Le Forum des cartoucheurs* : Discussions générales sur les jeux et consoles rétros.
*cartoucher : action jouer à des jeux rétros
#431856 par Kikosaurus
06 Mar 2020, 16:11
Je n'ai pas un bon souvenir de Chrono Cross. Système de combat original mais peu intéressant en pratique, OST moyenne, histoire trop alambiquée à mon goût. J'en attendais peut-être trop : même si je savais que ce n'était pas la suite de Chrono Trigger, j'aime tellement ce jeu que je n'ai pas pu m'empêcher de comparer. Mais à tout prendre, je préfère quand même un scénario bourré de sous-intrigues et qui se perd dans ses propres méandres. L'autre option c'est Legend of Dragoon, que j'ai essayé et que j'ai lâché au bout de 5 heures parce que non vraiment, les combats aléatoires par douzaines avec une histoire de chevaliers et de dragons derrière, ça ne prend plus.

Moralité : (re)jouez à Chrono Trigger.
#431861 par reimmstein
06 Mar 2020, 18:22
Pas trop présent ces derniers mois, mes jeux rétro on essentiellement été arcade avec la rentrée de quelques bon jeux PGM, en particulier les Cave, et DoDonpachi II.
#431919 par SupaSTO
10 Mar 2020, 14:44
Salut à tous!

Premier vrai message après ma présentation, je commence ce qui sera sûrement une longue liste de jeux PS1 par Digimon World (jeu qui a énormément marqué mon enfance) Ainsi que la trilogie Spyro que j'attends de recevoir d'ebay. Je suis sur le point de finir la version remasterisée sur PC après l'avoir faite sur PS4 à sa sortie. Je prends toujours plaisir à refaire les jeux Spyro au moins une fois par an :)
#432076 par Kikosaurus
22 Mar 2020, 03:52
Metal Gear Solid. Spoilers. Dédicace Masterlord.

Quand j’avais seize ans, je vénérais Hideo Kojima. Les Metal Gear Solid me paraissaient sérieux, profonds, matures. Dix ans plus tard, j’ai désormais beaucoup de méfiance dès que j’entends ce fameux adjectif accolé à un titre. Le plus souvent, un jeu certifié mature est un jeu où l’un des personnages principaux meurt accompagné d’une musique triste et d’un monologue sur la brièveté de la vie. De tous les scénarios invraisemblables et fourre-tout de la série, celui du premier MGS m’a toujours paru le moins extravagant. Et pourtant, avec le recul, il est quand même gratiné.

Si je voulais jouer à l’homme mature ayant dépassé ses émois adolescents, je dirais que MGS1 est un nanar. Ce serait en effet très facile de se moquer avec complaisance des maladresses du scénario, de toutes ces tirades sur « l’amour qui fleurit sur le champ de bataille » qui côtoient des discussions sur le cul de Meryl. Et ce ne serait pas complètement injustifié : pour la première fois, je me suis senti obligé de sauter certaines cinématiques (sacrilège !). Quand un personnage se met à parler de prolifération des armes nucléaires ou de thérapie génétique alors que ça n’a rien à voir avec la discussion en cours, le tout sur des images d’archives ultra-compressées, uniquement pour satisfaire les marottes de Kojima, je passe mon tour.

Je ne parle pas japonais, donc je ne saurais dire si le script original est entièrement sérieux. Mais l’adaptation française témoigne d’une grande finesse de la part des doubleurs, qui ont compris l’immense potentiel comique de cette histoire qui essaye de nous faire avaler un message antimilitariste profond alors qu’on se bat contre un ninja cyborg et un robot géant qui pousse des cris de dinosaure. Autrement, je suis incapable d’expliquer le nombre hallucinant de répliques délirantes. Je me souvenais comme tout le monde des grands classiques : l’entrechoquement d’os et de tendons, le tirage d’oreille esquimau, la crémation qui est un problème réglé. Mais j’avais oublié des dizaines de perles disséminées dans la plupart des dialogues (Vulcan Raven est responsable d’au moins la moitié), agrémentées d’un doublage tellement surjoué qu’on se croirait dans Shenmue.

Cependant, si j’en reste là, j’admets n’apprécier Metal Gear Solid que parce qu’il est facile d’en rire. Mais qu’on me comprenne bien : j’ai pas mal d’affection pour ce jeu et son doublage de série B. Le fait de l’avoir refait une douzaine de fois adolescent aide, bien sûr, mais je pense qu’il y a un peu plus que de la nostalgie. Et par ailleurs, le succès colossal du titre à sa sortie ne peut pas s’expliquer par son comique involontaire. Au contraire, le jeu a toujours été applaudi pour sa maturité. Faut-il admettre que les joueurs étaient cons au point d’être éblouis par les morales faciles du père Hideo ? Pas nécessairement.

Alors où chercher ? Il faut regarder du côté de l’horloge : la partie moyenne de MGS1 dure entre huit et dix heures dont trois heures de cinématiques, ce qui laisse cinq à sept heures de gameplay. Il y a treize boss dans le jeu. Faites le calcul : on est à deux, presque trois boss par heure de jeu sans compter les cinématiques. C’est quelque chose que l’on a tendance à oublier quand on n’a pas refait le jeu depuis un moment mais entre les dialogues Codec, les cinématiques bourrées de retournements de situation, et les combats de boss tous les quarts d’heure, MGS1 ne s’arrête jamais. C’est un rythme survolté, assez éloigné des jeux suivants qui n’hésiteront pas à hacher l’action par des conversations Codec de dix minutes dès que quelqu’un tousse.

Il est ainsi très difficile de décoller du siège une fois la partie lancée, puisque chaque demi-heure de jeu apporte son lot de révélations scénaristiques ou sa séquence d’action furieuse. Comme dans tout bon film d’action, les mystères et les mensonges s’empilent patiemment jusqu’au dernier tiers où toutes les machinations sont dévoilées l’une après l’autre. L’histoire est racontée avec un sens du timing assez sidérant (surtout de la part de Kojima). Bien que je la connaisse par cœur, elle m’a captivé ; cela n’est permis qu’aux histoires qui ne se reposent pas seulement sur la surprise mais aussi sur la technique. Quelques passages sont effectivement émouvants : lorsque le jeu arrête de sortir les chœurs tristes pour nous signifier qu’il est l’heure de pleurer et laisse les personnages discuter de leurs doutes sans emphase, ça fonctionne très efficacement.

Petit aparté : je pense que la mémoire collective ne se souvient que des boss de MGS à cause de ce rythme effréné. Bien sûr, Psycho Mantis et sa lecture de carte mémoire sont originaux, et Sniper Wolf meurt après une longue envolée poético-philosophique qui a fait chialer plus d’un boutonneux (moi compris). Mais c’est surtout parce qu’entre les boss, on ne fait que traverser des couloirs qui se ressemblent tous et que ça dure entre dix et vingt minutes avant la prochaine cinématique qui annonce presque toujours, je vous le donne en mille, le prochain boss. L’infiltration se résume en réalité à éviter des gardes idiots et aveugles dans des environnements carrés, les yeux vissés sur le minuscule radar placé dans un coin de l’écran. Tu m’étonnes que le cerveau préfère retenir le combat à mains nues (qui est le combat roi, qui compte sur une arme est un fou) contre le ninja cyborg. De ce point de vue, un jeu aussi révolutionnaire que Metal Gear Solid ressemble presque à un jeu d’arcade vieillot où les niveaux ne sont que des intermèdes séparant les boss.

Cet aspect vieillot se retrouve malheureusement dans le gameplay. Le problème quand on joue à un jeu que l’on a déjà fini dix fois, c’est que l’on a mémorisé l’emplacement de tous les pièges cons et les solutions lunaires des énigmes. Au lieu de considérer ces éléments comme des défauts, on les voit comme des bizarreries qui font partie de l’expérience. MGS1 ne manque pas de ces bizarreries pénibles. Entre retours en arrière trop fréquents (parfois sans aucune indication qu’il faut revenir en arrière pour progresser) et mines sur lesquelles on est obligé de s’empaler pour que le jeu daigne nous prévenir qu’au fait, « ce champ est rempli de mines », le game design bancal des années 90 frappe encore. Mais en fin de compte, ce n’est pas grave : personne ne joue à Metal Gear Solid pour son gameplay, il y a Metal Gear Solid 5 pour ça.

Non, en 2020, on ne peut jouer au premier MGS que pour le scénario (ou parce qu’on est en confinement et qu’il faut bien occuper ses quinze heures de temps libre). Cela explique que je n’aie presque rien abordé d’autre dans ce pavé. Quand j’y réfléchis, ce scénario justifie parfaitement que MGS ait été un tel carton en 1998. C’est une histoire solide racontée de façon nerveuse et passionnante, mais surchargée de pathos et de grandes phrases larmoyantes sur le sens de la vie, la mort, l’honneur et autres sujets délicats que l’on pense parfaitement comprendre lorsqu’on a quinze ans. Il faut l’admettre, on n’avait jamais rien vu de semblable. Après avoir passé leur vie à jouer à Mario ou à Sonic, rien d’étonnant à ce que tous les joueurs se soient écriés au génie d’Hideo Kojima en entendant ses personnages répéter sur tous les tons que LA GUERRE C’EST STUPIDE ET MECHANT. C’est l’arbre qui cache la forêt : difficile après ça de remarquer l’excellent rythme du jeu, les combats de boss originaux et très bien mis en scène, les protagonistes attachants malgré leur écriture. Pourtant, sans ces qualités, Metal Gear Solid n’aurait pas eu le même retentissement. Vingt ans après, il n’aurait plus aucun intérêt.

Et je ne prétends pas avoir été plus intelligent que les autres. Même si j’ai découvert le jeu dix ans après sa sortie, ma trajectoire fut exactement la même : biberonné à Mario Kart et Pokémon, découvrant Metal Gear au début de la puberté, il ne m’en fallait pas plus pour devenir un dévot de saint Hideo. J’en suis revenu depuis, et si j’apprécie encore beaucoup ce jeu, ce n’est pas parce qu’il est mature. C’est parce qu’il est prenant, nerveux, intéressant, trépidant, autant d’adjectifs beaucoup plus précieux pour juger de la capacité d’un jeu à durer et à devenir, le temps aidant, un classique.

Et bon courage à tous dans ces temps difficiles, en particulier ceux qui doivent travailler ou pour qui le confinement est pénible.
#432077 par Masterlord
22 Mar 2020, 10:35
MAINTENANT, FAIS-MOI SENTIR, FAIS-MOI SENTIR VIVANT !
(Le doubleur du Ninja, ce génie)
Moi c'est d'abord pour la bande son que je rejoue a MGS. J'avais Escape dans la tête en lisant ton pavé.
#432078 par Kikosaurus
22 Mar 2020, 12:23
Masterlord a écrit:J'avais Escape dans la tête en lisant ton pavé.

Quelle manière subtile de dire que t'étais pressé que ça s'arrête ! :mrgreen:

J'AI ATTENDU CETTE DOULEUR, CETTE DOULEUR !
#432080 par Masterlord
22 Mar 2020, 12:29
Ne me lance pas sur un battle de diologue MGS. :mrgreen:
Quel jeu quand même, je crois que si j'ai autant apprécié MGS4 c'est à cause du retour à Shadow Moses.
#432081 par Kikosaurus
22 Mar 2020, 12:34
Ça ne me surprend pas, c'est effectivement la seule partie de MGS4 dont je me souvienne en détail, ainsi que le seul exemple intelligent d'utilisation de la nostalgie des joueurs que je connaisse.

LE CORBEAU DE MON ÂME EST ASSOIFFE DE SON SANG
#432082 par Masterlord
22 Mar 2020, 12:48
Non tu ne m'auras pas !

AAAAAAAAH ! CETTE SENSATION QUAND TU INSÈRES UNE LONGUE BALLE D'ARGENT DANS UNE CHAMBRE BIEN GRAISSÉE !

Peut-on faire un remake de MGS sans sa VF ?

Peut-on faire un remake de MGS ?
#432083 par Skate
22 Mar 2020, 13:33
Yosh!

@Kiko : Metal Gear Solid est un jeu mature, incontestablement. Mais... Pas nécessairement de par le fond de son scénario (relativement classique au demeurant) mais par la façon dont il est un jeu vidéo.

Comme tu l'as très bien souligné, le tempo du jeu est en grande partie dans cette réussite. Hideo Kojima et son équipe, plutôt que de rester dans les principes "de base" du jeu vidéo, ont réussi à injecter une bonne dose de gestion du rythme issue du cinéma, ce qui était assez inédit pour l'époque. Cela ne veut pas forcément dire que c'est le premier jeu vidéo "à vouloir faire du cinéma", mais disons que c'est probablement l'un des premiers à réussir aussi bien à retranscrire des principes du cinéma en jeu et... avec des mécaniques propres au jeu vidéo.

Pour faire simple : MGS ne peut être vécu/expérimenté que sous la forme d'un jeu vidéo. Essayer de le retranscrire en bouquin ou en film n'aurait absolument aucun sens et ne retranscrirait absolument pas ce que le jeu véhicule. Si le combat de Psycho Mantis est à ce point resté dans les annales, ce n'est pas que par son personnage mais bel et bien par la façon dont est construit tout son combat qui était révolutionnaire pour l'époque. Le coup de la carte mémoire, aussi anecdotique soit-il est peut être l'une des plus belles façons qu'a trouvé le jeu vidéo pour briser le quatrième mur, tout comme le coup de la "télékinésie" avec les vibrations de la manette.

Il en est de même pour l'embuscade de Sniper Wolf où tu dois retourner en arrière pour aller chercher le fusil. La tension induite par tout le backtracking avec le sentiment d'urgence de sauver Meryl ne fonctionne que manette en main. l'aller et retour est long, au moins une dizaine-quinzaine de minutes en tout je pense, sans compter les erreurs du joueur qui cherche partout. C'est impossible à retranscrire en film sans ennuyer le spectateur. Pourtant sur cette séquence, le studio est arrivé à retranscrire le même sentiment de tension que tu peux ressentir sur certains films, mais uniquement via des mécaniques de gameplay.

Au delà des mécaniques de gameplay, il existe également une véritable science du rythme dans les MGS qui est assez bluffante et qui me fait penser, de ma maigre culture cinématographique, à des films de Tarantino. Le combat contre the Boss dans MGS 3 (sublimissime au demeurant) que tu attends comme la véritable confrontation finale du jeu et qui finalement ne l'est pas puisque tu as encore des phases de jeu ensuite avec la fuite et Ocelot qui arrive est totalement anti climatique. On attendait une cinématique brève et un générique de fin après the Boss, mais les devs ont poussé encore plus loin derrière. C'est génial.

A mes yeux, ce n'est pas par le fond de son scénario que la série brille, mais vraiment par la forme qui lui est donné, à tous ses petits détails, ce grand écart entre le grand guignolesque nanardesque au possible, le wtf à la japonaise et des passages véritablement poignants (le combat contre the Boss) ou qui font réfléchir (moi en tout cas) comme la séquence de codec complètement hallucinée de la fin de MGS2 avec Campbell qui reste pour moi LE moment du jeu, plus que tout le reste.
#432086 par Kikosaurus
22 Mar 2020, 15:37
C'est une excellente analyse Skate.

Dans l'histoire du medium, MGS est effectivement révolutionnaire puisqu'il est le premier à utiliser avec autant d'assurance le langage du cinéma. Il y avait des cinématiques dans Resident Evil ou dans Final Fantasy VII, mais elles ne servaient le plus souvent qu'à faire valoir la capacité de stockage des CD. MGS est le premier jeu à les considérer comme des éléments cruciaux, qu'il faut soigner autant (sinon plus) que le gameplay. Mon pavé ne mentionne pas ces aspirations cinématographiques et c'est un tort. Je mets cet angle mort sur le compte de mes dix parties précédentes qui m'ont rendu plutôt imperméable à ces prétentions et m'amènent à en considérer certaines comme des grosses ficelles : vraiment, Meryl qui sort un chargeur de son soutif avant d'expliquer que c'est laid la guerre, je ne peux qu'en rire. En l'écrivant, Kojima imaginait peut-être que ce serait une scène poignante, qui se rapprocherait de ses films préférés.

Comme tu l'as très bien formulé, Metal Gear Solid n'aurait pas pu être autre chose qu'un jeu vidéo, car il joue beaucoup avec les conventions du medium. Pour autant, je ne suis pas convaincu que toutes les expérimentations soient géniales. Je n'arrive pas à considérer le combat contre Psycho Mantis comme autre chose qu'un gimmick intelligent et subtil, et je lis trop souvent à mon goût que c'est "une destruction magistrale du quatrième mur qui a remis en cause la façon de penser le jeu vidéo". De la même manière, j'estime que le retour en arrière pour obtenir le fusil sniper (comme ceux pour changer de forme la clé nucléaire) est avant tout un moyen facile de rallonger le jeu. Là encore, impossible de ne pas croire que ma longue expérience du titre n'ait pas modifié ma perception : la première fois, Psycho Mantis m'a retourné le cerveau comme tout le monde.

Tu as également raison quand tu dis qu'un des attraits de la série est son côté fourre-tout où l'on trouve aussi bien des blagues de caca que des phénomènes surnaturels ou des réflexions qui se veulent profondes. C'est très souvent ridicule, surtout dans les épisodes suivants qui seront de plus en plus invraisemblables, mais ça lui donne une identité inimitable. D'ailleurs je ne connais pas de série qui soit allée aussi loin que Metal Gear dans la juxtaposition du sérieux (ou au moins, du prétendument sérieux) et du débile. Et nous sommes d'accord, la fin de MGS2 est l'instant de génie de Kojima. Il a réussi à introduire sous une forme accessible des questions brûlantes sur la signification de l'information et de la vérité à l'ère numérique, quinze ans avant que ces préoccupations n'entrent dans le débat public. C'est le seul moment de sa carrière où il a été visionnaire.
Dernière édition par Kikosaurus le 22 Mar 2020, 15:45, édité 1 fois.

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