Vos avis et tests sur les jeux vidéo d'hier et d'aujourd'hui

#37412 par Kikosaurus
07 Juil 2011, 19:39
Street Fighter II : The World Warrior


Nous sommes en l'an de grâce 1992. La NES vit ses dernières heures, et se prépare à laisser sa place à la Super Nintendo. Dans le même temps, le beat'em all règne sur le royaume des jeux de baston. Un concurrent a déjà émergé sur arcade, mais sa portée est limitée. Son nom ? Street Fighter II. C'est alors que Capcom a l'illumination : porter Street Fighter II sur Super Nes pour le lancement de la console. Le succès est immédiat : malgré son prix mirobolant (700 francs !) le jeu s'écoule par camions. Son succès est tel que Nintendo finira par le proposer en bundle avec la SNES. Ceci est donc l'histoire d'un jeu mythique, qui dix-huit ans plus tard, n'a presque rien perdu de sa superbe.

Un casting de rêve

Street Fighter II est une véritable révolution dans le monde du jeu de baston. Le jeu propose huit combattants aux styles de jeu très différents : si ce nombre vous paraît ridicule au vu des rosters actuels qui excèdent sans mal la trentaine de protagonistes, souvenez-vous que rares étaient les jeux à proposer plus de deux combattants à cette époque. Ryu et Ken constituent les héros du jeu : habillés respectivement en kimonos blanc et rouge, ils se jouent quasiment de la même façon, et privilégient l'offensive pure. Ils ont donné naissance à des coups devenus légendaires, tels que le Hadouken ou le Shoryuken. Honda est un sumotori qui, malgré les apparences, se joue plutôt en finesse. Sa lenteur est compensée par son agilité et sa force de frappe. Zangief, le catcheur soviétique, est tout en brutalité. Lent et doté de sauts ridicules, il est cependant le personnage le plus fort du jeu (l'un de ses coups spéciaux enlève près de la moitié de la barre de vie de l'adversaire, c'est vous dire !). Chun-Li, seule femme du casting, compense sa force de frappe moyenne par une agilité et une vivacité hors du commun ; c'est une experte du combat aérien. Guile, marine américain dont la coupe de cheveux ferait pâlir Sangoku, est adepte des combos d'attaques. Ses coups spéciaux devant être chargés, il privilégiera fatalement un jeu défensif. Blanka, bête poilue en short venue du fin fond de l'Amazonie, est un personnage particulier : il est capable d'électrifier son corps, et ses coups se basent plutôt sur un jeu offensif. Enfin, Dhalsim, moine indien en quête de sagesse, complète le casting surréaliste de ce Street Fighter II : capable d'étirer ses membres, de se téléporter et de cracher des gerbes de flammes, il est plutôt délicat à maîtriser, lent et peu puissant. Avec autant de styles de jeu différents, il est impossible de ne pas trouver chaussure à son pied.

C'est bien joli tout ça...

Le jeu possède des graphismes très corrects : les sprites sont colorés, les effets de lumière dus aux attaques sont bien modélisés, les décors sont très détaillés et correspondent à leur personnage. Ainsi, Chun-Li se bat dans une rue chinoise commerçante, Guile dans une base militaire, Dhalsim dans un temple rempli d'éléphants. Le seul problème réside au niveau de l'animation. Le portage sur SNES a ralenti considérablement le jeu par rapport à la version arcade ; ainsi, le jeu est assez lent, et cela peut rebuter. Si tel est votre cas, sachez que Nintendo a sorti par la suite une version Turbo qui a rétabli la vitesse originale du jeu, en plus de quelques autres ajouts. Personnellement, je préfère la version originale ; je la trouve plus agréable à jouer, Turbo me semblant par moments trop rapide. Mais c'est à vous de vous faire une opinion.

Pour les adeptes de la solitude

Street Fighter II propose deux modes de jeu : le mode Arcade et le mode Multijoueur, qui était d'ailleurs la grande nouveauté de cette version Super NES. Le mode Arcade est un simple survival dans lequel vous choisissez un personnage et affrontez les sept autres combattants plus quatre boss non jouables (ils deviendront jouables dans Turbo). Il ne présente que peu d'intérêt, sinon de vous entraîner ; ceci étant principalement dû à sa grande difficulté. Cette difficulté est assez frustrante, car dès le quatrième mode de difficulté (ceux-ci allant de 0 à 7) l'IA trouve quasiment toujours un contre parfait à vos assauts et peut lancer des coups spéciaux sans le temps de chargement normalement requis. Parfois même, alors que vous avez mené un round entier et êtes sur le point de gagner, elle se reprend et vous colle un K.O en dix secondes. Bien sûr, avec de l'entraînement, vous serez à même de la dézinguer sans mal, mais il vous faudra pas mal de temps avant d'atteindre un niveau correct.

A deux, c'est bien mieux !

Le coeur du jeu réside bien évidemment dans son mode Multijoueur. Deux joueurs s'affrontent avec leur personnage préféré sur le terrain de leur choix. Ces combats sont l'occasion de véritables fous rires ; Street Fighter II est un jeu véritablement convivial, sur lequel vous pouvez passer des nuits entières entre potes à décider une fois pour toutes qui, de Ken ou de Guile, est le plus fort. Coller un Perfect (c’est-à-dire gagner un round sans se faire toucher) à un ami et le harceler avec ça pendant des mois est une joie que je vous souhaite d’éprouver. Ce jeu est l’un de ceux qui vous permettent de passer une journée entière devant votre écran sans vous lasser, en hurlant des phrases telles que « Tricheur ! », « Attends mais c’est abusé là ! », « C’est QUOI ce combo ?! » ou encore « Ouais mais toi t’as pas de vie, tu passes tes journées là-dessus, normal que tu gagnes ! »

Un gameplay d'une excellence rare

Je me rends compte que je n’ai pas encore parlé de la jouabilité. Idiot que je suis ! Le gameplay de Street Fighter II est une pure merveille ; il est à la fois très simple d’accès et extrêmement fouillé. Vous pouvez avancer, reculer, sauter, donner des coups de pied, des coups de poing, sortir des coups spéciaux, attraper votre adversaire et le projeter, vous protéger, le tout sans temps mort. Il y a trois types de coups de poing, et autant de types de coups de pied : faible, moyen, fort, chaque coup étant assigné à un bouton. Par exemple, appuyer sur A lancera un coup de pied moyen, alors qu’appuyer sur L lancera un coup de poing fort. Plus un coup est faible, plus il est rapide à exécuter. Le choix de son coup est primordial pour une bonne stratégie ; si vous voulez attaquer rapidement et tenter le combo, mieux vaut un coup faible. Mais si votre attaque ne sera pas suivie d’un enchaînement et que vous avez le temps, autant miser sur la puissance.

Des attaques spéciales, pour te péter la rétine !

Il existe également des coups spéciaux : chaque personnage en possède entre deux et trois, et chaque coup nécessite une manipulation particulière. De ces coups, qui sont souvent très puissants, peut dépendre le jeu de votre personnage. Ainsi, Ken possède le Hadouken, une boule de feu qui s’effectue en réalisant un quart de cercle vers l’avant avec la moitié basse de la croix, puis en appuyant sur le bouton de coup de poing, et le Shoryuken, un uppercut sauté qui se réalise en appuyant rapidement vers l’avant, puis vers le bas et enfin la diagonale bas-avant de la croix, puis en appuyant sur le bouton de coup de poing. Ces coups ne nécessitant aucun temps de chargement et étant plutôt simples à réaliser, Ken (et Ryu, qui possède les mêmes techniques) peut pratiquer un jeu d’attaque. Pour sa part, Guile possède le Sonic Boom, une vague tournoyante d’énergie, et le Flash Kick, un coup de pied retourné. Les deux coups doivent être chargés : pour le premier, il faut appuyer vers l’arrière deux secondes, puis appuyer vers l’avant et le bouton de coup de poing simultanément. Le deuxième se réalise en restant appuyé sur la flèche basse pendant deux secondes, puis en appuyant vers le haut et sur le bouton de coup de pied. Ainsi, Guile sera souvent forcé de reculer ou de se baisser, ce qui le contraint à adopter un style de jeu plus défensif. Ces manipulations semblent difficiles, mais après un peu d’entraînement, vous sortirez les Shoryuken et autres Flash Kick à la chaîne. Enfin, lorsque vous êtes au corps-à-corps, vous pouvez projeter votre adversaire. Les projections étant les techniques les plus efficaces, il faut savoir les maîtriser. Enfin, vous pouvez enchaîner vos coups afin de mettre votre adversaire dans les vapes et lui asséner une attaque fatale.

Un jeu de combat intelligent (c'est possible, ça ?)

Chaque coup a ainsi une grande utilité et il est nécessaire d’établir une stratégie pour gagner contre tout type d’adversaire. Ainsi, un adversaire qui attaque après un saut se verra mis mal à l’aise par une technique dite « anti-aérienne », qui frappe vers le haut, tel que le Shoryuken ou le Flash Kick. Un adversaire qui aime frapper à distance sera vite pris de court si vous esquivez ses projectiles et l’attaquez par le haut. Un adepte du corps-à-corps sera mis à mal par un jeu à distance. N’oublions pas l’importance de la garde ; un joueur qui attaque en permanence sera vaincu sans mal par un joueur sachant se protéger. Ainsi, Street Fighter II est un jeu qui deviendra rapidement très technique pour peu que vous vouliez vous y investir, mais il reste très simple d’accès pour des parties occasionnelles ; tout le monde est capable d’y trouver son compte.

That's some good music...

Street Fighter II a donné naissance à des thèmes mythiques qui ont été remixés des dizaines de fois, chaque personnage possédant son propre thème : les plus connus sont ceux de Ken et de Guile. A ce propos, une parenthèse amusante : des internautes se sont amusés à insérer le thème de Guile dans des extraits de jeux, de films, d’émissions ou de publicités afin de prouver que « Guile’s theme goes with everything », autrement dit que le thème de Guile fonctionne avec n’importe quoi. Tapez « Guile’s theme goes with everything » sur Youtube, il y a des dizaines de vidéos de ce genre.

C’est l’heure de rendre les copies !

Graphismes : Les sprites sont colorés, les décors sont recherchés, les attaques ont des animations bien fichues. Le seul point noir est la relative lenteur du jeu, mais cela a été corrigé par l’existence de la version Turbo ; de toute façon, le jeu est loin d’être extrêmement lent. Street Fighter II reste un jeu très agréable à regarder, relativement fluide, et aux personnages très bien modélisés pour l’époque. 16/20

Jouabilité : On atteint la perfection en matière de gameplay. Tout est possible dans ce jeu : les combos réalisables sont infinis, chaque personnage a un style de jeu qui lui est propre, les coups spéciaux sortent sans difficulté, tout s’exécute sans temps mort… Le jeu est à la fois extrêmement technique, tout en étant très simple d’accès. Oui, définitivement, le gameplay de Street Fighter II est sans faille. 19/20

Durée de vie : Pour peu que vous ayez des amis, la durée de vie de Street Fighter II est infinie. Vous pouvez toujours ressortir la console du placard pour une petite bagarre amicale, et les heures peuvent vite défiler si vous enchaînez revanche sur revanche, ce qui est loin d’être impossible. 19/20

Bande-son : Street Fighter II a apporté à la série ses thèmes mythiques, tels que ceux de Ken ou de Guile. Il n’est donc pas étonnant de retrouver dans les volets ultérieurs des thèmes issus de cet opus, ni de pouvoir trouver des dizaines de remix. 18/20

Scénario : Bien que le jeu n'ait pas de réel scénario, chaque personnage possède une petite histoire que l'on découvre en finissant le mode Arcade. Le tout reste extrêmement basique mais c'est un plus appréciable. Non noté.

Conclusion : Street Fighter II n’aura pas marqué son époque pour rien. Véritable révolution du jeu de baston, il aura apporté à la série ses lettres de noblesse, et reste, dix-huit ans après, un monument à découvrir. A l’heure où le jeu est disponible pour des prunes sur tout bon émulateur, vous n’avez aucune excuse pour ne pas l’essayer ; ne pas le faire vous ôterait toute crédibilité. Verdict final : 18/20.

#37436 par Sadek
08 Juil 2011, 00:28
Sympa l'article ;)
Effectivement SFII est la base, celui qui a lancé la machine et qui n'a cessé de s'imposer au travers le temps comme étant la référence en la matière de jeux de combats. Comme tu le soulignes le gros hic de ce premier opus est sa vitesse relativement lente qui dans l'à priori ne posait pas de problème pour les "newbies" mais qui hélas constitue un obstacle incontournable pour les habitués. A noter aussi qu'il n'était pas possible de choisir deux fois le même joueur si on n'entrait pas un code au préalable ( bas , R , haut , L , Y , B durant l'apparition du logo CAPCOM )...m'enfin cela sera corrigé par la suite et le mirror match sera un acquis de base des jeux de combats. Ce n'était que le commencement soyons cléments ^^ !

La stratégie existait bel et bien dès le début mais était loin d'être aussi développée qu'au Japon ou aux US...Sur youtube on peut visionner les VHS US de l'époque où les différentes phases , combos de base étaient expliqués afin que le jeu prennent une réelle dimension de défi plus que de simple amusement...De là naîtra le "pro gaming" et des noms comme John Choi , Alex Valle , Daigo Umehara etc...retentiront quelques années plus tard. En France le phénomène sera plus marginal , les français n'étant pas réellement adeptes du versus fighting en salle d'arcade. L'arcade FR a été mise à mal avec la domination des consoles de salon et définitivement enterrée avec l'apparition de la PS1 (il y a eu quelques survivantes)...Peut être pour ça qu'au jour d'aujourd'hui aucun français n'a réussi à s'imposer dans un tournoi international dans les jeux CAPCOM (que ce soit Street Fighter ou autres) même si le niveau est là , ça ne suffit pas encore...Ce qui fait la force des japonais et ricains c'est la diversité du versus , une multitude de joueurs jouant des personnages variés avec différents styles de jeu ce qui pousse à une connaissance et maîtrise du jeu plus pointues.

Quant à nous , frenchies , on se faisait tout de même plaisir à jouer les différents protagonistes , et à défaut de jouer dans un esprit compétiteur , l'ambiance était décontracte et relax malgré tout. On ne jouait pas forcément les perso pour leur capacité à nous faire gagner , mais pour leur charisme (Ryu ou Ken ? That's the question !), et fallait surtout pas nous parler du gros Zangief ou du maigrichon Dhalsim...qui s'avèrera par la suite le plus fort du jeu...(une fois bien en main il est tout simplement impossible de l'approcher , ses coups lui permettant de maintenir l'adversaire à distance) , Zangief a aussi son potentiel destructeur avec ses phases de choppe sopéciale...mais bon , on s'en foutait de ça , Hadoken et puis c'est tout , Ryu c'était lui le meilleur (oui Ken aussi...)

C'était la belle époque...

A noter que la version "Super Street Fighter II X" est toujours d'actualité , encore dosée dans les salles d'arcades japonaises , toujours en compétition au tournoi national japonais "TOUGEKI" , et l'était encore il y a peu à l'EVO , plus prestigieux tournoi US...

Et tout ça , ça se passait sur SUPER NES BABY !!!


PS : Il manque juste quelques photos pour détailler les propos et ce sera nickel !

#37440 par groju
08 Juil 2011, 10:22
Kikosaurus écrit:
Street Fighter II : The World Warrior



Conclusion : Street Fighter II n’aura pas marqué son époque pour rien. Véritable révolution du jeu de baston, il aura apporté à la série ses lettres de noblesse, et reste, dix-huit ans après, un monument à découvrir. A l’heure où le jeu est disponible pour des prunes sur une bonne vieille super nes, vous n’avez aucune excuse pour ne pas l’essayer ; ne pas le faire vous ôterait toute crédibilité. Verdict final : [b]20/20.[/b]


Juste 2 petites corrections nécessaires vite fait... B)

#37444 par billy95
08 Juil 2011, 10:45
il est vraiment sympa ton article ;)

#37447 par Kikosaurus
08 Juil 2011, 11:30
Sadek : Ah là là, tu me replonges dans des vieux souvenirs avec tes paragraphes sur le choix des combattants ! En tout cas, merci pour ce complément d'infos très intéressant. Je penserai aux photos la prochaine fois.

groju : Bah, tout le monde n'a pas la chance d'avoir une SNES en état de marche. On est beaucoup à retrogamer à travers les émulateurs. Ensuite, 20/20 pour SFII ? Je crois pas, le jeu reste quand même lent et pauvre en solo. Voilà pourquoi il n'a "que" 18. En tout cas, merci de considérer qu'il n'y a que 2 corrections à apporter :)

billy95 : Merci beaucoup !

#37510 par link-tothepast
09 Juil 2011, 11:02
Excellent test! ça rappelle des souvenirs, c'est vrai que c'est un jeu hyper technique, mon personnage quand j'étais petit c'était Guile, aujourd'hui j'ai plus tendance à jouer avec Chun-li, j'aime bien sont style aérien.

+1 Sadek: on jouait aussi beaucoup avec certains persos pour leur charisme, je pense à Blanka par exemple je le prenais souvent aussi.

#37535 par nintendojim2099
09 Juil 2011, 19:46
bravo bravo !! clap clap clap !

une règle de base avec Guile sur chaque saut (en avant ou en arrière) tjs garder le bouton arrière bien enfoncer pour préparer le Sooooonic Booom !!! Bien maitrisé on arrive à envoyer des slaves quasi aussi rapidement qu'un hadoken !!!

perso préféré: Guile (trop solide le type et ses projections en l'air ont trop de la gueule !!!)

c'est un des jeux avec lequel on bloque encore des soirées entières avec des collègues!!! Du très haut niveau en somme !!! ahahaha!

Jeu hyper technique, franchement du grand art (mieux que certaines bouzes d'aujourd'hui qui manquent clairement de timing et j'en passe !!!)

à faire péter d'urgence !!!

#37536 par Sadek
09 Juil 2011, 19:49
Pour la petite anecdote , une française (Kayane) a gagné l'année dernière à l'EVO (USA) le tournoi féminin de Super Street Fighter 4 et joue ChunLi si je ne me trompe pas ^^
En dehors de cela , les français se sont bien distingués au jeu Soul Calibur (il me semble que 2 français ont réussi à remporter l'EVO à ce jeu).

#37537 par Kikosaurus
09 Juil 2011, 20:50
nintendojim2099 : Merci pour tes applaudissements ! Ah ça, c'est sûr que SFII n'a pas pris une ride !

Sadek : Cocorico ! crieront certains.

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