Je viens de terminer
Flower, qui est présent sur la
Journey Collector's Edition avec le jeu dont j'ai parlé hier, ainsi que
flOw. Par où commencer...
Au début, c'est sympathique. Les couleurs sont chatoyantes, l'idée originale, la musique complimente bien l'action. A ce moment-là, je me dis "bon, ça ne va pas être le jeu du siècle, mais c'est toujours intéressant à découvrir". Puis vient le deuxième niveau, assez similaire au premier, mais plus rapide. Et là, le drame commence...
Pour ceux qui ne connaîtraient pas
Flower, voici l'idée qui sous-tend le
gameplay : vous êtes un pétale de fleur. D'une pression sur n'importe quel bouton, vous provoquez un souffle de vent qui propulse votre pétale. En faisant pivoter votre manette autour des axes X et Y d'un repère orthonormé direct (sisi, prépa scientifique rpz

), vous orientez la course de votre pétale. Vous devez toucher des fleurs pour les faire éclore, et faire grossir le nombre de pétales que vous contrôlez, afin de progresser. En théorie, une bonne idée. En pratique, souvent un calvaire. Je m'explique : il est impossible de moduler la puissance du vent. Soit vous soufflez à toute berzingue, soit vous bougez à peine. Du coup, il est extrêmement difficile d'être précis dans ses déplacements, ce qui amène souvent le joueur à tout arrêter, se retourner laborieusement, et repartir vers la fleur qu'il a manqué sur son chemin. Et cela se produit de façon récurrente, ce qui casse toute possible impression de fluidité ; on ne peut pas décemment avoir un
gameplay fluide quand on avance avec l'aisance d'un papillon et qu'on se retourne avec celle d'un semi-remorque. J'ajoute à cela le fait que les
motion controls ont une précision vraiment approximative, ce qui crée une frustration non nécessaire.
Le jeu est très court (à peine 1h15), pourtant j'ai voulu m'arrêter plusieurs fois en cours de route, ce qui ne m'était pas arrivé dans
Journey. La palme du pire niveau revient à l'avant-dernier : il est gris, terne, moche (oui c'est en phase avec le thème du niveau, mais zut, on peut faire un paysage dévasté sans foutre un filtre noir dégueulasse partout) et culmine dans une séquence de pseudo-labyrinthe où il est presque impossible de se repérer et où on tourne en rond jusqu'à enfin croiser tous ces foutus bouquets de fleurs. Insupportable. Seul le dernier niveau sauve les meubles avec un message qui a le mérite de ne pas être horriblement cliché : au lieu de combattre les méchants industriels en recréant une nature sauvage et complètement vierge, on restaure un paysage urbain, mais où la nature et les constructions humaines sont en équilibre et où l'un n'empiète pas sur l'autre. Bien vu.
Qu'est-ce que je retiens de
Flower ? Presque rien. Contrairement à
Journey qui montait en puissance au fur et à mesure de la partie pour un final en apothéose (je le considère quand même comme un jeu moyen),
Flower est intéressant cinq minutes, le temps qu'il lui faut pour faire le tour de son concept avant de se noyer dans des
gimmicks mal fichus. Quand je pense qu'il a été encensé par tout le monde, et que toutes les critiques se sont répandues en louanges...
Bon, je vais passer pour un vieil aigri avec ce dernier paragraphe, mais sincèrement, c'est quoi cette mode du "jeu vidéo contemplatif" ? Toutes ces "expériences" qui se veulent les successeurs spirituels de jeux comme
Ico ? Il suffit de mettre des jolies couleurs, un concept abstrait, et un peu de musique d'ambiance pour faire "une oeuvre d'art bouleversante", maintenant ?
Ico avait une vraie force émotionnelle, deux personnages auxquels on s'attachait, une mise en scène fondée sur le silence, les non-dits, un
gameplay qui reflétait les tourments du héros (la longueur des combats, liée à la faiblesse du garçon et de ses coups de bâton). Tout était mesuré, équilibré, et faisait preuve d'une vraie sensibilité. Maintenant, j'ai l'impression qu'avec une histoire cryptique, un
gameplay non conventionnel, et un peu de musique douce, c'est la foire aux "
10/10 best game of all time" et aux "
an unforgettable experience, video games are truly art". Un peu moins de masturbation intellectuelle ne serait pas de refus, hélas.
J'aime les avions, Shenmue, et Pink Floyd.