Bon. Pour passer ma frustration après le naufrage Comix Zone, j'ai acheté et terminé (oui, oui) un jeu auquel je voulais me consacrer depuis un long moment : The Stanley Parable.
J'ai tout lu, ou presque sur le jeu. Que c'était une révolution dans le médium vidéoludique, une superbe déconstruction de tout le gameplay des jeux vidéo, le plus grand bouleversement depuis Super Mario Bros., une daube portée aux nues par des journalistes avec trop de sperme à gâcher, un jeu pseudo-élitiste qui procurerait un orgasme à tous les kikoo-"le je vidéo c de lar kom le cinéma ou les livr", une œuvre conceptuelle, Jésus, le seul remède existant contre le cancer, la meilleure invention de l'humanité depuis la sauce bolognaise, la symbolisation parfaite de tous les excès des jeux indépendants à vocation artistique, la cause de la Seconde Guerre Mondiale, de la Révolution française, et de la mort de Michael Jackson.
Bref. Il était plus que temps que je me fasse un avis sur le titre. Je tiens à préciser que je n'avais lu que des avis de joueurs et rien sur le jeu lui-même ; de ce que j'avais compris, il fallait vraiment commencer The Stanley Parable sans aucun a priori, ce dont je me suis efforcé.
Donc, je prends le contrôle de Stanley. L'idée de base du jeu (je vais essayer de ne pas spoiler du tout), c'est de poser la question du choix dans les jeux vidéo. Eh bien, force est de reconnaître que pour un temps, ça fonctionne. On reçoit des consignes par le biais d'un narrateur, et on est libre de les suivre ou non. La liberté d'action reste assez restreinte, mais suffisante pour éviter l'impression de lassitude lorsqu'on parcourt de nouveau le jeu pour découvrir les nombreuses fins différentes. C'est surtout jouissif parce que le jeu est extrêmement drôle. Si vous comptez y jouer, et que vous le pouvez, jouez-y en anglais : le narrateur s'exprime avec un accent britannique succulent, et puisque le titre est bourré d'humour anglais (pensez Monty Python, pensez absurde total, et Dieu sait que j'adore ce style), ça fonctionne à merveille. The Stanley Parable fait incontestablement partie, aux côtés de Grim Fandango ou de Conker's Bad Fur Day, des jeux les plus hilarants auxquels j'ai pu jouer.
Mais qu'en est-il de la dimension "sérieuse", du questionnement des règles et de la liberté présente dans un jeu vidéo ? Même si je ne peux m'empêcher de penser que la presse a monté en épingle le propos du titre, il faut reconnaître que certaines fins posent de manière réelle cette question ; mais cela devient d'autant plus génial que le jeu ne propose aucune réponse, se complaisant dans l'absurde. J'ai même l'impression que le jeu se moque des gens qui tenteraient d'analyser trop en profondeur (cela est mis en évidence dans certaines fins, que je vous laisse découvrir). On n'est pas dans le degré zéro de la pensée, non (certaines fins sont même assez poussées niveau réflexion), mais le jeu ne cherche à aucun moment à se donner de grands airs ou à nous donner des leçons de game design.
Au final, j'ai l'impression que ce The Stanley Parable est avant tout une gigantesque blague, furieusement inventive, et encore plus majestueuse du fait que tout le monde a voulu y voir le retour du Christ et y chercher dix mille niveaux de lecture. Pensez-y : quel autre jeu a réussi à être aussi drôle, mais à faire croire qu'il était sérieux, et à réussir à persuader le public et la critique qu'il était sérieux ? A mon sens, il n'y en a pas, et je tire mon chapeau aux développeurs qui accouchent d'une des plus belles fumisteries de l'histoire du jeu vidéo.
Un point négatif tout de même : le jeu est très, très court (à peine plus de deux heures pour voir quasiment toutes les fins) et coûte 12 euros. C'est cher. Par ailleurs, certaines des fins sont quasiment introuvables sans l'aide d'un guide. Vraiment.
J'aime les avions, Shenmue, et Pink Floyd.