfant égaré…
Ses pleurs retentissaient encore dans sa tête, il crut devenir fou… il détourna le regard de cette vision apocalyptique et continua son chemin… la première porte à sa droite donnait sur une chambre d’enfant vide, un petit cheval de bois à bascule se balançait lentement dans un léger grincement… il vit également un landau dans lequel il aperçut une poupée vaudou… il y entendit la douce mélodie macabre et pleine de désespoir d’une boîte à musique…
« Quel est encore cet endroit maudit ?! »
Richard continua, les fenêtres donnaient toujours sur le cimetière. La porte d’après donnait sur une sorte de cuisine, ou plutôt un entrepôt à viande… de larges morceaux de chair étaient pendus aux crochets et il crut apercevoir une forme vague et ectoplasmique au détour de l’une d’elles…
Il ne s’arrêta pas plus longtemps et continua encore, encore dans ce cauchemar… la troisième et dernière porte donnait sur l’intérieur d’une maison délabrée, comme soufflée par une bombe… il crut voir derrière ce décor le champ de bataille qu’il avait vu par les fenêtres. Il aperçut au fond une personne assise sur un fauteuil à bascule et les poignets attachés aux bras de l’objet. Il (ou elle ?) avait les cheveux dans tous les sens et portait un masque blanc, comme si on avait plâtré son visage en n’y aménageant que trois trous pour les yeux et la bouche. Elle était enveloppé d’une grande robe blanche à manche longue… elle ressemblait à une camisole de force dont on n’avait pas attaché les bras.
Le corps était animé de violent spasme et à chacun d’entre eux, la personne vomissait ce que Richard crut être du sang, en grande quantité. Et la personne tremblait, elle tremblait, non pas de peur, mais de folie, de rage, de haine… Richard aperçut la folie dans ses yeux noirs, il la vit, il la vit…le sang souillait son linceul blanc…la folie souillait le linceul de son esprit…
Richard détourna son regard de cette vision d’horreur et il se dirigea vers la dernière porte…lentement…
Puis il l’aperçut, il aperçut ce qu’il y avait dans la pièce, mal, mais il le distingua…
C’était une chambre… sur le sol gisait un corps dans une flaque de sang. Il ne put apercevoir son visage. Au dessus d’elle était penchée une autre personne, une femme (il la reconnut aux pleurs) qui se lamentait sur ce mort. Il n’aperçut pas non plus son visage penché sur le cadavre… derrière cette femme il vit une fenêtre cassée et crut apercevoir au loin une forme noire qui s’enfuyait…
Il voulut avancer encore pour savoir de quoi il en retournait, mais dès qu’il fit un pas de plus il fut comme aspiré vers l’arrière… il voyait le long couloir progressivement reculer et la porte se refermer doucement. Il vit également la tête de la femme penchée sur le cadavre se relever au moment où la porte se fermait mais il ne put apercevoir son visage, cette dernière se refermant sur lui avant qu’il n’ait put le voir…
Puis tout alla très vite : tout disparu, il se sentait voler, puis retomber, et la chute fut violente…
Richard se réveilla en sursaut dans un grand cri de terreur, en nage… il était à l’extérieur, assis sur le pavé humide et froid, enveloppée dans le brouillard : il était à nouveau dans Silent Hill…
Richard essaya de se remémorer ce cauchemar, son cauchemar qu’il faisait depuis si longtemps… il avait réussi à aller plus loin cette fois ci… il avait pu voir toutes les portes et ce qu’il y avait par la fenêtre… il n’avait jamais réussi auparavant…
Il haletait en regardant son environnement : il était sur une sorte de pavé rougeâtre, quelques arbres se tenaient dans l’allée centrale. Une stèle se tenait à quelques pas de lui mais il ne réussit pas à lire ce qu’il y avait dessus.
Il baissa la tête et aperçut Soul caché dans son manteau, lové au creux de ses côtes : il dormait…
Richard fut attendri. Il attrapa le petit bonhomme dans ses grandes mains et le posa sur son épaule où il s’assit tout seul, tout en dormant.
Il chercha de la main le fusil, mais il avait disparu… il glissa la main dans son imperméable : le holster y était toujours et le révolver aussi, quelques boîtes de cartouches restaient dans sa poche également. Il n’avait pas tout perdu. Il remarqua également qu’il avait toujours sa lampe et sa petite radio.
Il se releva et se dirigea vers la stèle. Il lut les inscriptions dessus : « Rosewater Park »
Il ne savait pas où il se trouvait exactement dans Silent Hill mais ce nom lui disait quelque chose… il l’avait déjà rencontré quelque part, mais où ?
Il se dirigea donc vers le parc et commença à le visiter mais il se révéla être assez labyrinthique et il tournait un peu en rond.
Il arriva au bout d’un moment dans une sorte de square avec une tonnelle dans l’allée centrale et deux statues au milieu chacune d’un carré d’herbe, de part et d’autre de l’allée centrale.
Il se rendit compte que celle de droite était la statue d’une pieuse. Elle lui rappelait celles de son cauchemar… il s’approcha de la statue : elle était on ne peut plus banale.
Il en fit le tour et remarqua que au pied de celle-ci, derrière le socle se trouvait un petit carré de terre déblayée grossièrement. Il aperçut dans le petit trou une petite boîte blanche, salie par la terre. Elle était ouverte, mais vide…que pouvait-elle bien contenir ? Richard aperçut à côté une clé de serrage, elle avait dû servir à ouvrir la boîte pensa-t-il.
Dans le doute, il prit la clé de serrage et la mit dans sa poche, dès fois que lui aussi en ai besoin plus tard, sait-on jamais.
Il se releva et retourna dans l’allée centrale. Il se dirigea vers la partie basse du parc. Une fois qu’il eut descendu les escaliers, il se retrouva au bord du lac de Toluca. Le brouillard flottait en épais nuages au dessus de l’eau.
Il s’approcha de la barrière et s’y appuya afin de contempler l’étendue d’eau.
« Je savais bien qu’une simple ballade au bord de l’eau ne m’apporterait aucune réponse … » pensa-t-il amèrement.
Il repartit vers sa gauche, longeant toujours les berges. Il passa à côté d’une petite baraque à bonbons abandonnée. Il sentit flotter un parfum juste à côté, mais ça n’était pas un parfum de friandises, c’était plutôt le parfum…d’une femme…il était diffus et léger et prenant à la fois.
Richard aurait juré qu’une femme s’était tenue là, appuyée à cette barrière à côté de la baraque, contemplant le lac…mais qui ?
Il ne s’attarda pas plus longtemps et continua sa visite. Il marcha ainsi tranquillement le long des berges plusieurs minutes. Il croisa à sa gauche une stèle en hommage à il ne savait quelles victimes, il ne voulut pas lire ce qui était écrit dessus.
Finalement, il arriva au bout des berges. A sa droite se tenait un embarcadère et à sa gauche un escalier qui se redirigeait vers l’intérieur du parc. Le ponton d’accès étant fermé et aucun bateau n’étant accosté, il se dirigea vers l’escalier de gauche et remonta dans le parc proprement dit.
Il monta longtemps pour finalement ressortir du parc et atterrir sur la route. Il ne savait pas pour autant où il était… il aperçu un panneau d’indication de rue dont il s’approcha : « Nathan Avenue » … il sortit son plan et regarda où il était… il était complètement vers l’extérieur de la ville. S’il continuait sur cette route, il allait se diriger vers la Silent Hill Historical Society et le Lakeside Amusement Park encore après… il fut tiré de ses pensées par le grésillement de sa radio, qui commençait à s’amplifier de plus en plus. Il leva la tête et aperçut à sa gauche une silhouette titubant dans le brouillard, puis deux, puis trois, puis quatre… ça se dirigeait vers lui… il sortit aussitôt son révolver et contrôla qu’il était chargé, prêt à se défendre.
Les silhouettes commençaient à dessiner des formes plus ou moins humanoïdes…
Richard craignait de savoir ce que c’était…finalement ses craintes se trouvèrent confirmées : quatre pantins semblables à celui qu’il avait rencontré dans le restaurant s’avançait vers lui en titubant et en traînant derrière eux divers objets : une hache, un tuyau d’acier, une poutre en bois, une barre à mine…
La radio grésillait de plus en plus fort. Il les attendit de pied ferme, l’arme au poing.
Soudain l’un des pantins (celui à la poutre de bois) se mit à courir maladroitement vers lui en balançant son arme au dessus de sa tête. Richard visa et tira en plein dans sa tête qui explosa sous le choc dans une myriade de brindilles, d’échardes et de sang. Le pantin fit un vol plané en arrière de quelques mètres et alla finir sa course contre le trottoir, le reste de sa tête s’y cogna violemment.
Les trois autres monstres ne se préoccupèrent pas de leur complice et continuèrent à s’avancer vers Richard d’un pas décidé et rapide, leurs armes respectives tenues au dessus de leur tête.
Il n’attendit pas qu’ils s’approchent plus de lui et tira dans chacun en visant avec acuité.
A chaque tir la balle alla se loger dans leur tête, à chaque balle un pantin faisait un vol plané en arrière en retombant sans vie sur le pavé humide.
Une fois tous tués, la radio baissa de volume et Richard, le regard sévère vérifia qu’ils étaient bien morts. L’un d’entre eux bougeait encore un peu et tentait de se traîner jusqu’à la hache à incendie qu’il avait lâché.
Richard s’avança vers lui d’un pas décidé et une fois à son niveau il s’arrêta devant lui.
« Pathétique… » Murmura-t-il.
Et il lui asséna un violent coup de pied au niveau du cou qui craqua et se brisa dans un craquement horriblement sinistre et macabre…
Une fois ce massacre terminé, l’image du carrousel qu’il avait aperçu dans le magasin lui revint en tête…et s’il se trouvait au Lakeside Amusement Park ? Il n’en savait rien mais c’était la seule piste qu’il avait.
Il entendit derrière lui quelque chose, comme une ombre qui passait, il se retourna : devant lui se trouvait une fois de plus la silhouette noire et diffuse qu’il avait aperçu lorsqu’il était arrivé à Silent Hill.
Richard resta silencieux… il s’avança à nouveau vers l’ombre qui se remit à courir dès qu’il s’approcha un peu trop de lui.
Comme la dernière fois, il le suivit en courant derrière, le long de la Nathan Avenue.
Ils coururent longtemps. Finalement la silhouette disparut dans le brouillard et Richard cessa de lui courir après.
Il tenta de reprendre son souffle quand il aperçut à sa droite un petit bâtiment : la Silent Hill Historical Society. La porte d’entrée était grande ouverte.
Il s’y dirigea d’un pas décidé, l’arme au poing, et y entra.
Le bâtiment était sombre et délabré, il dû allumer sa lampe pour y voir plus clair. Un petit comptoir se trouvait à sa gauche et une porte à double battant se trouvait devant lui, il y entra.
Il se trouvait dans une galerie d’exposition où plusieurs tableaux étaient accrochés. Au milieu se trouvait une sorte de vitrine, mais elle était vide.
Il inspecta les différents tableaux et fut attiré par un en particulier. Il était plus grand que les autres et représentait une sorte d’homme avec un grand casque rouge en forme de pyramide tenant une longue lance et vêtu d’une robe sale. Il était entouré de sortes de montants métalliques dans lesquels étaient pendus tête vers le bas des corps sans vie.
Le tableau s’intitulait « Jour de Brume »…
Richard le trouvait sinistre et malsain, il préféra s’en détourner. Il se retourna et vit une porte vers laquelle il se dirigea. Elle donnait également sur une salle d’exposition, mais elle était beaucoup plus endommagée et beaucoup de tableaux manquaient. A sa gauche il aperçut un gigantesque trou dans le mur, donnant sur un escalier ténébreux dont il ne voyait pas le bout. Il s’y dirigea, se demandant où pouvait bien aller cet escalier, mais il fut bloqué à nouveau par une grande vitre, comme dans le magasin : impossible de passer, il ne saura jamais vers où mène cet escalier…
Après avoir inspecté le reste du bâtiment et n’ayant rien trouvé de particulièrement intéressant, il ressortit, mais une fois dehors, il s’aperçut qu’il faisait nuit noire… cela ne faisait pourtant que quelques minutes qu’il était entré dans le bâtiment, le jour ne pouvait pas être tombé si vite… mais était-ce vraiment la nuit après tout ? N’était-ce pas une fois de plus les ténèbres qui envahissaient la ville ? Il n’en savait rien hélas…
Il garda sa lampe allumée et continua son chemin en direction du Lakeside Amusement Park.
Il marcha de longues minutes le long de la route ténébreuse. Il rencontra quelques pantins sur son chemin dont il ne se soucia guère, et quant à ceux qui l’approchait d’un peu trop près, il leur tira à chaque fois une balle dans le crâne sans même daigner les regarder où viser précisément, il faisait mouche à chaque fois…
C’était presque devenu une habitude pour lui de tuer ces pantins, et ces monstres en général.
Finalement il arriva devant le parc d’attraction. Il lut sur l’enseigne surmontant l’entrée « Lakeside Amusement Park ». Les lettres étaient en partie effacées, le panneau était sale et souillé.
Le brouillard était plus épais et plus sale. Il avait une couleur jaunâtre et granuleuse à la lumière des quelques lampadaires qui marchaient encore.
Il passa l’entrée, les caisses de part et d’autre étaient vides de tout guichetiers. Une fois dans l’enceinte, il ne put que constater la désolation qui régnait dans cet endroit normalement si plein de vie… à sa droite se trouvait un banc sur lequel était assise une gigantesque peluche de lapin rose en salopette rouge. Il était ensanglanté au niveau du visage et du cou, comme s’il avait été égorgé… Richard ne préféra pas savoir ce qu’il y avait à l’intérieur du déguisement…
Cependant il aperçut à ses pieds une petite photo. Il la ramassa : elle représentait une jolie jeune fille blonde qui lui rappelait quelqu’un, sans savoir exactement qui.
Quelque chose était écrit derrière : « prends garde à toi, n’ais pas peur de la mort »
Il resta quelques instants sans dire un mot et rangea la photo dans une de ses poches intérieures.
Soul qui jusque là avait dormi se réveilla et contempla un peu l’environnement qui l’entourait.
Il était à la fois impressionné et assez émerveillé par ce qu’il voyait, comme s’il ne se rendait pas compte du chaos qui régnait dans le parc.
Richard le remarqua et était étonné de la réaction de son protégé, mais après tout, il appartenait à ce monde, il lui semblait donc normal qu’il s’y complaise…
Il s’avança dans le square et remarqua que certaines portions du sol était grillagée et donnait sur les ténèbres. Par endroit il n’y avait pas de sol et on pouvait directement voir les abysses.
Richard préféra cependant ne pas s’en approcher et essaya au maximum de s’en éloigner.
Il se dirigea vers la seule porte qu’il trouva. Elle donnait sur une sorte de placette entourée d’une allée sous les arcades et donnant sur diverses boutiques ou attractions, chacune délabrée et désolée. La plupart d’entre elles étaient fermées par de lourdes chaînes ou scellées par d’épaisses planches de bois.
Malgré cela, il essaya toutes les portes et finit par tomber sur une qui était ouverte, il y entra.
C’était une boutique de souvenir et d’objets divers. Dans les rayons il trouva des chemises, des gadgets, des peluches du même lapin qui se trouvait à l’entrée en modèle réduit, des livres, des albums photos, des friandises, etc. il remarqua que dans l’une des allées, de nombreuses boîtes de gâteaux avaient été renversées et étaient étalées sur le sol. Elles étaient toutes plus ou moins ouvertes mais chacune était vide. Il remarqua cependant que l’une d’entre elles, plus abîmées que les autres, semblait avoir été fouillée, comme si elle contenait quelque chose autrefois.
Soul inspectait lui aussi les environs et à chaque fois qu’il passait près d’un rayon à portée de sa main, il y attrapait un objet et s’amusait avec, jusqu’à ce qu’il en trouve un nouveau, abandonnant le précédent pour jouer avec.
Richard continua son inspection et n’y trouva rien d’autre qu’une boîte de cartouches de pistolets, mystérieusement posée sur le comptoir, et dont il ne comprit pas vraiment la présence dans un tel endroit. Il la prit et la rangea dans la poche intérieure de son manteau, avec les autres. Au fond du couloir derrière le comptoir se trouvait une porte entrebâillée, il s’y dirigea et sortit de la boutique. Ça donnait à nouveau sur une sorte de square encore plus délabré, le sol était encore plus grillagé et encore plus sombre du fait de l’absence totale de lampadaire à cet endroit. Le brouillard, toujours plus sale et plus épais envahissait l’endroit et pénétrait sa chair. Il avait froid…
Sa radio se mit alors à grésiller légèrement, puis le son s’amplifiait de plus en plus : quelque chose approchait…
Richard regarda autour de lui d’où pouvait venir la menace. Soul la sentait aussi et tremblait de plus en plus.
Les monstres sortirent de l’ombre lentement : ils étaient trois.
Richard n’arrivait pas à les distinguer clairement mais il vit que c’était encore une fois des créatures d’apparences humanoïdes.
Finalement un se révéla être assez près pour que Richard le distingue : c’était une sorte de clown en habit de Pierrot et avec une fraise autour du cou, la tête baissée, le costume bouffant était sale et miteux, tâché de sang et de rouille, on aurait dit qu’il avait fait de la chirurgie ou pire, avait massacré quelqu’un.
Il était armé d’un dangereux couteau rouillé avec lequel Richard ne put déduire qu’une seule chose : il avait déjà servi à tuer…
Il leva la tête vers Richard qui ne put réprimer un recul d’effroi : le masque, autrefois blanc affichait un large sourire. Deux ronds rouges étaient peints sur chaque joue avec ce que Richard crut être du sang. Mais le pire était les yeux : le premier était d’un vert luisant et agressif. Mais le deuxième, lui, avait laissé place à une large cassure dans le masque, comme si on avait fracassé violemment l’objet, s’ouvrant sur une cavité béante, noire et ténébreuse…
Les deux autres clowns étaient similaires…
Richard qui était transi de peur malgré lui n’avait pas remarqué qu’il s’approchait de plus en plus de lui et qu’il était accolé au mur.
Il tenta d’ouvrir la porte derrière lui, mais elle était désespérément bloquée, la panique le gagnait.
Il s’écarta vivement des trois clowns qui continuèrent malgré tout à avancer vers lui.
Il saisit son révolver et vérifia le barillet rapidement : vide… et il n’aurait pas le temps de recharger… il allait devoir se battre à mains nues.
Il regarda autour de lui dès fois qu’il trouve quelque chose pour se défendre et il remarqua que sur un banc adjacent se trouvait un long tuyau d’acier acéré à son extrémité, ressemblant beaucoup à celui qu’il avait utilisé contre Mark.
Soul était paniqué et les clowns lui faisaient atrocement peur. Il s’agitait, cela stressait Richard encore plus.
Il se saisit du tuyau et s’apprêta à combattre, il était prêt, son regard et son expression changèrent, il passa de la peur à la rage de tuer, à la rage de vivre.
Les clowns le remarquèrent, mais cela ne les déstabilisa pas pour autant, au contraire : une proie qui se débat avant de mourir, quelle délectation !
L’un d’entre eux s’avança vers Richard, brandissant son couteau, prêt à frapper. Richard n’attendit pas qu’il vienne plus près et lui décocha un solide coup latéral dans la tête qui se fissura sous le choc. Le clown fut sonné, mais ne tomba pas à la renverse. Richard profita de cet instant pour lui asséné un violent coup vertical sur le crâne. Sous le choc, les jambes du clown se dérobèrent et il s’écrasa par terre, encore plus sonné, ne comprenant pas ce qu’il lui arrivait. Richard encore une fois n’attendit pas sa réaction et lui asséna un violent coup de talon dans la nuque qui se brisa dans un craquement horrible et laissa le corps du clown sans vie.
Les deux autres clowns avaient observé la scène sans bouger, mais une fois que leur compagnon eut mordu la poussière, ils chargèrent Richard dans un excès de rage et de violence.
Il ne savait pas quoi faire contre ces deux abominations qui fondaient sur lui : il n’arriverait pas à gérer les deux au corps à corps en même temps, il en était sûr…
L’un d’entre eux tenta de lui donner un grand coup de couteau, mais Richard se déroba sur le côté et il fut déstabilisé par son élan. Il profita de cet instant crucial pour lui envoyer un violent coup de genou dans le ventre. Le clown s’effondra dans un râle de douleur.
Le deuxième se jeta sur Richard qui l’esquiva aussi, mais pas assez rapidement : une large taillade se dessina sur son torse et il tomba à la renverse.
Le clown était maintenant debout devant lui. Il se jeta sur lui à nouveau, mais dans un mouvement rapide, Richard plaça le tuyau juste devant et le monstre s’empala dessus. Le tuyau le traversa de part et d’autre, en plein milieu du torse, dessinant une large tâche rouge sur son costume sale.
Son mouvement se stoppa net, dans une expression figée de douleur et de rage, le couteau toujours brandi au dessus de sa tête et un bras toujours tendu vers Richard.
Il laissa échapper le couteau et s’effondra sur le côté, sans vie.
Richard retira le tuyau de son torse et se dirigea vers le deuxième clown qu’il avait assommé quelques instants auparavant. Il était maintenant relevé et il fondit sur Richard à son tour, qui en retour lui asséna un autre violent coup de tuyau dans le torse qui le traversa de part en part également.
Le clown tomba à genoux, sans vie. Richard lui donna un violent coup de pied dans la tête pour dégager le tuyau ensanglanté, son corps tomba mollement sur le sol dans un bruit sourd.
La radio baissa de volume progressivement jusqu’à s’éteindre.
Il contempla les trois cadavres étalés sur le sol, gisant dans leur sang. Il avait eu chaud…
Un grincement retentit dès lors, comme si une grille s’ouvrait. Il tourna la tête et aperçut dans l’ombre une silhouette humaine qui s’avançait d’un pas tranquille.
C’était un prêtre. Il était enveloppé d’un long manteau noir et portait des mitaines.
Il lisait la Bible de la main gauche, tenait un révolver de la main droite.
Il avait le crâne rasé, le visage serein et calme, une paire de lunettes fines juchées sur son nez aquilin.
Il leva la tête vers Richard.
« Ce fut un bien beau combat, assurément…
-Qui êtes vous ?
-Père Victor. Un prêtre vagabond qui s’est perdu en ces lieux forts sympathiques…et vous ?
-Richard… »
Il ne lui inspirait nullement confiance. Il était trop calme et trop serein pour être vraiment honnête. Quelque chose ne collait pas avec le personnage…
Les deux protagonistes marquèrent un instant de silence, père Victor regardait Richard d’un air serein, contrairement à lui.
« Bon eh bien Richard, je suis heureux d’avoir fait votre connaissance, sur ce, je vous souhaite une bonne ballade.
-… »
Et le mystérieux prêtre repartit dans l’ombre, le nez dans sa bible et le révolver à la main.
« Dispenser la parole de Dieu avec des balles de 45… » Pensa Richard, sceptique.
Soul bâilla profondément et s’étira, Richard lui lança un regard amusé. Soul lui sourit.
Ils se remirent en route, empruntant le même chemin que le prêtre. L’allée était sombre et étroite. Le brouillard s’épaississait à mesure qu’il avançait. Soul qui n’était pas rassuré se cacha dans la poche intérieure de son manteau. Il avança encore quelques instants d’un pas lent et prudent quand il entendit un violent tir de revolver dans les environs.
Il se mit à courir dans l’allée et tomba devant une épaisse grille en fer qui fermait une large cour salement éclairée, entourée de haut bâtiment particulièrement amoché ressemblant à de larges hangars. Les murs étaient couverts de larges traces de sang. Plusieurs cadavres de clowns et de pantins gisaient un peu partout.
Richard tenta d’ouvrir la grille mais elle refusait définitivement de bouger. Soudain il aperçut père Victor, toujours aussi serein et calme et en face de lui, Tricky, plus effrayant que jamais.
« Ne te met pas en travers du chemin de l’émissaire de Dieu, démon ! » lança le père Victor au pantin qui resta de marbre devant ses menaces, la tête baissée.
« … »
Il eut un rire amusé et terriblement sinistre.
« Ah ! Je vois que tu n’as pas l’air de comprendre ! » S’écria le prêtre, le regard déterminé, inconscient du danger.
Dans un mouvement d’une rapidité, d’une précision et d’une dextérité que Richard n’aurait mais même pas soupçonné de la part de ce prêtre, il pointa son révolver sur Tricky et tira rapidement sur lui dans un fracas effroyable et avec une précision chirurgicale.
Tricky n’eut pas le temps de réagir et fut transpercé par les douze balles argentée de part en part. Il recula à chacune d’entre elle, perdant toujours plus l’équilibre sous le choc et la violence des balles. Des éclats de bois et des giclées de sang sortaient de son corps à chaque impact. A la dernière balle, il fut projeté deux mètres en arrière et retomba dans un bruit sourd sur le sol, sans vie…
« Je t’avais prévenu… » Lui lança le prêtre.
Richard aperçut que sur le canon de son révolver d’argent était incrusté un crucifix d’or sur le dessus.
Père Victor eut un sourire satisfait, il baissa son arme, mais soudain, un rire d’outre tombe, glaçant, effrayant, macabre et sinistre retentit dans toute la place. Il pénétra Richard au plus profond de lui, il le rendait fou.
Le père Victor eut dès lors un regard paniqué, ne comprenant pas ce qu’il se passait.
L’apogée de la terreur et de la peur arriva quand il aperçut, comme Richard derrière sa grille, Tricky se relever lentement, comme si de rien n’était…c’était de lui qu’était venu ce rire…
Le prêtre était transi de peur et d’incompréhension, c’était impossible ! Il l’avait tué !
Le pantin avait la tête baissée.
Une voix d’outre tombe, sifflante et démoniaque se fit entendre
« C’était…amusant…à…mon tour… maintenant… »…souffla Tricky
Il releva la tête vers le prêtre, il avait un regard qui brillait de plaisir et de délectation macabre.
Le prêtre ne savait pas quoi faire, il était totalement paniqué. Il avait la mort en personne devant lui ! Il la voyait, il savait quel était son visage ! Il ne pouvait pas bouger.
Tricky fondit dès lors sur lui à une vitesse proprement impressionnante et avant que le père Victor n’ait le temps de faire quoique ce soit, il lui plaqua violemment sa main contre le visage qu’il enserra violemment. De sa main commencèrent alors à crépiter des éclairs rouges.
Le prêtre eut un cri de terreur, de folie et de désespoir qui pénétra Richard. Tricky se délectait et eut un rire sadique et démoniaque.
Soudain la tête du prêtre explosa de l’intérieur dans une effroyable vague de sang qui lui sortit de tous les orifices et de l’arrière du crâne. Une longue traînée de sang retomba derrière lui.
Richard était pétrifié : la violence et la terreur de cette scène se fixait au plus profond de sa mémoire. Le cauchemar était à son paroxysme, la peur avait atteint ses limites, la violence, son apogée.
Tricky avait toujours sa tête dans la main, le corps pendait au bout et ne tenait que parce qu’il la tenait.
Il la lâcha et le corps du prêtre tomba en arrière dans la marre de sang qu’il avait laissé.
Richard aperçut le sourire démoniaque du pantin.
Ce dernier resta quelques instants immobile, contemplant son œuvre, puis il se retourna et disparut dans l’ombre.
La grille céda sous la poigne de Richard qui faillit tomber. Une fois qu’il eut recouvert à peu près l’usage de ses jambes, il se dirigea vers le cadavre du prêtre. Il le contempla plein de terreur et tomba à genoux à côté, complètement abasourdi.
Soudain il aperçut à côté de lui un dossier. Il ressemblait à ceux qu’il avait au tribunal, où il gardait les informations des condamnés et des personnes jugées.
Il l’ouvrit et aperçut dedans une feuille. Une photo du prêtre et des inscriptions se trouvaient dessus, Richard les lut :

« Père Victor
Profession : prêtre
Age : 56 ans
Situation : célibataire
Faits reprochés : viols, torture, séquestration et assassinat de mineur.
Statut : JUGE »

Cette dernière inscription était inscrite en rouge en plein milieu de la feuille, comme si on l’avait tamponné avec du sang…
Richard n’en revenait pas. Il ne croyait pas ce qu’il venait de lire. Sa tête commençait à tourner, il avait des vertiges, ça tournait autour de lui…il s’évanouit…

#58285 par Skate
17 Jan 2012, 22:41
chapitre 8

Le sol était froid et humide, il pleuvait à grosses gouttes. Des gouttes de souffrances.
Richard les sentait, glaciales et cinglantes.
Sa tête lui faisait mal, affreusement mal. Il était allongé sur le grillage rouillé et humide.
Il se redressa tant bien que mal, ouvrit les yeux sur le cauchemar qui l’entourait.
Comme il s’y attendait, la place avait changé : le sol avait laissé place à du grillage donnant sur l’abîme. Les murs étaient sales, humides et sentaient le sang. Tout autour de la place, des dizaines de croix étaient accrochées au mur. Des cadavres putréfiés de femmes au visage couvert par un sac de toile y étaient crucifiés, c’était apocalyptique.
Au centre de la place, une autre croix était plantée, un cadavre y était également crucifié. Il suintait de sang et de nombreux fils barbelés le serraient et le maintenait contre l’édifice.
Richard intrigué, s’approcha pour voir le corps : c’était celui du père Victor, quelque chose était inscrit sur son torse.
Richard s’approcha pour voir ce que c’était, mais à peine eut-il fait un pas de plus que le cadavre leva sa tête ensanglantée et poussa un douloureux cri de rage.
Il avait les yeux crevés et le visage lacéré. Les commissures de ses lèvres étaient entaillées et remontaient jusqu’à ses oreilles. Ses lèvres étaient tuméfiées et déchiquetées, à force de donner des coups de dents violents dedans.
Il voulait mordre Richard, mais les fils barbelés le retenaient fermement. De la bave mêlée au sang et à l’écume coulait de sa bouche.
A chaque mouvement qu’il faisait, les pointes des fils s’enfonçaient dans sa chair, et ses cris redoublaient d’intensité.
Richard était pétrifié d’effroi et de peur. Il lançait des regards tout autour de lui, affolé, et constata que les croix sur les côtés se mirent à descendre. Les cadavres qui étaient dessus commencèrent à s’agiter et à se tordre frénétiquement.
Richard se mit à courir pour échapper à cette vision d’horreur. Il se dirigea vers la première sortie qu’il trouva et s’enfuit.
Il courut sans réfléchir dans les allées sombres et malodorantes, la peur l’empêchait de réfléchir, seul son instinct de survie le guidait. Il entendait encore au loin les effrayants cris du prêtre.
Au bout de quelques minutes de course effrénée, il s’arrêta pour reprendre son souffle, quand soudain il eut un moment de panique : où était passé Soul ?
Il regardait autour de lui, dans son manteau, sur son épaule : rien, disparu…
Il continua à le chercher, ne pensant plus à autre chose à présent. Il scrutait chaque recoin sombre, espérant qu’il surgirait de derrière un muret, quand soudain il aperçut une lueur.
Il se dirigea vers elle et au bout de quelques centaines de mètres, il tomba dans un petit square illuminé par un unique réverbère crasseux. Un banc avec un auvent se trouvait au milieu, à l’abri de la pluie. Une personne y était assise. Elle était de dos.
Richard s’approcha, méfiant. La personne sentit sa présence et se retourna. C’état un jeune homme aux cheveux noirs, avec une fine barbe et un bouc. Il devait avoir la trentaine, tout au plus. Il était vêtu de manière très décontractée, tout de noir.

« Salut ! » dit-il à Richard en souriant.

Celui-ci, silencieux, fit le tour du banc pour le voir de face, il n’avait rien d’anormal.

« salut. » lui répondit-il

Il aperçut sur le banc un katana court dans son fourreau et… Soul qui dormait à côté.
Richard poussa un soupir de soulagement : sa seule compagnie dans cet enfer était vivante.

« Ce petit être est avec toi ? » dit-il à Richard qui lui lança un regard méfiant.
« Ne crains rien, je ne lui veut aucun mal. Ça doit faire deux heures qu’il dort là et que je l’observe »

« J’ai été inconscient si longtemps que ça ? » pensa Richard.

« Enfin, je suis content de voir qu’il ne vagabondera pas seul ici dorénavant… Au fait, je ne t’ai même pas demandé ton nom, moi c’est Lawrence.
-Richard. lui répondit-il en souriant.
-enchanté ! »

Il lui tendit une main amicale que Richard lui serra chaleureusement. Il savait au fond de lui qu’il pouvait faire confiance à cet homme, c’était une impression qu’il avait.

« Alors que fais tu ici Richard ? Je présume que c’est pas pour des vacances » lui lança Lawrence avec un sourire amusé.
- hum non en effet, en fait je recherche mon fils qui a disparu et… je me suis retrouvé ici… et toi ? »
 -euh… eh bien disons que je devais rencontrer quelqu’un ici. Il m’avait donné rendez vous à Silent Hill pour que nous discutions affaire, mais je m’attendais pas à tomber dans cette galère… je savais que cette ville était bizarre mais si j’avais su à quel point, je n’y serais même pas venu… 
-quel genre d’affaire ? demanda Richard.
-désolé, secret professionnel ! lui répondit Lawrence amusé, mais sur un ton qui signifiait qu’il valait mieux ne pas insister.
Et sinon, tu comptes faire quoi maintenant ?
-je vais déjà commencer par essayer de sortir de ce parc et ensuite je verrais bien où mes recherches me mèneront.
-ah, je vois… bon eh bien dans ce cas là, je te souhaite bonne chance, j’espère que nos routes se recroiseront un de ces jours. 
-tu ne veux pas m’accompagner par hasard ?
-hum non, je pense que je vais rester encore un peu ici …
-ah, bon d’accord…
-nos routes se recroiseront peut être, qui sait ? En attendant, bonne chance pour la suite.
-merci, à toi aussi Lawrence » et Richard, après avoir pris Soul dans ses bras se retourna et s’enfonça dans la pénombre.
-essaie de ne pas mourir » murmura Lawrence, le regard soudain beaucoup plus sombre et inquiet…

Soul était blotti dans le creux de son bras et dormait profondément, l’air serein. Cela remonta le moral de Richard.
Il se dirigea dans les dédales d’allées et de boutiques malodorantes et délabrées.
Des bruits inquiétants de fer traîné par terre, de gémissements, de cris et de pleurs étouffés émanaient des recoins sombres et ténébreux. Richard crut apercevoir à de nombreuses reprises des yeux brillants dans la pénombre ou des formes bouger, mais rien.
Ce stress permanent mettait ses nerfs à rude épreuve et il était crispé sur la crosse de son révolver dans son manteau, en prenant bien soin de ne pas s’éloigner de l’allée centrale.
Il arriva au bout de longues minutes de marche dans un autre petit square au sol grillagé.
Cette fois, il n’y avait personne, mais par contre il aperçut le carrousel qu’il avait vu dans le magasin de jouet. Il s’y dirigea.
Il était complètement ensanglanté et délabré. Il sentait la rouille et la chair morte. Les chevaux étaient recouverts de toiles de plastique sales qui dégoulinaient de sang. Ils étaient accrochés à d’effrayants crocs de boucher et les toiles étaient trouées au niveau des yeux, laissant entrevoir de profondes orbites vides et pourries.
Richard n’était pas du tout rassuré, entouré de ces chevaux qui donnaient l’air de pouvoir se réveiller à tout moment.
Soudain il aperçut sur le sol une grande trace de sang. Vu la forme et son expérience des scènes de crimes qu’il avait vu, il pu aisément en déduire qu’un cadavre s’était trouvé là.
A côté de cette trace était écrites d’étranges inscriptions à moitié effacée que Richard n’arrivait pas à déchiffrer, même en y regardant de plus près.
Soul à ce moment se réveilla. Il se frotta les yeux avec ses petites mains, bâilla et s’étira largement. Richard le remarqua et lui lança un regard attendri.
Soul lui rendit un large sourire avec un petit cri de joie et alla se jucher sur son épaule pour libérer son bras.
Soudain, un très long et sinistre grincement retentit, comme si quelque chose avait bougé.
Richard s’arrêta de bouger, quelque chose avait changé, avait bougé, mais quoi ?
Il eut alors un très mauvais pressentiment
Il se saisit de son révolver, se releva rapidement et commença à se diriger prudemment vers la sortie.
Tout à coup, le grincement se fit à nouveau entendre, le sol bougea sous les pieds de Richard. Il en était sûr maintenant, le manège s’était mis en marche.
Il courut aussi vite que possible vers la sortie, pressentant un danger imminent et très grand.
Les chevaux craquèrent dans d’affreux bruits d’os, leur pattes commencèrent à bouger de manière saccadée, leurs orbites vides se mirent à briller d’une lueur jaunâtre et malsaine.
Les crocs se mettaient à osciller doucement, instaurant peu à peu le mouvement de balancis des chevaux cadavériques.
Le manège prenait peu à peu de la vitesse et Richard avait un mal fou à rattraper la sortie.
L’engin commença à changer d’aspect, devenant de plus en plus délabré, suintant de chair et de sang, le piège se refermait.
Richard était tout près de la sortie, plus que quelques enjambées et il était tiré d’affaire !
Les chevaux s’agitaient de plus en plus vite, une fumée verdâtre et malodorante sortait de leurs naseaux et de leur bouche. Ils poussaient de longs hennissements plaintifs et rageurs.
Le manège continuait à tourner de plus en plus vite et de changer d’aspect : de nombreuses pointes acérées commencèrent à sortir du pivot central. Certains d’entre eux transpercèrent violemment les chevaux dans un flot de sang impressionnant.
Richard n’était plus qu’à deux mètres de la sortie, mais la folie emplissait peu à peu son esprit.
Il lutta contre sa peur, contre sa démence, contre son cauchemar et dans une dernière et puissante enjambée, il sauta hors du manège, juste avant que de nombreux pics ne le transpercent violemment.
Il tomba à genoux, en sueur, haletant et se retourna vers le manège : il tournait de plus en plus vite, les pics poussaient maintenant de partout à une vitesse hallucinante, transperçant les chevaux de toutes parts dans des flots jaillissant de sang et de chair noire et pourrie. Leurs hennissements étaient de plus en plus forts.
Soul et lui avaient eu chaud… très chaud…
Le manège finit alors par imploser sur lui-même : dans une impressionnante onde de choc, des milliers de pics sortirent tous en même temps de toute part et dans tous les sens, transperçant, déchirant, déchiquetant tout ce qui se trouvait sur leur passage.
Il s’arrêta de tourner dès ce moment et le silence retomba lourdement, tel un voile noir.
Ils n’arrivaient toujours pas à assimiler tout ce qu’ils venaient de vivre et surtout ce à quoi ils avaient échappé.
Richard resta assis par terre de longues minutes, se remémorant chaque seconde de ce cauchemar. Soul était dans le même état de choc que lui.
Finalement, il se releva, les jambes flageolantes et la tête vide. Il tenta de faire un pas, mais son pied se déroba sous lui et il tomba lourdement sur le pavé humide : il n’avait toujours pas assimilé ce qu’il avait vécu.
Alors il se rassit. La pluie battait le pavé, battait son visage, mais il ne la sentait pas.
Les minutes s’écoulèrent, puis les heures…sans fin, silencieuses, sombres…

« J’ai bien cru cette fois que ça serait la fin… » Se murmura-t-il à lui-même.

Il essaya après ça de se relever. Il se tint à un piquet adjacent pour s’y aider. Une fois debout il tenta à nouveau de marcher : ses jambes ne se dérobèrent pas. Il avait repris à peu près le contrôle de lui-même.
Soul ne s’était toujours pas remis.
Il se retourna pour repartir mais il constata que le chemin qu’il avait emprunté en arrivant ici avait disparu : un grand pan de mur barbelé le barrait.
Il s’y dirigea pour voir si par hasard il ne trouverait pas un moyen de contourner cet obstacle, mais il ne tenta même pas : tout le chemin était envahi de barbelés ensanglantés et rouillés.
Il crut apercevoir dans les recoins sombres des masses mortes et difformes emmêlées dans les fils.
Il entendit soudain derrière lui un bruit sourd, il se retourna.
Au milieu du square était apparue une borne d’arcade. Elle semblait être en marche, bien qu’elle ne soit pas branchée.
Richard s’approcha, méfiant, le révolver à la main.
Une fois à son niveau, l’écran s’alluma. Une image en pixels grossier apparut : c’était l’écran titre d’un petit jeu enfantin.
Richard ne toucha à rien, il craignait bien trop un nouveau piège. Finalement, une petite séquence animée en 2D se lança : un petit bonhomme se baladait dans un champ vert sur une musique simpliste, de celle que l’on pouvait entendre dans les premiers jeux vidéo.
Richard ne comprenait pas ce que signifiait tout ça.
La vidéo dura quelques minutes mais soudain, la musique s’arrêta brusquement et le petit personnage, alors en plein saut, eut un cri de douleur aigu et retomba raide mort sur le sol.
Le décor changea du tout au tout : la plaine riante au ciel bleu laissa la place à un champ de bataille au ciel rouge sang. De longs bruits métalliques et étranges émanaient de la machine, telles de longues et languissantes plaintes… c’était stressant.
Un petit personnage apparu alors sur l’écran, en arrière plan. Richard ne put le distinguer clairement, mais il lui semblait qu’il s’approchait, lentement.
Soudain, l’image changea, le champ de bataille avait laissé place à une pièce au carrelage blanc étincelant, mais souillé par de longues traînées de sang.
Une jeune fille en pixel grossier était recroquevillée sur elle même au milieu de la pièce. Elle avait les mains attachées dans le dos et les pieds liés. Elle était nue…
L’image changea de nouveau et retourna sur le champ de bataille. Le petit personnage continuait à s’avancer, mais Richard n’arrivait toujours pas à le distinguer. L’écran retourna tout à coup sur la salle blanche. La fille au milieu de la pièce était en pleurs et gémissait de peur et de douleur.
Soudain elle fut animée de mouvements saccadés et répétitifs, comme si elle se faisait violer par une présence invisible. Chaque mouvement lui arrachait des larmes et des cris de douleur, c’était atroce.
L’image retourna alors sur le champ de bataille : et le petit personnage continuait toujours d’approcher. Richard put apercevoir sur ce qui lui tenait lieu de visage un grand sourire sadique, il eu un léger rire vicieux. Il ne savait pas pourquoi, mais il trouvait que le personnage lui ressemblait physiquement. Il lui semblait qu’il portait le même imper, qu’il avait les mêmes cheveux, la même allure… le même révolver…
Puis l’écran changea de nouveau et la même scène de viol réapparu, puis rechangea à nouveau au bout de quelques secondes.
Les images s’alternèrent alors de plus en plus vite, les sons se mêlaient les uns aux autres : les cris de douleurs de la jeune fille se mélangeaient aux rires sadiques du personnage du champ de bataille. C’était affreusement malsain et pervers…
Les images finirent par défiler tellement vite que Richard en eut du mal à les distinguer clairement.
Sur cette alternance, une troisième image s’imprimait, tel un message subliminal : c’était une main de pixel grossier qui s’approchait de plus en plus de l’écran.
A la fin, les images allaient trop vite pour que n’importe quel œil humain soit capable de différencier quoi que ce soit. Les sons étaient tout simplement insupportables.
La main continuait à s’approcher impitoyablement, et quand elle fut sur le point de toucher l’écran, l’image rechangea à nouveau pour ne laisser qu’une inscription en lettre de sang :
« Death Dies Hard »
L’image était floue et elle tressautait comme sur ces vieilles pellicules de films noir et blanc des débuts du cinéma, mais c’était bien plus sinistre ici.
Les bruits avaient laissé place à un long sifflement aigu qui augmentait d’intensité de seconde en seconde pour devenir tout simplement insupportable.
Le message alternait avec l’image de la main qui pointait Richard du doigt.
Il n’en pouvait plus, ses sens étaient exacerbés, la folie le submergeait. Il crut que sa tête exploserait quand soudain, ce fut comme un gigantesque black out.
Tout autour de lui devint totalement noir, seule la borne d’arcade persistait au milieu.
Il ne voyait pas la fin des ténèbres. Il se serait cru confiné dans une pièce sans limites, et pourtant complètement fermée. Il n’y avait aucune échappatoire.
Il était pétrifié de peur. Qu’avait-il encore fait pour en arriver là ?
Soudain, dans l’obscurité, un grand œil apparu face à Richard, unique, imposant, inquiétant.
Richard ne comprenait pas… l’œil cligna lentement. Soudain, un deuxième œil apparut, le pair du premier. Puis un peu plus loin un autre apparut, puis encore un, puis encore un autre puis des dizaines, puis des centaines, puis des milliers d’yeux de toutes formes, de toutes tailles, de toutes couleurs, de toutes expressions apparurent partout autour et au dessus de Richard.
Ils brillaient tous d’une lueur malsaine et vicieuse. Ils fixaient tous Richard avec insistance.
Soudain, sous la toute première paire d’yeux apparut un grand sourire sadique et pervers.
Puis chaque paire d’yeux se vit alors petit à petit affublé du même sourire malfaisant.
Et chacun de ces nouveaux visages se mit alors à rire, de toutes ses forces. Richard était cloué sur place par la peur et l’effroi. Il ne savait plus quoi faire, il tenta de s’échapper mais il courait dans le vide et chacun de ses pas, au lieu de l’éloigner de la borne d’arcade l’en rapprochait, comme si elle voulait le garder dans cet enfer.

Les rires sadiques redoublèrent d’intensité, mais un se mit alors à surpasser tous les autres qui se turent dès lors progressivement.
Ce rire venait de la borne d’arcade elle-même. Richard se retourna et constata qu’une main de pixel sortait de l’écran, puis une épaule, puis un torse et une tête, pour finalement en voir sortir tout un corps.
Richard n’en revenait pas : la chose sortie de l’écran était son double en pixel grossiers…
Il avait un sourire malveillant et un regard empli de folie meurtrière.
Il se déplaçait de manière aussi saccadée qu’un Mr Game & Watch, chacun de ses mouvements étant accompagné de « bips » aigus.
Le double de pixel sortit alors de son imper un révolver qui lui avait l’air bien réel et le pointa sur Richard.
Celui-ci en fit aussitôt de même mais le monstre fit feu avant qu’il ait eu le temps de tirer lui-même.
Dans un réflexe, Richard se jeta sur le côté mais la balle le blessa quand même à l’épaule gauche. Il eut un grand cri de douleur et tomba genou à terre.
Bien que la blessure soit relativement superficielle, elle était affreusement douloureuse.
Le Dead Pixel rechargea son arme et se prépara à refaire feu, mais Richard cette fois le devança et lui tira une balle en plein milieu du front.
Le monstre vola en arrière et retomba lourdement sur le sol dans un grésillement sourd.
Richard se releva, pensant que c’était fini, mais à son grand dam, le monstre se releva, le visage ensanglanté avec toujours la même expression affichée.
Il pointa son arme sur Richard et refit feu, le touchant cette fois en plein milieu de la cuisse.
La balle la traversa de part en part, lui arrachant un affreux cri de douleur.
Ça lui faisait atrocement mal. La douleur diffusait dans tout son corps et le clouait sur place.
Le Dead Pixel se rapprocha de lui et rechargea son arme. Il posa le canon sur le front de Richard, accroupi.
Il jubilait de ce regard plein de désespoir et de rage. Il se délectait de cette scène de douleur et de violence gratuite. Il se mit alors à rire, d’un rire qui signifiait que c’était gagné d’avance.
Mais Richard le prit de vitesse et pointa son révolver à nouveau vers lui et tira toutes les balles de son barillet.
Chacune d’entre elle était accompagnée d’un bruit fracassant qui résonnait dans les ténèbres.
Chacune d’entre elle transperça le Dead Pixel de part en part dans de grandes traînées de sang.
Le monstre tomba lourdement en arrière, sans vie. Richard se releva tant bien que mal.
Il prit dans son imper six balles et rechargea son arme, puis se dirigea en claudiquant vers le monstre.
Il contempla son cadavre de longues secondes avant de pointer son arme en direction de sa tête. A ce moment, le Dead Pixel releva la tête vers lui, toujours avec cette expression de folie furieuse. Il fixa Richard longuement.
Soudain il tenta un rapide mouvement pour récupérer son arme mais avant qu’il ait eu le temps de faire quoi que ce soit, Richard lui vida son barillet dans la tête, lentement, chirurgicalement, froidement et le Dead Pixel retomba, sans vie, dans une grande mare de sang.
C’était fini, il en était venu à bout… le monstre commença à disparaître dans un grésillement, pixel par pixel.
Une fois qu’il eut disparu, la borne d’arcade se remit à siffler longuement.
Richard se dirigea vers elle avec peine pour voir ce qu’il se passait à nouveau. Elle affichait sur son écran un autre message, de même présentation que le premier : « C’est toi, Richard, tu ne peux pas l’oublier… » Et l’écran explosa.
A ce moment précis, Richard se sentit comme happé par une force invisible, il ne pouvait pas lutter. Tout tournait autour de lui, les milliers d’yeux étaient de plus en plus flous.
Puis son esprit s’embruma, il se sentait partir, et il s’évanouit dans les ténèbres…

#58286 par Skate
17 Jan 2012, 22:42
chapitre 9

La salle était sombre… trois ronds de lumière apparurent soudain au centre et trois personnes s’approchèrent lentement.
L’ambiance était lourde et silencieuse. Les individus enfilèrent chacun une paire de gant blanc, une perruque et une longue veste de magistrat.
Leurs mouvements étaient rapides et précis, à la limite de ceux d’un automate.
Ils se placèrent chacun derrière une tablette transparente sur laquelle un écran s’afficha.
Au centre même de la pièce se trouvait un long fauteuil, semblable à un dispositif de torture.
Richard était attaché dessus.

« Tel un répugnant désastre combattant sous ta peau, je te lèche et je te brûle, je me tords et je tourne … »

Ces mots résonnèrent dans la tête de Richard, lointains, graves et sinistres

« Telle une infection, laissant ses œufs derrière elle, je lèche ta chair avec une langue abominable… »

L’image d’un enfant enfermé dans une cellule capitonné lui apparut soudain. Il était assis dans une sorte de boue rougeâtre et sale. Il avait une poupée décapitée et abîmée à ses côtés.
Il le voyait par intermittence, tantôt au ralenti, tantôt en accéléré. Il écrivait des choses incompréhensibles sur les murs avec la boue (ou le sang ?) qui l’entourait et qui ressemblaient étrangement aux paroles qui avaient résonné dans la tête de Richard.
L’enfant était serein, du moins en apparence. Une lueur de folie et de démence illuminait son regard en même temps que le désespoir…

Les images s’arrêtèrent brusquement, la voix résonna à nouveau dans sa tête.

«  Je vais te toucher à l’intérieur, je vais devenir ton petit enfant, exactement à l’endroit où ton sang coule avec force, à l’intérieur, jusqu’à ta mort 

C’est là que je me cacherais...».

Les trois magistrats continuaient à inspecter silencieusement leurs ordinateurs, revisionnant ce que venait de voir Richard.

De nouvelles images lui apparurent alors. Il était dans une sorte de jardin bizarroïde entouré de long drap blanc. Des plantes tordues et improbables se trouvaient dans la pièce.
Il aperçut deux hommes : l’un méfiant, l’autre particulièrement enjoué.
Ce dernier tendit la main au premier qui lui serra et recula immédiatement, les mains plaqués sur son front, comme s’il venait d’être touché. Le premier semblait mort de rire, le deuxième beaucoup moins, mais Richard ne put que le supposer, la scène était totalement silencieuse. Il se serait cru dans un vieux film de Charlie Chaplin.
Finalement le farceur retendit la main au sceptique. Il tenait au milieu une sorte d’œuf grisâtre. Il insistait pour que le sceptique le prenne, et finalement arriva à ses fins : le sceptique lui serra de nouveau la main avec vigueur, comme s’il venait de conclure un marché.
Ils souriaient tout deux, quand soudain le sceptique commença à avoir des spasmes. Quelque chose remontait dans sa bouche, il le recracha, c’était un œuf… de rage, il commença à courir après le farceur, continuant à cracher des œufs à intervalles réguliers et tournant tous les deux autour d’une des plantes…

« Tel un violent syndrome incrusté dans ta moelle, c’est une violente tempête qui est sur le point de naître. Tel un mot atroce qui ne veut pas être entendu, je suis profondément ancré dans ta chair et ton âme ».

Les images disparurent à nouveaux.

« «  Je vais te toucher à l’intérieur, je vais devenir ton petit enfant, exactement à l’endroit où ton sang coule avec force, à l’intérieur, jusqu’à ta mort 

C’est là que je me cacherais...».

Richard se sentit soudain comme libéré. Les liens qui le retenaient à la chaise avaient disparus. Il se releva, la pièce était totalement vide…silencieuse… une impression étrange monta en lui : un bien être intérieur indescriptible mais malsain…
Soudain il tomba à genoux, les bras levés vers le ciel, implorant une vierge aux larmes noires.

«  Je vais te toucher à l’intérieur, je vais devenir ton petit enfant, exactement à l’endroit où ton sang coule avec force, à l’intérieur, jusqu’à ta mort 

C’est là que je me cacherais...».

Ces mots résonnèrent dans la bouche de Richard. Deux nones se tenant par la main se trouvaient devant lui, mais il ne les remarqua pas, il continuait à implorer l’ange déchu, et ses paroles résonnaient dans la pièce :

«  Je vais te toucher à l’intérieur, je vais devenir ton petit enfant, exactement à l’endroit où ton sang coule avec force, à l’intérieur, jusqu’à ta mort 

C’est là que je me cacherais...».

Soudain tout s’embrouilla et redevint noir, Richard était à nouveau sur la chaise de torture, entourés des trois magistrats qui finissaient de visionner cette dernière séquence.
Avait-il vraiment fait cela, ou était-ce seulement un tour que lui avait joué son esprit ?

Puis la voix résonna encore à l’intérieur de sa tête, puis dans toute la pièce :

«  Je vais te toucher à l’intérieur, je vais devenir ton petit enfant, exactement à l’endroit où ton sang coule avec force, à l’intérieur, jusqu’à ta mort 

C’est là que je me cacherais...».

Elle répétait constamment la même chose :

«  Je vais te toucher à l’intérieur, je vais devenir ton petit enfant, exactement à l’endroit où ton sang coule avec force, à l’intérieur, jusqu’à ta mort 

C’est là que je me cacherais...».

«  Je vais te toucher à l’intérieur, je vais devenir ton petit enfant, exactement à l’endroit où ton sang coule avec force, à l’intérieur, jusqu’à ta mort 

C’est là que je me cacherais...».
«  Je vais te toucher à l’intérieur, je vais devenir ton petit enfant, exactement à l’endroit où ton sang coule avec force, à l’intérieur, jusqu’à ta mort 

C’est là que je me cacherais...».

A chaque répétition, elle semblait devenir de plus en plus lointaine…

«  Je vais te toucher à l’intérieur, je vais devenir ton petit enfant, exactement à l’endroit où ton sang coule avec force, à l’intérieur, jusqu’à ta mort 

C’est là que je me cacherais...

A l’intérieur….
A l’intérieur….
A l’intérieur….
A l’intérieur….
A l’intérieur….
A l’intérieur….
A l’intérieur….
A l’intérieur….
A l’intérieur….
A l’intérieur….
A l’intérieur….
A l’intérieur….
A l’intérieur….
A l’intérieur….
A l’intérieur….
A l’intérieur….
A l’intérieur….
A l’intérieur….
A l’intérieur….
A l’intérieur….
A l’intérieur….
A l’intérieur….
A l’intérieur….
A l’intérieur….
A l’intérieur….
A l’intérieur….
A l’intérieur….
A l’intérieur….
A l’intérieur….
A l’intérieur….
A l’intérieur….
A l’intérieur….

Jusqu’à ta mort… »

Dès que ces mots finirent de résonner dans la tête de Richard, tout retomba dans les ténèbres et son esprit s’embruma…

Il se réveilla douloureusement. La lumière était crue et vive, elle faisait mal aux yeux. Il avait un affreux mal de crâne.
Il tenta de bouger, mais il se rendit compte qu’il était accroché à une chaise semblable à celle de son cauchemar.
Il regarda où il se trouvait : c’était une grande pièce glauque et froide. De longues traînées de sang salissaient les murs et le carrelage fêlé et sale. Il aperçut dans un coin une cage à oiseau avec à l’intérieur une main qui se débattait frénétiquement en piaffant comme un oiseau justement. C’était grotesque et malsain.
A proximité se trouvait un vide ordure qui devait se vider à des étages inférieurs et à côté se trouvait une petite tablette avec divers objets que Richard ne put distinguer car ils étaient recouverts par un chiffon sale.
Il ne vit rien d’autre de vraiment inquiétant jusqu’à ce que son regard se porte sur le coin gauche de la pièce : sur un brancard, un cadavre coupé, déchiqueté, dépecé de partout était violemment trituré de l’intérieur par une espèce de chirurgien fou furieux qui riait doucement.
Le cadavre remuait frénétiquement à chaque coup de scalpel dans la chair putréfiée.
Richard se mit à paniquer. Il commença à se débattre pour se détacher, mais les liens étaient solides. Le chirurgien était toujours absorbé par son œuvre de boucher.
Il se débattait de plus en plus, la peur au ventre. Les liens commençaient à céder doucement.
Soudain l’un d’entre eux craqua dans un bruit sec.
Le monstre se retourna alors et remarqua Richard qui s’agitait. Il avait un visage flou et gris, comme s’il était recouvert par un linceul. On remarquait en dessous les contours d’un crâne avec la chair à vif.
Il se détourna dès lors de son précédent jouet et se dirigea vers Richard.
Celui-ci, encore plus paniqué, se débattit encore plus. Les autres liens ne tardèrent pas à rompre et il se dégagea vivement de la chaise de torture.
Il voulut plonger dans son imper pour attraper son arme, mais il se rendit compte qu’il n’avait plus son manteau, ni son holster et par conséquent ni son arme non plus.
La peur et la panique coulèrent en lui comme une douche froide.
Le monstre se jeta alors sur lui. Richard se déjeta sur la gauche et esquiva l’attaque. Il chercha autour de lui dans l’espoir de trouver de quoi se défendre mais rien !

« eh merde !! »

Il devait réfléchir vite, sa vie en dépendait. Le monstre n’attendit pas qu’il ait fini pour réitérer son assaut. Richard se déroba de justesse, mais en perdit l’équilibre. Il était maintenant dos au mur.
Le monstre se re-jeta alors sur lui. Richard attrapa son bras avant que le scalpel n’aille se planter dans son ventre. Il luttait, la sueur perlait sur tout son corps et sa chemise en était trempée.
Dans un élan, il donna un violent coup de pied dans le ventre du monstre qui bascula en arrière et tomba contre la table à roulette.
Son contenu vola et Richard put s’apercevoir qu’il s’agissait de son révolver et de sa lampe…
Il n’eut pas le temps de les rattraper et ils tombèrent dans le vide ordure.
Il les entendit tomber dans un bruit sourd et profond…
Il eut une boule au ventre : ses seuls moyens de se défendre dans cet enfer avaient disparus…
Il n’eut cependant pas le temps de se lamenter longtemps, car le chirurgien fou se dirigeait à nouveau vers lui.
Il regarda autour de lui pour voir ce qu’il pouvait faire et il aperçut au fond de la pièce une grande porte à double battants : une échappatoire !
Richard se releva promptement, avant que le chirurgien n’ait eu l’opportunité de le découper et se dirigea en courant vers la porte.
Il se jeta contre, les deux battants s’ouvrirent avec fracas. Emporté par son élan, il faillit en tomber. Il faisait atrocement sombre.
Une fois à l’extérieur, il chercha à tâtons quelque chose pour bloquer cette porte. Il tremblait de partout.
Finalement, sa main trouva quelque chose de long, une barre de métal sans doute. Il s’en saisit, referma les battants de la porte juste à temps et glissa la barre entre les poignées, il était sauvé.
Il aperçut à travers les vitres sales la silhouette du chirurgien qui essayait vainement d’ouvrir la porte. Il s’énervait et commençait à frapper dedans en criant de rage comme s’il voulait s’échapper à tout prix lui aussi.
Soudain, son mouvement s’arrêta net et il eut un hoquet bizarre, puis un affreux cri de douleur. Du sang gicla en traînées sur la vitre.
Richard aperçut alors une lame énorme le traverser de part en part. Il hurlait et se tordait de rage et de douleur.
Finalement elle ressortit de son torse et le monstre tomba contre la porte dans un bruit sec.
Il glissa lentement contre, sa main se traînant contre la vitre en laissant une large trace de sang, puis finit par tomber, sans vie.

Richard n’avait pas du tout compris ce qui venait d’arriver, ni qu’est-ce qui pouvait bien avoir tué ce monstre aussi sauvagement. Cependant, il n’avait aucune envie de retourner dans la pièce pour vérifier.
Une fois qu’il eut repris son calme, il retourna autour de lui : tout était noir et sombre, et seule la lumière qui filtrait de la salle de torture lui permettait de voir un peu autour de lui.
Il ne savait pas vraiment où il était, mais d’après ce qu’il apercevait, il en déduit qu’il était dans le hall d’entrée d’un grand hôtel.
Il n’avait aucune idée de comment il était arrivé ici.
Il se dirigea à tâtons contre les murs. Il finit par tomber sur ce qu’il crut être un bureau d’accueil.
Il commença alors à fouiller partout pour trouver de quoi s’éclairer. Ses mains tombèrent alors sur quelque chose de froid et long. Il y avait un bouton. Il appuya dessus, de la lumière apparut.
Il eut un « ouf ! » de soulagement. Il avait au moins trouvé de quoi s’éclairer…
La lumière était jaune et blafarde. Elle n’éclairait pas bien loin et donnait l’impression que les piles allaient lâcher d’un moment à l’autre, mais il devrait s’en contenter.

Il chercha dans le reste des tiroirs pour voir s’il y avait autre chose, mais rien. Il se retourna et aperçut alors un tableau de clé. Il n’y en avait qu’une seule, elle portait le numéro 237.
Richard la prit et la glissa dans sa poche.
Une fois son inspection terminée, il se dirigea vers les ténèbres…

#58287 par Skate
17 Jan 2012, 22:43
chapitre 10

Le hall était immense et sa lampe n’éclairait à guère plus de trois mètres devant lui. Malgré tout, Richard continua à chercher une issue.
Son premier réflexe fut de se diriger vers la porte d’entrée de l’hôtel. Au bout de quelques minutes de recherche, il la trouva.
Il appuya sur la poignée de la porte qui céda sans difficultés. Il s’étonna de la facilité de la chose. Il tira alors la porte vers lui et ce qu’il craignait se présenta à lui : il n’y avait pas de sortie… l’issue était complètement bloqué par un mur d’épais parpaings. Richard tapa contre l’un d’entre eux, un bruit sourd et mat lui revint.

« C’est bien ma veine… » Soupira-t-il.

Il se résigna et fit demi tour, mais une fois retourné, il eut un vif sursaut et un cri de peur :
Une silhouette noire et diffuse se tenait devant lui. En réalité, elle était toute petite, la taille d’un enfant, et, encore plus original, elle était sur un tricycle en plastique. Richard put deviner sous la crasse, la rouille et le sang qu’il était jaune et avait les roues rouges.
La silhouette avait la tête baissée.
Ils restèrent longtemps sans bouger l’un et l’autre.
Finalement, Richard tenta de faire un pas vers lui, se disant que si cette « chose » lui avait voulu du mal, elle l’aurait attaqué depuis longtemps. Mais à peine eut-il fait un pas que l’ombre fit un rapide demi-tour avec son engin et repartit dans l’ombre, la tête dans le guidon.
Coureur cycliste haut comme trois pommes.
Les roues du tricycle grinçait et faisait du bruit en roulant sur le parquet. La vitesse faisait doucement flotter les cheveux noirs de la petite silhouette.
Richard l’écouta s’éloigner dans l’ombre, à défaut de pouvoir le voir. Elle faisait un bruit de roulement sec sur le parquet, qui s’éloignait petit à petit, s’étouffait, s’assourdissait, jusqu’à devenir inaudible.
Il n’avait pas tout saisi…

« Qu’est-ce que c’était que ce truc ??? » s’exclama-t-il, mais seul le silence pesant lui répondit.

Finalement, il se remit en marche.
Le hall se divisait en trois grandes ailes. A gauche se trouvait une sorte de salon, mais les sofas et autres fauteuils étaient complètement pourris et éventrés. Ils étaient sans dessus dessous. On aurait pu croire de prime abord qu’ils avaient été jeté là tels de vieux déchets, mais à y regarder de plus près, le salon semblait plus avoir été victime d’un saccage fou qu’autre chose.
Richard passa lentement entre les pièces de mobilier délabrées.
Au fond sur une des colonnes porteuses se trouvaient un tableau, ou plus exactement une photo. Richard s’en approcha.
La photo représentait une gigantesque réception, qui devait bien dater des années 1940, à en juger par la manière très huppée et vieillotte de s’habiller des personnages présents.
Il y avait bien une centaine de personnes, levant tous une coupe de champagne au photographe, chacun affichant un sourire figé, presque malsain. Chaque figurant semblait sourire contre son gré, les rires sonnaient faux et les clins d’œil amicaux n’avait en fait rien de particulièrement amical.
Cependant, une personne, exactement en bas au milieu de la photo intriguait plus Richard.
C’était un homme d’une quarantaine d’année, dont le visage lui rappelait vaguement quelque chose…
Le personnage se démarquait des autres par le fait qu’il ne collait pas du tout à l’ambiance.
Alors bien sûr, il était habillé comme tous les autres, il souriait aussi connement que tous les autres mais c’était autre chose… il semblait avoir été rajouté à la photo des années après qu’elle ait été faite, mais de manière si parfaite qu’on ne pouvait pas dire qu’il s’agissait d’un photo montage…
Soudain, ça lui revint ! Il avait déjà vu cet homme dans un vieux dossier qui traînait au tribunal et qu’il avait emprunté, par curiosité à un vieux collègue, au bord de la retraite, et qui s’était chargé de cette affaire.
Le dossier était vraiment étrange et personne n’avait jamais vraiment compris ce qui c’était réellement passé : une famille se retrouve dans un hôtel dont elle a la garde durant quatre mois d’hiver et quelques temps après, on retrouve le père mort de froid dans la neige, une hache à la main. Le reste de la famille : sa femme et son fils, n’ont jamais été retrouvé depuis…

Se pouvait-il que l’homme sur la photo corresponde à celui du dossier ? La ressemblance était frappante… mais Richard ne put rien en conclure…
Il fut tiré de ses pensées par un bruit sourd et mat, venant du plafond.
Il le va la tête et fut soudain prit d’une montée d’adrénaline : la chose sur le tricycle de tout à l’heure traversait maintenant la pièce en roulant au plafond avant de disparaître dans l’ombre sans un mot dire.
Richard n’en revenait pas : par quel miracle ce … « truc ? » pouvait-il faire ça, et qui plus est avec un vieux tricycle ?
Après avoir réfléchi à ce qu’il venait de voir, en vain, Richard reprit son chemin et retourna dans la partie centrale du hall. A droite se trouvait un long couloir qui donnait sur il ne savait où, ainsi que plusieurs autres petites pièces, sans doute des bureaux. Des bruits métalliques étranges émanaient du couloir, comme si on traînait quelque chose sur le sol. C’était accompagné de ce que Richard crut percevoir comme étant de légers rires. C’était lointain, mais ça se déplaçait, il en était sûr.
Il détourna la tête du couloir. En face de lui se trouvait un ascenseur. Etant donné que l’aile droite du hall ne lui inspirait nullement confiance, il se dirigea vers l’unique issue qui lui était offerte : l’ascenseur…
Une fois qu’il fut à quelques mètres de celui-ci, les portes glissèrent et s’ouvrirent lentement, dans un long grincement.
Richard craignit que ce bruit n’alerte une présence quelconque et pria pour que les portes finissent de s’ouvrir rapidement.
Mais elles étaient lentes, très lentes…
Le bruit que Richard avait perçu tout à l’heure dans le couloir semblait se rapprocher, vite, beaucoup trop vite pour Richard.
Le grincement des portes était infernal.
Richard s’agitait de plus en plus, sautillant d’un pied à l’autre nerveusement, comme s’il allait se pisser dessus (ce qui n’était pas tout à fait faux non plus), jetant des regards de plus en plus affolés autour de lui, et en particulier en direction du couloir sombre.

« mais ouvre toi putain de porte de merde ! allez ! grouille bordel ! » siffla Richard, en espérant que la machine l’entende.

Finalement, les portes finirent par s’ouvrirent assez pour que Richard s’engouffre dedans.
Aussitôt à l’intérieur, les portes se refermèrent d’un coup sec et violent, comme si la machine avait sut que Richard était monté.
Richard eut un grand soupir de soulagement. Son cœur se remit peu à peu à rebattre à un rythme plus normal. il était à l’abri, ou du moins c’est ce qu’il pensait.
Il s’assit dans l’ascenseur pour se remettre un peu de ses émotions, ne pensant même pas à choisir un étage.
Il resta silencieux pendant quelques secondes quand soudain, un gros BANG ! se fit entendre.
Richard sur le coup sursauta et eut un cri de frayeur.
C’était comme si quelque chose avait tapé comme un forcené dans les portes de l’ascenseur.
Soudain Richard se rappela du bruit du couloir, du rire, et l’adrénaline monta dès lors en lui : il y avait bien quelqu’un qui se dirigeait vers lui tout à l’heure, il en était sûr à présent !
Un second BANG se fit entendre. La cage d’ascenseur vibra sous le choc et Richard en fut renversé et tomba.
Un troisième BANG, encore plus fort que les deux précédents retentit. La cage d’ascenseur trembla et grinça douloureusement.

Richard était fou de panique. Le sang lui montait à la tête. Il ne contrôlait plus ses mouvements. Il tenta de se relever, mais ses jambes ne lui obéissaient plus. La terreur avait envahie son esprit. Il réussit finalement à se remettre debout, dans un effort absolument surhumain de concentration. Il avait les jambes flageolantes et cotonneuses.

BANG !!!

Il vacilla sous le choc. Un autre pas. Il tendit le bras. Il lui parut que le tableau de commande était à des centaines de mètres.

BANG !!!! Les portes commencèrent à se cabosser et à se tordre dangereusement. Elles grinçaient dans un long gémissement plaintif et hagard de bête qu’on abat. Richard tremblait de nervosité et de peur. Sa main tremblait tellement, tellement ! Il était en nage.
C’est fou ce que dans ces moments là le métabolisme peut s’emballer. Richard avait déjà eu ce genre de réflexion auparavant, en pensant aux condamnés qu’il envoyait à la chaise.
Il se disait avec une certaine délectation macabre et morbide que leurs dernières minutes devaient être particulièrement jouissives à voir … il n’avait jamais pu assister à une exécution et ne pouvait donc qu’essayer de s’imaginer ce que ses victimes ressentaient avant de mourir. Le terme de victime était bien choisi ; en effet, Richard était réputé pour être un juge particulièrement sévère et rare étaient ceux qui échappaient à la peine de mort. C’était un bourreau des temps modernes comme diraient certains. On ne comptait plus le nombre de condamnés qu’il avait envoyé à la chaise, à la potence ou à la « vaccination » comme il aimait appelé la piqûre.
sauf que c’était lui le condamné, là, maintenant.
Il lui sembla que la cage d’ascenseur se comprimait de toute part à chaque coup.

BANG !!!! Le choc fut plus violent que les autres. Les portes s’entrebâillèrent, laissant voir une petite fente vers l’extérieur.
Richard, chancelant et paniqué réussit finalement à atteindre le panneau de commande.
Une fois trouvé, il appuya sur un bouton au hasard comme un forcené.

« MAIS BOUGE MERDE ! BOOOOUUUUUUGE !!!!! ALLEZ !!! BOOOUUUUGE TON PUTAIN DE CUL SALOPERIE!!!!! BOOOOOUUUUUUUGEEEEEEE !!!!!!!!!! »

Il se foutait bien de savoir où il allait, fut-ce même en enfer (mais n’y était-il pas déjà ?) du moment qu’il puisse échapper à la chose dehors.
Ses yeux s’agitaient dans tous les sens, il avait la respiration haletante et rapide. Il sentait qu’il étouffait, qu’il suffoquait de peur et d’angoisse. Ses poils se dressèrent tous au garde à vous sur sa peau. Il sentit ses couilles se rétracter comme deux raisins secs.
Et ce fut le comble de la terreur. Un œil. Rouge. Mort…un œil fou le regardait à travers l’entrebâillement des portes. Il était injecté de sang. Les vaisseaux éclatés qui le parcouraient semblaient tisser la toile d’une meurtrière araignée sur la conjonctive du globe.
Il tournait dans tous les sens, scrutant chaque recoin de la cage, à la façon d’un caméléon cherchant une mouche à se mettre sous la dent.
Et il trouva sa mouche. Tapi dans un coin, Richard suivait les mouvements du globe. Une fois qu’il l’eût repéré, un grand rire fou, non… un grand rire follement démentiel retentit dans sa tête, comme s’il s’était insinué dans son corps et était remonté par tous les nerfs au cerveau. Il le sentait, aussi bien à la surface de sa peau moite que dans sa gorge. Ce rire était écrasant, oppressant. Il montait peu à peu dans les aigus dans des sonorités raclantes, sales, obscènes.
La pupille de l’œil se dilatait et se rétractait de manière phénoménale à mesure qu’il fixait Richard, comme s’il voulait voir les moindres recoins de son corps, les moindres recoins de sa terreur.
La chose se délectait, Richard en était certain. Elle jouait au chat et à la souris, avec lui dans le rôle de la souris. Elle poussa un nouveau rire nerveux, qui faisait écho dans chaque recoin de la pièce. Il paraissait à la fois si enfantin et si fou que Richard en eu la nausée. Ces sons stridents qui se décuplaient dans ses oreilles et qui s’infiltrait par tous les pores de sa peau lui retournait l’estomac et lui nouait la gorge.
L’œil finit par disparaître, en même temps que le rire. Silence. Trop parfait et trop soudain pour être véritablement rassurant. Richard s’attendait à ce que quelque chose arrive, sans savoir exactement quoi.
Le sang battait ses tempes avec une force telle qu’il en eu des vertiges. Il glissa le long de la paroi de la cage d’ascenseur, haletant.
Il fixait toujours la fente noire. Il sentit alors quelque chose approcher, vite, très vite, trop vite. Il n’eu que le temps de se jeter sur le côté avant qu’un bras noir s’engouffre dans la fente et ne tente de l’attraper à la gorge. Il sentait la mort et le sang. Il alla s’enfoncer dans un fracas assourdissant dans la tôle de la paroi qui se tordit sous le choc.
Sa peau, d’un noir d’encre laissait voir de nombreuses blessures saillantes, dégoulinantes de sang, de pus et de chair en putréfaction. Une main cadavérique aux tendons noircis par les ans et vraisemblablement par le feu battait l’air de la cage, espérant vainement tomber sur quelque chose à attraper. Les ongles désincarnés étaient pourris jusqu’à la racine et pendouillaient mollement aux doigts. Sous la chair morte et cadavérique, Richard aperçut les os, rongés et poreux de la chose.
Elle s’était remise à rire comme un forcené.
La fente par laquelle le bras s’était engouffré s’était élargie d’un coup à son passage et avait dessiné des points acérées sur lesquelles il s’empalait et se mutilait sans y prendre garde.
Richard essayait de se plaquer le plus possible à la paroi, comme s’il voulait s’y fondre, afin que la chose ne l’atteigne pas. A chaque mouvement, les doigts putréfiés et nauséabonds passaient à quelques centimètres de son visage, qu’il détournait dans un élan de dégoût. Il sentait ses entrailles remonter à sa gorge à chaque passage de la main morte, menaçant de ressortir à chaque fois.
Il cria, de folie, de peur, de rage, priant pour que tout cela s’arrête, pour qu’il se réveille de ce putain de cauchemar. Ça ne pouvait pas être réel, il ne pouvait pas être là dans cette cellule de condamné, pas lui ! La main finalement ressortit de la fente, visiblement lassée, et le rire se tut.
Richard ne put alors plus se retenir plus longtemps. Il bascula vers l’avant, tomba à quatre pattes et rendit tout le contenu de ses entrailles. Il hoqueta, cracha, la morve et les larmes se mêlaient au goût infect du vomis qui restait dans son gosier.
Ça y est, c’était fini, ce truc était parti. Mais avant qu’il ait eu le temps de se réjouir, avant qu’il ait eu le temps de faire un quelconque mouvement, la main s’engouffra à nouveau dans la fente, accompagné d’un hurlement criard et sadique et vint attraper fermement la gorge de Richard.

#58288 par Skate
17 Jan 2012, 22:43
Chapitre 11 :

La main lui agrippait fermement la gorge. Il la sentait se resserrer petit à petit, lui broyant la trachée avec une minutie et une lenteur profondément sadique.
Richard s’accrocha au bras de ses deux mains en essayant de le repousser, mais en vain. L’oxygène commençait doucement à lui manquer, il commençait à voir trouble.
Les doigts continuaient toujours de se resserrer.
Au travers de la fente, il aperçut l’œil de la chose, ainsi qu’autre chose, de blanc. Tel un croissant de lune sur sa face noire, son sourire luisait d’une lueur macabre et folle. Il lui rappelait le sourire de Tricky. Un voile laiteux commençait à s’abattre sur ses yeux. Sa face commençait à devenir livide. Il tentait d’avaler goulument quelques dernières bouffées d’oxygène avant de passer de l’autre côté.

« e-eh m-m-merd-e ! »

C’est la seule chose qu’il réussit à siffler à travers ses dents, à l’attention de la créature. Il lui lança un regard plein de haine et de rage. Cette saloperie allait lui faire la peau, à lui ! Pas possible, il ne voulait pas le croire. Sa poigne se desserrait à mesure que celle du monstre augmentait.
« Crac ! »
Il sentit un os craquer dans son cou. Il voulut crier pour extérioriser sa douleur, mais seul un râle rauque et sourd sortit d’entre ses dents. Il essaya de se débattre pour échapper à cette emprise meurtrière, mais rien à faire !
Il n’arrivait plus à respirer. Il repensa à tout ce cauchemar stupide et grotesque. Putain de coup du sort ouais !
Dans une ultime inspiration, il lança un regard plein de rage à la face de cette chose.

« gh-h ! m-erde ! »

TING !
Les portes de l’ascenseur s’ouvrirent dans un grincement aigu et agressif sur un couloir sombre et délabré.

Richard eut un violent sursaut qui fit monter son taux d’adrénaline en flèche.
Sa respiration était haletante, il était en nage, fébrile, mais surtout, il était vivant. Tout avait disparu : la fente dans la porte, la chose, sa main, son bras, son œil, son sourire glacial, tout !
Il n’y comprenait plus rien. Il tâta son cou, mais rien, aucune trace de strangulation. L’os qu’il avait sentit craquer n’avait pas bougé d’un pouce, tout était foutrement normal.
Etait-ce un rêve ? Non, il en était convaincu. Ou alors si c’en était un, il était fichtrement réel. Il ne pouvait se résoudre à penser que ce n’était qu’une hallucination. Sa raison lui jouait des tours…
Mais pourtant… cette main froide, visqueuse et cadavérique, cet œil dément, non, il les avait VUS ! Et cette horrible odeur, il l’avait SENTIE elle aussi !

« Mais bordel qu’est-ce qui s’est passé » se murmura-t’il à lui-même, en observant le décor alentour.

Les portes s’étaient ouvertes sur le deuxième étage. Il était, comme le reste de l’hôtel, glauque et sordide. Le couloir était complètement délabré. Les peintures s’écaillaient de partout, donnant l’impression que les murs avaient mués.
Richard ramassa sa lampe torche, qui avait volé dans un coin pendant la bataille et se releva, en prenant bien soin de se tenir aux parois de la cage d’ascenseur. Ses jambes étaient flageolantes, mais elles le supportaient sans trop de peine.
Il s’avança dans le couloir lentement, regardant de tout côté, redoutant une nouvelle embuscade ou quelque piège perfide, mais rien. L’étage était tout ce qu’il y avait de plus vide.
Beaucoup de portes de chambres étaient défoncées ou alors verrouillée. Les bruits étranges qui émanaient de certaines d’entre elles ne donnaient à Richard aucune envie d’aller les visiter : des bruits étouffés de pas, de râle, de respiration, de chose qui rampe lentement sur le sol, des bruits de mort, de ténèbres, de monstres hideux aux yeux injectés de sang, à la peau cadavérique et à l’haleine fétide, des bruits de corps qu’on dissèque, qu’on charcute, qu’on déchiquète, qui sait après tout ? Richard essayait de faire fuir de son esprit ses images qui lui venaient en tête à l’écoute de ces sons, mais elles semblaient s’imposer d’elle-même, comme si elles voulaient l’envahir.
A mesure qu’il se battait contre ces visions, il arriva à la porte d’une chambre qui semblait être en meilleure état que les autres, mieux même, elle était neuve. Une fine raie de lumière pâle et faible émanait de sous la porte.
Il s’arrêta devant, intrigué, et inspecta le numéro : chambre 217. Il eut alors un déclic et fouilla dans sa poche. Il la trouva : la clé qu’il avait prise sur le tableau à l’entrée. C’était bien celle de la 217.

« Comme par hasard tiens… » Se dit-il amèrement.

Ne voyant pas autre chose à faire que d’entrer, il glissa la clé dans la serrure. Il la tourna. Un « clic » sonore se fit entendre : la chambre forte venait d’être ouverte…
Il retira doucement la clé de la serrure et la remit dans sa poche. Il posa une main anxieuse et moite sur la poignée. Evidemment qu’il avait peur, il était mort de trouille depuis le début de ses mésaventures dans cette foutue ville. Mais cette fois ci, c’était différent. C’était plus une sorte de pressentiment, une mauvaise impression, un truc pas clair qui le faisait hésiter. Il trouvait qu’il avait été un peu trop « guidé » jusqu’ici. C’était trop parfait, trop évident qu’il y avait quelque chose de spécial dans cette chambre. Finalement il relâcha la poignée, sentant qu’une arnaque aussi grosse qu’une maison l’attendait là derrière.
Mais quoi après tout ? Il allait entrer et après ? À quoi s’attendait-il de si terrible après tout ? Si ça se trouve, il allait retomber dans le salon de son pavillon avec tous ses amis, Laura et Chris. Ils allaient tous s’attabler, manger, boire, bavarder, discuter, rire ? Tu parles ouais, ça aurait été trop beau.
Bien évidemment ça n’était pas ça qui l’attendait, pas ici en tout cas. Mais au fond de lui qu’est-ce qu’il aurait voulu que ça soit ça ! Il se dit que quand il rentrerait, quand tout sera rentré dans l’ordre, il appellerait tous ses amis à Laura et à Lui, les Huggins, les Bowe, les Bringgs, les Denbrough et qu’ils se feraient une belle bouffe tous ensemble.
Cependant, au fond de lui, il se dit qu’il aurait du mal à reprendre une vie « normale » après ça, si tant est qu’il ressorte vivant de ce traquenard.
Bon alors quoi maintenant ? Qu’allait-il faire ? Allait-il rester planter là comme un con devant cette foutue porte ? Non, évidemment non, il allait bien finir par rentrer…
Richard tourna les talons et repartit d’un pas assuré vers l’ascenseur ; il trouverait bien une autre sortie, ce foutu hôtel n’a tout de même pas qu’un hall d’entrée et un étage !
Il s’engouffra dans la cage et se tourna vers le tableau de commande, avança machinalement sa main vers les boutons et…

« Qu’est-ce que … ? »

Sur le tableau ne figurait plus qu’un seul et unique bouton, indiquant le deuxième étage. Il aurait juré qu’il y avait au moins cinq ou six boutons quand il était entré dans l’ascenseur la première fois !
Il tapa violemment du poing sur la paroi qui lui rendit un bruit métallique et grinçant : il n’avait aucune autre échappatoire au final… on voulait qu’il rentre dans cette foutue chambre…

Il y retourna donc, une boule au ventre. Il se planta devant la porte et l’observa à nouveau. Un judas la perçait, juste au dessous du numéro qui brillait faiblement de reflets dorés dans le halo de lumière de sa lampe.
De la lumière filtrait toujours par la fente sur le pas.
Il posa sa main sur la poignée.

« es-tu bien sûr de ce que tu fait mon vieux ? … 
-bah, de toute façon, je n’ai pas d’autres choix ; Oh et puis merde, au diable toutes ces hésitations, j’y vais ! »

Il appuya sur la poignée qui s’abaissa dans un léger « cloc ».
Il prit une dernière inspiration, poussa la porte et entra. Elle se referma derrière lui dans un petit claquement sourd…

#58289 par Skate
17 Jan 2012, 22:44
Chapitre 12 :

La chambre était claire. Tout semblait on ne peut plus normal au premier abord.
Elle était de grande taille, au moins quarante mètres carré. Ce devait être une suite du temps où l’hôtel tournait encore, à en juger par la richesse du mobilier, quoiqu’un peu vieillot.
Elle était divisée en deux parties : la première, où se trouvait Richard, était une sorte de petit salon aux sofas et fauteuils moelleux. Le mini bar était grand ouvert et des dizaines de bouteilles étincelaient à la lumière électrique du lustre. De la moquette recouvrait entièrement le sol et faisait un bruit feutré à chacun de ses pas.
La deuxième partie donnait sur la chambre proprement dite, avec un grand lit aux draps d’un blanc laiteux et nacré. Sur la droite se trouvait la salle de bain.

Richard n’en revenait pas de se trouver dans un lieu qui paraissait enfin « normal ». il regardait bouche béante tout autour de lui ; afin de s’assurer qu’il n’avait pas de vision, il se dirigea vers le mini bar, ouvrit une bouteille de scotch et sentit : l’odeur était bien réelle et correspondait bien à un bon vieux whisky de vingt ans d’âge.
Il hésita quelques secondes, puis pris la bouteille et la porta à sa bouche, avalant une grande rasade du liquide ambré.
Il reposa la bouteille et eu un râle de plaisir et de soulagement.

« putain ce que ça fait du bien » se dit il, un sourire aux lèvres.

Il continua son inspection de la chambre dans ses moindres détails pendant près d’une heure, essayant tour à tour chaque fauteuil, chaque sofa, fouillant dans tous les placards comme un gosse. Il aurait presque eu envie de sauter sur le lit comme un gamin de huit ans. Mais il se retint.
Il manquait une pièce qu’il n’avait pas encore visitée. Elle lui faisait peur au fond de lui, il le sentait. Mais il sentait aussi que c’était là qu’il devait aller, qu’on voulait le forcer à entrer : la salle de bain.
La porte de bois blanc était légèrement entrouverte, et un fin bruit de douche se faisait entendre. De légers nuages de vapeurs d’eau filtraient à travers la lumière de la porte. L’eau devait être chaude, si chaude… si bonne… si… reposante…
Ces idées vinrent à l’esprit de Richard qui nageait dans une sorte de demi sommeil, sans doute à cause de l’alcool.
Il avait chaud, terriblement chaud et luttait pour garder les idées claires.
Il posa une main moite, mais déterminée, sur le bouton en faux cristal de la porte.
Il l’ouvrit.

La salle de bain était toute en longueur. Devant l’entrée se trouvait les toilettes, juste à droite un majestueux double évier et au fond de la pièce une gigantesque baignoire dans laquelle deux personnes auraient pu aisément tenir. La salle était recouverte du sol au plafond d’un carrelage d’un bleu profond et marbré. Il donnait au tout une note mystérieuse et apaisante… sans doute avait-ce été la volonté des constructeurs.

Richard, après avoir eu une rapide vue d’ensemble de la pièce posa son regard sur la baignoire. Un grand rideau blanc cachait la vue, mais il pouvait apercevoir par transparence un corps. L’eau de la pomme de douche coulait sur sa nuque. Richard y reconnut une femme, légèrement de profil.
Ses lignes sveltes soulignaient un corps gracieux. Ses seins en pomme pointaient élégamment de son buste. Ses cheveux descendaient dans son dos dans une cascade. Ses hanches harmonieuses soulignaient de fines jambes légères et graciles.
Richard commença à éprouver un vague sentiment de malaise, associé à des pulsions de voyeurisme évidentes… une érection commençait à venir. Il ne savait plus où se mettre. La chaleur de la salle de bain couplée à l’alcool qu’il avait pris embuait petit à petit son esprit. Il flottait.

L’eau se coupa soudain, ce qui réveilla Richard, qui tourna tout de suite son regard vers la baignoire.
La silhouette féminine était maintenant de face. Elle l’observait manifestement, au travers du rideau. Dans un geste lent, elle attrapa le rideau et le fit glisser dans un léger et angoissant bruit métallique.
Le cœur de Richard battait de plus en plus vite au fur et à mesure que le rideau s’écartait.
Il découvrit tout d’abord l’épaule gauche puis la hanche (il avait un mauvais pressentiment), le sein (cette silhouette…), le bassin (…lui rappelait quelque chose…) et …

«  que… ? »

Richard n’en crut pas ses yeux. Dressé devant lui, Laura, son épouse, l’observait, de ses yeux bleus et profonds. Elle avait totalement écarté le rideau maintenant.
Les jambes de Richard se dérobèrent sous lui et il tomba à genoux devant elle, bouche bée, les yeux écarquillés.
Elle avait à la fois un regard triste et terriblement froid. Elle était muette comme une tombe.
Richard était haletant, des milliers d’images, de mots, de sons, d’idées passèrent à toute vitesse dans son esprit. Il voulut dire quelque chose, mais seul des hoquets montèrent à sa gorge asséchée.
Le corps nu et svelte de sa femme enjamba alors la baignoire. Elle posa un pied mouillé sur le sol froid dans un léger chuintement, puis l’autre, et commença à se diriger d’un pas lent et élégant vers Richard.
Son esprit était de plus en plus embrumé, les images lui apparaissaient floues. Il dodelinait de la tête, comme s’il était sur le point de s’endormir.
Laura alla se planter devant lui. Dès ce moment, ses idées lui revinrent, claires et froides comme la glace. Comme la glace qui s’insinuait en lui, la peur le gagnait. Il n’osait pas lever les yeux. Il sentait son regard froid et triste sur sa nuque.

Deux mains d’un froid cadavérique vinrent se poser sur ses épaules. Il en eut des frissons et releva la tête d’un coup, tombant nez à nez avec celui de Laura, qui s’était abaissé à son niveau.

Elle était belle, tellement belle… au travers de cette apparente froideur, Richard put apercevoir dans le fond de ses yeux bleus une lueur de douceur. Cela le fit fondre en larme…
Il enserra sa femme dans ses bras et pleura, pleura, pleura et pleura encore, dans de grands cris de peine, ponctué par le silence de Laura.
Ses fins bras froid l’enserrèrent aussi et il sentit ses mains se refermer sur sa chemise.
Ses larmes ne s’arrêtaient pas. Il ne le pouvait pas. Tant de souvenirs lui revinrent à l’esprit : son sourire, sa douceur, son corps si gracieux, tout… tout lui échappait. Il sentait que tout cela s’éloignait, et il sentit alors un grand froid se jeter sur son cœur.
Il sentit son visage glisser contre le sien, remonter lentement vers lui. Il sentit ses lèvres douces se rapprocher doucement des siennes. Les siennes cherchaient aussi.
Elles finirent par se trouver.
Cela lui sembla durer une éternité, si agréable, si douce… leurs deux corps s’étaient inconsciemment rapprochés l’un l’autre.
Un froid enivrant le pénétrait, s’insinuait en lui comme une rivière douce et sombre, c’était étrange… et agréable à la fois.
Il gagnait petit à petit chaque parcelle de son corps, l’anesthésiant de plus en plus. Il se sentait partir…
La peur gagna alors son cerveau.
Quelque chose clochait.
Leurs lèvres se séparèrent et il releva la tête. Au travers de ses yeux mouillés, il crut un instant voir l’enfer.

La pièce commençait à geler littéralement. D’imposantes colonnes et pointes de glace sale se formaient du sol au plafond.
Il la voyait gagner petit à petit le reste de la pièce dans de sinistres grincements.
Il retourna son regard vers sa femme, toujours dans ses bras.

« AAAAARGH !! »

Il fit un bond en arrière et lâcha la chose informe qu’il avait tenu dans ses bras et embrasser quelques instants plus tôt.
Durant les quelques secondes qu’avait duré ce baiser, ce qu’il croyait être sa femme avait laissé place à une silhouette noire fantomatique, affublée de deux yeux rouges et brillants, tels des braises. Elle avait la forme de Laura et était entouré d’un léger voile de poussière noire, comme de la cendre. Une odeur de cadavre en putréfaction mêlée à celle de la chair brûlée arriva au nez de Richard qui aussitôt se retourna au dessus des toilettes et y vomit toutes ses tripes.
Il se retourna haletant, en sueur vers cette horreur. Mais durant ce moment de stupeur, la glace avait continué à envahir la pièce pour pratiquement la recouvrir de partout.
Richard s’en aperçut peu avant que les fins doigts de glace n’atteignent en se tordant le bouton de porte. Son instinct de survie lui ordonna de sortir le plus vite possible avant qu’il ne se retrouve coincé dans cette putain de pièce avec cette chose. Dès lors il se jeta en avant sur la porte, se vautrant à moitié à cause de ses pieds qui glissaient sur la glace.
Il réprima un cri de douleur et se releva à quatre pattes tel un chien galleux pour atteindre cette porte, sa seule issue, sa seule échappatoire vers un autre enfer. La glace lui brûlait la peau et elle commençait à se former autour de ses chevilles. Derrière lui, Laura avançait d’un pas tranquille et serein. La frénésie de Richard lui permit finalement d’attraper la porte. Il s’en servit comme appui pour se relever. Il tourna la poignée, fermée. La glace continuait à avancer sur la porte. Il s’acharnait comme un forcené contre ce foutu panneau de bois, jetant des regards de dégénéré aux alentours. Ses tempes tapaient comme un tambour de guerre, ses yeux étaient injectés de sang, il soufflait comme un buffle. Il s’arc-bouta contre la porte et dans un effort d’une violence inouïe il défonça la porte qui céda sous son poids. Des centaines de pics de glace volèrent partout autour de lui et il alla s’affaler au pied du lit. Son épaule lui faisait affreusement mal, mais il ne s’en souciait guère. Il se retourna. Ses yeux que le sang et la panique commençaient à brouiller aperçurent Laura qui se tenait dans l’encadrement de la porte. La glace continuant de s’infiltrer partout dans la pièce. La chambre s’assombrissait petit à petit. Les ténèbres mêlées à la glace l’envahissaient. Il se releva en trébuchant à moitié et courut vers la sortie. Il manqua de s’affaler tous les deux mètres pour finalement arriver à la porte. Mais là encore, fermée. Comme la précédente, il s’apprêta à l’enfoncer. Il donna un violent coup d’épaule mais seul un éclair fulgurant de douleur lui répondit. La porte semblait peser une tonne et s’être changé en plomb. Il lâcha un cri de douleur et tomba genou à terre en tenant son épaule endolorie. Il regarda en arrière, paniqué mais n’aperçut rien. Seules les ténèbres lui répondaient à présent. Il se releva péniblement en s’appuyant à la porte. Il ferma les yeux et essaya de se calmer. Mais il n’y arrivait pas. Il savait qu’il n’était pas seul, qu’  « elle » était toujours là. Des bruits de pas, des grincements, des craquements, des éraflures sur les murs lui vinrent aux oreilles de tous les côtés de la chambre. Ils le rendaient fou. Il rouvrit les yeux et tomba nez à nez avec Laura qui était entouré d’un halo blafard brillant dans l’obscurité. Avant que Richard n’ait eu le temps de faire quoique ce soit, quatre bras cadavériques sortirent des murs et l’empoignèrent par les chevilles et les poignets. Il ne pouvait plus rien faire. Laura s’approcha de lui, lentement, passant ses bras autour de son cou. Approchant son visage fantomatique. Lentement ses lèvres cadavériques s’approchèrent de celles de Richard qui faisait tout pour les éviter. Mais elles finirent pas se rencontrer. Laura l’embrassa alors pendant de longues secondes. Sa langue putréfiée cherchant celle de Richard qui réprimait autant qu’il pouvait son envie de vomir. Le supplice était interminable. Soudain, il sentit la langue du fantôme s’allonger et commencer à serpenter vers sa gorge.
Elle tâtonnait, cherchait son chemin. Elle alla caresser sa luette avant de passer dans le pharynx. Elle serpenta dans un premiers temps vers la trachée. Richard eut un haut le cœur violent et fut prit d’une toux terrible qu’il ne pouvait évacuer à cause de ce parasite…
Elle remonta, changea de trajectoire et se dirigea vers l’œsophage.
En même temps que la langue descendait, Richard sentit ses dents râcler la peau calcinée des lèvres de Laura. Elle engouffrait autant que possible son visage dans sa bouche. Les morceaux de chair se décollait aisément au contact des dents de Richard. A sa salive se mêlèrent bientôt des morceaux de muscle, du sang noirâtre et du pus. Alors les mains de Laura vinrent agripper fermement les mâchoires supérieure et inférieure de Richard. Les dents s’enfoncèrent dans ses doigts comme dans un flan trop liquide, jusqu’à toucher les jointures. Elles forcèrent petit à petit, agrandissant l’angle d’ouverture de la bouche. Les tendons commençaient à claquer. Elle continuait, les dents raclaient contre les os des doigts. La mâchoire se mettait à craquer et à se disloquer. L’ouverture, de plus en plus grande laissait petit à petit pénétrer la tête de Laura dans la bouche de son cher et tendre qui hurlait à l’agonie autant que ses cordes vocales le lui permettaient. Mais seul un bruit sourd et étouffé ressortait de son gosier, dans lequel Laura était déjà jusqu’au cou.
Les commissures des lèvres commençaient à se déchirer, lézardant petit à petit les joues, telles des fissures dans un mur trop vieux. Elles finirent par atteindre les oreilles. La chair s’étirait dans des flots de sang qui se déversait abondamment par terre.
Richard était pris de spasmes, ses muscles se crispaient, ses yeux se révulsaient, du sang suintait de ses oreilles.
Laura en continuant sa descente, se rétrécissait au fur et à mesure, comme un serpent. Une fois rentrée jusqu’aux épaules, les mains lâchèrent la mâchoire de Richard qui resta pendante. Elle se faufila ainsi jusqu’à son estomac où elle se rétracta encore. Les genoux commencèrent leur entrée, écartelant la face tuméfiée de Richard dans d’atroces proportions. Son palais se disloqua, déchirant son nez en deux. Les os de son crâne commencèrent à craquer et à se fracturer, laissant échapper le liquide cérébro spinal par ce qu’il restait de ses cavités nasales.
Dans son estomac, Laura tout en se recroquevillant sur elle-même, donnait de violents coups aux alentours, brisant les cotes, déchirant le foie, disloquant les vertèbres. La moelle épinière fut touchée et les jambes de Richard commençaient à être parcourues de violents spasmes avant de retomber mollement. Ses sphincters lâchèrent d’un coup, libérant urines et selles. Les seules choses qui le retenaient maintenant étaient les bras sortis des murs un peu plus tôt.
Pour finir, les pieds s’engouffrèrent tous les deux en même temps, finissant de briser sa nuque dans un craquement effroyable. Elle décrivit alors un angle droit avec le reste de son corps. Les pieds décrivaient dans son gosier d’improbables angles de rotation, déchirant trachée, œsophage, muscles, et peau sur leur passage. Une fois arrivés à leur destination finale, Laura continua à rétrécir pour ne plus faire que la taille d’un nourrisson. Elle se recroquevilla sur elle-même en position fœtale, baignant dans les acides gastriques de Richard qui attaquaient sa chair putréfiée.
Les bras lâchèrent Richard qui s’écroula comme une marionnette sans vie sur le sol. Sa tête, en heurtant le sol émit un horrible craquement accompagné d’un bruit spongieux, comme si une masse visqueuse et informe s’était écrasée sur le sol.
Une mare de sang se forma sous lui, inondant le sol de la chambre, s’imprégnant dans la moquette claire et la colorant d’une cruelle couleur rouge et noire.
Sa respiration, qui se résumait maintenant à des gasps, se ralentissait et finit par s’arrêter. Son cœur cessa de battre. Ses pupilles se dilatèrent.
De Richard il ne resta plus qu’un cadavre difforme baignant dans son sang, ses fluides digestifs, sa pisse et sa merde.

« La réalité peut-elle être plus cruelle encore ?
-…oui… »

#58311 par mr brown
17 Jan 2012, 23:30
tu vois j'avais sentis que tu été un écrivain dans l'âme!

étant moi même fan de silent hill je peu te dire que je vais te lire avec attention. ;)

#58325 par kazeus
17 Jan 2012, 23:51
j'ai pas encore tous lut mais je finis demain promis ;)
ps: t'as passé combien de temps à écrire ca?

#58337 par Skate
18 Jan 2012, 00:01
kazeus écrit:
j'ai pas encore tous lut mais je finis demain promis ;)
ps: t'as passé combien de temps à écrire ca?


quatre ans, mais en pointillé et je n'en suis qu'à la moitié.

j'ai tout le scénar, tous les rebondissements et tout et tout dans la tête, mais j'ai assez peu de temps pour coucher tout ça sur le papier xD

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